Sartuis, la célèbre ville des horlogers du haut Doubs, vient d’être frappée par un drame ignoble. Aux environs de dix-neuf heures, hier, le 12 novembre 1988, le corps de Manon Simonis, huit ans, a été découvert au fond d’un puits de dispersion, près de la station d’épuration de la ville. Selon le procureur de la République de Besançon (Doubs), la piste criminelle ne fait aucun doute.
À 16 h 30, comme chaque jour, Martine Scotto est allée chercher Manon à la sortie de son école. L’enfant et sa nourrice se sont rendues à pied à la cité des Corolles, domicile de Mme Scotto, aux abords de Sartuis. Il était 17 heures. Après avoir pris son goûter, Manon est redescendue dans l’aire de jeux de la cité, sous les fenêtres de l’appartement. Quelques minutes plus tard, Martine Scotto a voulu vérifier que la petite fille jouait bien avec ses camarades. Elle n’était pas là. Personne ne l’avait vue.
La nourrice s’est aussitôt lancée à sa recherche, dans les escaliers, les caves, puis le parking, situé cent mètres plus haut, sur le versant de la colline. Personne. 17 h 30. Martine Scotto a prévenu les gendarmes.
Nouvelles recherches, alors que la nuit tombait. Les gendarmes ont d’abord couvert un rayon de cinq cents mètres. 18 h 30. Deux escouades sont arrivées en renfort de Morteau. Les fouilles se sont étendues à un kilomètre à la ronde. Des volontaires civils ont rejoint les troupes en uniforme.
À 19 h 20, sous une pluie battante, le corps de Manon a été découvert, dans un des puits de la station d’épuration, au nord de la ville, près du calvaire de Rozé. Le site n’est qu’à sept cents mètres de la cité des Corolles. Selon les premières constatations, la profondeur du puits est de cinq mètres et l’eau ne remplit que la moitié du boyau. Mais l’enfant n’avait aucune chance, le puits étant trop étroit pour nager et l’eau glacée mortelle. Quand les sauveteurs ont remonté Manon, ses pupilles étaient fixes, son cœur ne battait plus. La température centrale de son corps était descendue en dessous de 25 degrés. Tout était fini.
Le procureur de la République s’est refusé à tout commentaire. Nous savons que, cette nuit même, Martine Scotto a été interrogée dans les locaux de la gendarmerie de Sartuis. Ce matin, les services de recherche de la gendarmerie poursuivaient leur étude de la scène de crime.
Aujourd’hui, toute la région est sous le choc. Chacun pense à un autre meurtre, tout aussi abject, perpétré non loin du Jura, il y a quatre ans : celui de Grégory Villemin. Un crime qui n’a jamais été élucidé. Comment accepter qu’une telle abomination se répète, et toujours dans nos montagnes ? Malgré le silence du procureur, il semblerait que les gendarmes disposent de pistes sérieuses. Le magistrat a promis de livrer un nouveau communiqué dans les heures à venir. Nous ne pouvons qu’espérer des résultats rapides. Que l’ignominie, à défaut d’être réparée, soit au moins châtiée !