Читаем Le monde inverti полностью

Tout en chevauchant, il m’expliqua que l’étude du futur avait été négligée au cours des derniers kilomètres. En partie à cause des combats, en partie parce que la guilde ne comptait plus assez d’hommes.

— Nous avons fait des relevés jusqu’à ces collines, précisa-t-il. Ces arbres… ils constituent une difficulté pour la guilde des Voies et pourraient offrir un abri aux tooks, mais il nous faut du bois. Les collines sont également notées sur la carte jusqu’à deux kilomètres environ, mais plus loin, c’est territoire vierge.

Il me montra la carte dessinée sur un long rouleau de papier et m’en expliqua les symboles. Si je comprenais bien, notre tâche consistait à prolonger le relevé vers le nord. Denton avait un instrument sur un grand trépied de bois, avec lequel il effectuait de temps à autre une lecture, notant tout sur la carte.

Les chevaux étaient lourdement chargés de matériel. Outre des vivres en abondance, et les sacs de couchage, nous avions chacun une arbalète et des carreaux. Il y avait aussi des outils de terrassement, un nécessaire d’analyse chimique, une caméra vidéo miniaturisée et du matériel d’enregistrement. Denton me confia la caméra et m’apprit à l’utiliser.

Il m’expliqua que la méthode appliquée par les Futurs consistait à envoyer – pour une certaine période – un topographe ou une équipe différente au nord de la cité, par des routes diverses. À la fin de l’expédition, chacun avait un relevé détaillé du terrain ainsi qu’un enregistrement en images de son aspect extérieur. Ces documents étaient alors soumis aux Navigateurs qui, en se fondant sur les comptes rendus des autres topographes, décidaient de la route à adopter.

Vers la fin de l’après-midi, Denton fit une sixième halte, et dressa son trépied. Quand il eut pris les distances angulaires des hauteurs environnantes et, à l’aide d’un compas gyroscopique, déterminé le nord vrai, il fixa un pendule à la tête du trépied. Le balancier était pointu à la base et, quand son mouvement eut cessé, Denton prit une échelle graduée en cercles concentriques qu’il posa entre les trois pieds. La pointe était presque exactement au-dessus du repère central.

— Nous sommes à l’optimum, dit-il. Savez-vous ce que cela signifie ?

— Pas au juste.

— Vous êtes descendu dans le passé, n’est-ce pas ? (Je le lui confirmai.) Il faut toujours tenir compte de la force centrifuge sur ce monde. Plus on descend au sud, plus cette force grandit. Elle est toujours présente, partout, au sud de l’optimum, mais en pratique elle n’empêche pas les activités normales jusqu’à vingt kilomètres environ au sud de l’optimum. Plus loin, la cité se heurterait à des problèmes graves.

Il releva de nouveau des indications sur son instrument.

— Douze kilomètres, dit-il. Telle est la distance entre ici et la ville… en d’autres termes, le chemin qu’il lui faut parcourir.

— Comment calcule-t-on l’optimum ? lui demandai-je.

— Par les distorsions zéro de gravité. C’est la norme d’après laquelle nous mesurons la progression de la cité. En termes plus concrets, imaginez-le comme une ligne tracée autour du monde.

— Et l’optimum est en mouvement continu ?

— Non. Il est stationnaire… mais c’est le sol qui s’en éloigne.

— Ah oui !

Nous remballâmes notre matériel pour reprendre la route au nord. Juste avant le coucher du soleil nous campâmes pour la nuit.

<p>4</p>

Les travaux topographiques n’exigeaient pas grand effort mental et, tout en chevauchant lentement vers le nord, je m’aperçus que ma seule véritable préoccupation était de guetter toute manifestation possible d’indigènes hostiles. Denton m’avait bien dit que nous ne serions sans doute pas attaqués, mais nous n’en restions pas moins sur nos gardes.

Je me surpris à songer à ma terrifiante expérience, quand j’avais vu le monde entier étalé devant moi. Vivre cela était une chose, mais le comprendre, c’était une autre paire de manches.

Le troisième jour après notre départ, je me mis soudain à réfléchir à l’instruction que j’avais reçue pendant mon enfance. Je ne sais plus très bien ce qui déclencha ces pensées… peut-être le souvenir récent du choc que j’avais ressenti à voir la crèche entièrement détruite.

J’avais très peu songé à mon instruction depuis ma sortie de la crèche. À l’époque, comme la plupart des enfants, j’avais eu l’impression que l’enseignement qu’on nous dispensait était une sorte de pénitence à laquelle il n’y avait pas moyen d’échapper. Mais en y réfléchissant, une bonne part des connaissances que l’on avait implantées dans nos cervelles rétives prenait à mes yeux une nouvelle dimension.

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