Читаем Le monde inverti полностью

Par exemple, une des matières qui nous avaient le plus ennuyés, c’était ce que les maîtres appelaient la Géographie. La plupart des cours avaient porté sur les méthodes de topographie et de cartographie. Bien entendu, dans l’espace clos de la crèche, ce ne pouvait être qu’un enseignement théorique. Pourtant ces heures mornes prenaient à présent leur importance. Avec un peu de concentration, en faisant appel à ma mémoire, je perçus rapidement les principes du travail auquel m’exerçait Denton.

Une quantité d’autres matières qui nous avaient été enseignées théoriquement prenaient maintenant dans mon esprit toute leur pertinence. Tout apprenti d’une guilde arrivait nanti de connaissances fondamentales sur les travaux de sa propre guilde, mais possédait en outre des renseignements utiles sur bien d’autres tâches indispensables à la cité.

Rien ne m’avait préparé au labeur purement physique de la pose et de la dépose des voies, mais j’avais eu presque d’instinct la compréhension de la machinerie qui servait à remorquer la ville sur ces voies.

Je n’avais pas du tout apprécié mon service obligatoire dans la milice, mais l’importance – qui m’avait intrigué à l’époque – attribuée à la stratégie durant nos années d’école devait certainement aider par la suite les hommes qui allaient prendre les armes pour la défense de la cité.

Ce train de pensées me conduisit à me demander s’il n’y avait rien eu dans ma formation qui eût pu me préparer à la vision d’un monde fait comme celui-ci.

Les leçons traitant d’astrophysique et d’astronomie nous avaient toujours représenté les planètes comme des sphères. La Terre – non pas notre cité, mais la planète – était décrite comme une sphère un peu aplatie et on nous avait montré des cartes de la surface de ses continents. On ne s’attardait pas à cet aspect des sciences physiques – et j’avais grandi en présumant que le monde sur lequel existait la ville Terre était une sphère semblable à la planète Terre et rien dans notre instruction n’était venu contredire cette hypothèse. Et même, on n’avait jamais discuté ouvertement de la nature du monde.

Je savais que la planète Terre faisait partie d’un système en orbite autour d’un soleil sphérique. Autour de la planète même tournait un satellite sphérique. Ces renseignements restaient purement académiques… et leur manque d’application pratique ne m’avait nullement troublé, même quand j’avais quitté la ville, car il avait toujours été clair qu’ici, les choses étaient différentes. Le soleil et la lune n’étaient pas sphériques, pas plus que le monde sur lequel nous vivions. La question se posait toujours : où étions-nous ?

Peut-être la solution se trouvait-elle dans le passé ?

Ce sujet également avait été traité dans ses grandes lignes, bien que l’histoire portât exclusivement sur la planète Terre. Une grande partie de ce que nous avions appris portait sur les manœuvres militaires et sur les transferts de puissance et de gouvernement d’un état à un autre. Nous savions que sur la planète Terre le temps était mesuré en années et en siècles, et que l’histoire écrite remontait à environ vingt siècles. Peut-être injustement, j’avais acquis l’impression que je n’aurais pas aimé vivre sur la planète Terre, car elle paraissait avoir passé la majeure partie de son existence en querelles, guerres, revendications territoriales et pressions économiques. Le concept de civilisation, très évolué, nous était décrit comme l’état où l’humanité se rassemblait à l’intérieur des cités. Par définition, nous autres, de la cité Terre, étions aussi des civilisés, mais il ne semblait y avoir aucune ressemblance entre notre existence et la leur. La civilisation sur la Terre était faite d’égoïsme et d’avidité… les peuples parvenus à l’état civilisé exploitaient ceux qui en étaient loin. Il y avait sur la planète Terre des pénuries de produits essentiels et les habitants des pays civilisés étaient en mesure de monopoliser ces produits uniquement parce qu’ils étaient économiquement les plus forts. Ce déséquilibre semblait être le point de départ de toutes les querelles.

Et je voyais soudain des parallèles entre notre civilisation et la leur. Sans nul doute, si notre cité était sur le pied de guerre, c’était en raison de la situation des tooks. Et celle-ci était à son tour le résultat de notre système de marchandage. Ce n’était pas avec notre richesse que nous les exploitions, mais nous avions un excédent de produits dont ils étaient démunis : aliments, carburant, matières premières. Notre pénurie, c’était la main-d’œuvre, que nous leur payions avec nos produits excédentaires. Le processus était inversé, mais le résultat était le même.

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