Читаем Le monde inverti полностью

Elle lui adressa un coup d’œil de défi et les deux autres filles vinrent attendre auprès d’elle. Helward avait compris. Il s’éloigna un peu, tournant le dos à la scène par discrétion pendant qu’elle donnait le sein à l’enfant.

Plus tard, il ouvrit une des gourdes et la passa à la ronde. La chaleur était insupportable et il n’était guère de meilleure humeur que les femmes. Il ôta sa veste et la posa sur un de ses paquets. Bien qu’il sentît plus profondément la morsure des courroies de sac, il avait tout de même un peu moins chaud.

Il était impatient de se remettre en route. Le bébé s’était endormi et deux des filles le portaient entre elles, dans un petit berceau improvisé avec un des sacs de couchage. Helward avait dû les soulager de leur fourre-tout, mais il acceptait de bon gré ce surcroît d’inconfort en échange d’un silence agréable.

Ils marchèrent encore une demi-heure, puis il commanda de nouveau une halte. Il était inondé de sueur, et ne pouvait guère se consoler en voyant les filles dans le même état.

Il leva les yeux vers le soleil qui paraissait être presque à la verticale. Non loin d’eux se trouvait une mince éminence rocheuse. Il alla s’asseoir dans l’ombre maigre qu’elle projetait. Les filles le rejoignirent, se plaignant toujours entre elles dans leur langue. Helward regrettait de ne s’être pas mieux familiarisé avec le dialecte local… il saisissait de temps en temps une phrase, juste assez pour comprendre qu’il était l’objet de leurs récriminations.

Il ouvrit un paquet de nourriture déshydratée et l’humecta avec l’eau de la gourde. La soupe grisâtre qu’il obtint ainsi ressemblait à du porridge aigri et en avait le goût. Il prit un plaisir malicieux à entendre les filles redoubler leurs réclamations – pour une fois elles étaient justifiées, mais il ne leur donnerait pas la satisfaction de leur laisser voir qu’il pensait comme elles. Le bébé dormait toujours, mais la chaleur l’agitait. Helward devina que s’ils se remettaient en route, il s’éveillerait. Aussi quand les femmes s’allongèrent sur le sol pour faire un somme, il ne fit aucun effort pour les en empêcher.

Pendant qu’elles se reposaient ainsi, Helward contemplait la ville encore clairement visible à trois kilomètres de distance. Il pensa qu’il n’avait pas fait attention aux marques laissées par les emplacements de supports des câbles. Ils n’en avaient d’ailleurs passé qu’un jusque-là, quelques minutes auparavant. Maintenant, en y réfléchissant, il comprenait ce que Clausewitz avait voulu dire en mentionnant les marques laissées dans le sol. Il s’agissait de creux peu profonds de cinq pieds de long sur un de large dans le cas des traverses, mais là où avaient été plantés les supports de câbles, il y avait des fosses profondes entourées de sol retourné.

Il décompta mentalement le premier emplacement. Il lui en restait trente-sept à trouver.

Malgré la lenteur de leur marche, il ne voyait rien qui l’empêchât d’être de retour en ville pour la naissance de son propre enfant. Seul, au retour, il pourrait avancer rapidement, même dans des conditions inconfortables.

Il décida d’accorder une bonne heure de repos aux filles puis il alla se planter près d’elles.

Caterina ouvrit les yeux et le regarda.

— Venez, dit-il. Il faut repartir.

— Trop chaud.

— Dommage, mais on bouge, répondit-il.

Elle se mit debout, étirant longuement son corps, puis elle parla aux deux autres, qui se levèrent avec tout autant de répugnance. Rosario alla s’occuper du bébé. À l’horreur de Helward, elle le réveilla… mais heureusement il ne se remit pas à pleurer immédiatement. Sans tarder, Helward remit à Caterina et Lucia leurs fourre-tout et ramassa ses deux sacs. Le soleil cognait dur et, en quelques secondes, le bien-être de la halte fut oublié. Ils n’avaient fait que quelques pas quand Rosario passa le bébé à Lucia.

Elle retourna vers les rochers et disparut derrière. Helward faillit demander ce qu’elle faisait… mais il comprit brusquement. Quand Rosario revint, Lucia s’éloigna, puis Caterina. Elles le retardaient volontairement. Il sentait la pression de sa propre vessie, mais sa colère et sa fierté lui interdisaient de se soulager. Il décida d’attendre encore un moment.

Ils marchaient. Les filles avaient à présent ôté les jaquettes qui étaient de mise en ville, pour ne conserver que leurs pantalons et leurs chemisiers. Le tissu mince, humide de transpiration, leur collait au corps, ce que Helward observa avec un certain détachement, en songeant qu’en d’autres circonstances il eût trouvé cela très excitant. Dans son état présent, il nota seulement que les trois filles avaient des silhouettes plus pleines que Victoria – Rosario, notamment, avait de gros seins bondissants aux mamelons saillants. Plus tard, une des femmes dut remarquer son regard, car bientôt elles se couvrirent la poitrine de leur jaquette tenue serrée. Cela ne changeait rien pour Helward…, il ne demandait qu’à être débarrassé d’elles.

— Avons-nous de l’eau ? vint lui demander Lucia.

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