Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

«Que me dites-vous, Maximilien? demanda Valentine, et qu’appelez-vous une lutte? Oh! dites un sacrilège. Quoi! moi, je lutterais contre l’ordre de mon père, contre le vœu de mon aïeule mourante! C’est impossible!»

Morrel fit un mouvement.

«Vous êtes un trop noble cœur pour ne pas me comprendre, et vous me comprenez si bien, cher Maximilien, que je vous vois réduit au silence. Lutter, moi! Dieu m’en préserve! Non, non; je garde toute ma force pour lutter contre moi-même et pour boire mes larmes, comme vous dites. Quant à affliger mon père, quant à troubler les derniers moments de mon aïeule, jamais!

– Vous avez bien raison, dit flegmatiquement Morrel.

– Comme vous me dites cela, mon Dieu! s’écria Valentine blessée.

– Je vous dis cela comme un homme qui vous admire, mademoiselle, reprit Maximilien.

– Mademoiselle! s’écria Valentine, mademoiselle! Oh! l’égoïste! il me voit au désespoir et feint de ne pas me comprendre.

– Vous vous trompez, et je vous comprends parfaitement au contraire. Vous ne voulez pas contrarier M. de Villefort, vous ne voulez pas désobéir à la marquise, et demain vous signerez le contrat qui doit vous lier à votre mari.

– Mais, mon Dieu! Puis-je donc faire autrement?

– Il ne faut pas en appeler à moi, mademoiselle, car je suis un mauvais juge dans cette cause, et mon égoïsme m’aveuglera, répondit Morrel, dont la voix sourde et les poings fermés annonçaient l’exaspération croissante.

– Que m’eussiez-vous donc proposé, Morrel, si vous m’aviez trouvée disposée à accepter votre proposition? Voyons, répondez. Il ne s’agit pas de dire: vous faites mal, il faut donner un conseil.

– Est-ce sérieusement que vous me dites cela, Valentine, et dois-je le donner, ce conseil? dites.

– Certainement, cher Maximilien, car s’il est bon, je le suivrai; vous savez bien que je suis dévouée à vos affections.

– Valentine, dit Morrel en achevant d’écarter une planche déjà disjointe, donnez-moi votre main en preuve que vous me pardonnez ma colère; c’est que j’ai la tête bouleversée, voyez-vous, et que depuis une heure les idées les plus insensées ont tour à tour traversé mon esprit. Oh! dans le cas où vous refuseriez mon conseil!…

– Eh bien, ce conseil?

– Le voici, Valentine.»

La jeune fille leva les yeux au ciel et poussa un soupir.

«Je suis libre, reprit Maximilien, je suis assez riche pour nous deux; je vous jure que vous serez ma femme avant que mes lèvres se soient posées sur votre front.

– Vous me faites trembler, dit la jeune fille.

– Suivez-moi, continua Morrel; je vous conduis chez ma sœur, qui est digne d’être votre sœur; nous nous embarquerons pour Alger, pour l’Angleterre ou pour l’Amérique, si vous n’aimez pas mieux nous retirer ensemble dans quelque province, où nous attendrons, pour revenir à Paris, que nos amis aient vaincu la résistance de votre famille.»

Valentine secoua la tête.

«Je m’y attendais, Maximilien, dit-elle: c’est un conseil d’insensé, et je serais encore plus insensée que vous si je ne vous arrêtais pas à l’instant avec ce seul mot: impossible, Morrel, impossible.

– Vous suivrez donc votre fortune, telle que le sort vous le fera, et sans même essayer de la combattre? dit Morrel rembruni.

– Oui, dussé-je en mourir!

– Eh bien, Valentine, reprit Maximilien, je vous répéterai encore que vous avez raison. En effet, c’est moi qui suis un fou, et vous me prouvez que la passion aveugle les esprits les plus justes. Merci donc, à vous qui raisonnez sans passion. Soit donc, c’est une chose entendue; demain vous serez irrévocablement promise à M. Franz d’Épinay, non point par cette formalité de théâtre inventée pour dénouer les pièces de comédie, et qu’on appelle la signature du contrat, mais par votre propre volonté.

– Encore une fois, vous me désespérez, Maximilien! dit Valentine; encore une fois, vous retournez le poignard dans la plaie! Que feriez-vous, si votre sœur écoutait un conseil comme celui que vous me donnez?

– Mademoiselle, reprit Morrel avec un sourire amer, je suis un égoïste, vous l’avez dit, et dans ma qualité d’égoïste, je ne pense pas à ce que feraient les autres dans ma position, mais à ce que je compte faire, moi. Je pense que je vous connais depuis un an que j’ai mis, du jour où je vous ai connue, toutes mes chances de bonheur sur votre amour, qu’un jour est venu où vous m’avez dit que vous m’aimiez; que de ce jour j’ai mis toutes mes chances d’avenir sur votre possession: c’était ma vie. Je ne pense plus rien maintenant; je me dis seulement que les chances ont tourné, que j’avais cru gagner le ciel et que je l’ai perdu. Cela arrive tous les jours qu’un joueur perd non seulement ce qu’il a, mais encore ce qu’il n’a pas.»

Morrel prononça ces mots avec un calme parfait; Valentine le regarda un instant de ses grands yeux scrutateurs, essayant de ne pas laisser pénétrer ceux de Morrel jusqu’au trouble qui tourbillonnait déjà au fond de son cœur.

«Mais enfin, qu’allez-vous faire? demanda Valentine.

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