Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome III полностью

«L’important n’était pas de le tuer, cent fois j’en avais trouvé l’occasion; mais il fallait le tuer sans être découvert et surtout sans être arrêté. Désormais je ne m’appartenais plus: j’avais à protéger et à nourrir ma belle-sœur. Pendant trois mois je guettai M. de Villefort; pendant trois mois il ne fit pas un pas, une démarche, une promenade, que mon regard ne le suivît là où il allait. Enfin, je découvris qu’il venait mystérieusement à Auteuil: je le suivis encore et je le vis entrer dans cette maison où nous sommes, seulement, au lieu d’entrer comme tout le monde par la grande porte de la rue, il venait soit à cheval, soit en voiture, laissait voiture ou cheval à l’auberge, et entrait par cette petite porte que vous voyez là.»

Monte-Cristo fit de la tête un signe qui prouvait qu’au milieu de l’obscurité il distinguait en effet l’entrée indiquée par Bertuccio.

«Je n’avais plus besoin de rester à Versailles, je me fixai à Auteuil et je m’informai. Si je voulais le prendre, c’était évidemment là qu’il me fallait tendre mon piège.

«La maison appartenait, comme le concierge l’a dit à Votre Excellence, à M. de Saint-Méran, beau-père de Villefort. M. de Saint-Méran habitait Marseille; par conséquent, cette campagne lui était inutile; aussi disait-on qu’il venait de la louer à une jeune veuve que l’on ne connaissait que sous le nom de la baronne.

«En effet, un soir, en regardant par-dessus le mur, je vis une femme jeune et belle qui se promenait seule dans ce jardin, que nulle fenêtre étrangère ne dominait; elle regardait fréquemment du côté de la petite porte, et je compris que ce soir-là elle attendait M. de Villefort. Lorsqu’elle fut assez près de moi pour que malgré l’obscurité je pusse distinguer ses traits, je vis une belle jeune femme de dix-huit à dix-neuf ans, grande et blonde. Comme elle était en simple peignoir et que rien ne gênait sa taille, je pus remarquer qu’elle était enceinte et que sa grossesse même paraissait avancée.

«Quelques moments après, on ouvrit la petite porte; un homme entra; la jeune femme courut le plus vite qu’elle put à sa rencontre, ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, s’embrassèrent tendrement et regagnèrent ensemble la maison.

«Cet homme, c’était M. de Villefort. Je jugeai qu’en sortant, surtout s’il sortait la nuit, il devait traverser seul le jardin dans toute sa longueur.

– Et, demanda le comte, avez-vous su depuis le nom de cette femme?

– Non, Excellence, répondit Bertuccio; vous allez voir que je n’eus pas le temps de l’apprendre.

– Continuez.

– Ce soir-là, reprit Bertuccio, j’aurais pu tuer peut-être le procureur du roi; mais je ne connaissais pas encore assez le jardin dans tous ses détails. Je craignis de ne pas le tuer raide, et, si quelqu’un accourait à ses cris, de ne pouvoir fuir. Je remis la partie au prochain rendez-vous, et, pour que rien ne m’échappât, je pris une petite chambre donnant sur la rue que longeait le mur du jardin.

«Trois jours après, vers sept heures du soir, je vis sortir de la maison un domestique à cheval qui prit au galop le chemin qui conduisait à la route de Sèvres; je présumai qu’il allait à Versailles. Je ne me trompais pas. Trois heures après, l’homme revint tout couvert de poussière; son message était terminé.

«Dix minutes après, un autre homme à pied, enveloppé d’un manteau, ouvrit la petite porte du jardin, qui se referma sur lui.

«Je descendis rapidement. Quoique je n’eusse pas vu le visage de Villefort, je le reconnus au battement de mon cœur: je traversai la rue, je gagnai une borne placée à l’angle du mur et à l’aide de laquelle j’avais regardé une première fois dans le jardin.

«Cette fois je ne me contentai pas de regarder, je tirai mon couteau de ma poche, je m’assurai que la pointe était bien affilée, et je sautai par-dessus le mur.

«Mon premier soin fut de courir à la porte; il avait laissé la clef en dedans, en prenant la simple précaution de donner un double tour à la serrure.

Rien n’entravait donc ma fuite de ce côté-là. Je me mis à étudier les localités. Le jardin formait un carré long, une pelouse de fin gazon anglais s’étendait au milieu, aux angles de cette pelouse étaient des massifs d’arbres au feuillage touffu et tout entremêlé de fleurs d’automne.

«Pour se rendre de la maison à la petite porte, ou de la petite porte à la maison, soit qu’il entrât, soit qu’il sortît, M. de Villefort était obligé de passer près d’un de ces massifs.

«On était à la fin de septembre; le vent soufflait avec force; un peu de lune pâle, et voilée à chaque instant par de gros nuages qui glissaient rapidement au ciel, blanchissait le sable des allées qui conduisaient à la maison, mais ne pouvait percer l’obscurité de ces massifs touffus dans lesquels un homme pouvait demeurer caché sans qu’il y eût crainte qu’on ne l’aperçût.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Отверженные
Отверженные

Великий французский писатель Виктор Гюго — один из самых ярких представителей прогрессивно-романтической литературы XIX века. Вот уже более ста лет во всем мире зачитываются его блестящими романами, со сцен театров не сходят его драмы. В данном томе представлен один из лучших романов Гюго — «Отверженные». Это громадная эпопея, представляющая целую энциклопедию французской жизни начала XIX века. Сюжет романа чрезвычайно увлекателен, судьбы его героев удивительно связаны между собой неожиданными и таинственными узами. Его основная идея — это путь от зла к добру, моральное совершенствование как средство преобразования жизни.Перевод под редакцией Анатолия Корнелиевича Виноградова (1931).

Виктор Гюго , Вячеслав Александрович Егоров , Джордж Оливер Смит , Лаванда Риз , Марина Колесова , Оксана Сергеевна Головина

Проза / Классическая проза / Классическая проза ХIX века / Историческая литература / Образование и наука
1984. Скотный двор
1984. Скотный двор

Роман «1984» об опасности тоталитаризма стал одной из самых известных антиутопий XX века, которая стоит в одном ряду с «Мы» Замятина, «О дивный новый мир» Хаксли и «451° по Фаренгейту» Брэдбери.Что будет, если в правящих кругах распространятся идеи фашизма и диктатуры? Каким станет общественный уклад, если власть потребует неуклонного подчинения? К какой катастрофе приведет подобный режим?Повесть-притча «Скотный двор» полна острого сарказма и политической сатиры. Обитатели фермы олицетворяют самые ужасные людские пороки, а сама ферма становится символом тоталитарного общества. Как будут существовать в таком обществе его обитатели – животные, которых поведут на бойню?

Джордж Оруэлл

Классический детектив / Классическая проза / Прочее / Социально-психологическая фантастика / Классическая литература