Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

Le praticien joignit les mains et leva les yeux au ciel.

– Hélas! dit-il, nous vivons, sous ce rapport dans un horrible temps et je crois qu’il est urgent que viennent à leur tour les médecins des nations, comme sont venus depuis longtemps ceux des individus.

– Oui, dit Philippe, oui, qu’ils viennent; nul ne les verra venir d’un air plus joyeux que moi; mais, en attendant…

Et Philippe fit un geste de sombre menace.

– Ah! dit le docteur, vous êtes, je le vois, monsieur, de ceux qui font consister la réparation du crime dans la violence et le meurtre.

– Oui, docteur, répondit tranquillement Philippe, oui, je suis de ceux-là.

– Un duel, soupira le docteur; un duel qui ne rendra pas l’honneur à votre sœur, au cas où vous tuerez le coupable, et qui la plongera dans le désespoir si vous êtes tué. Ah! monsieur, je vous croyais un esprit droit, je vous croyais un cœur intelligent! Il me semblait vous avoir entendu exprimer le désir que sur toute cette affaire le secret fût gardé?

Philippe posa sa main sur le bras du docteur.

– Monsieur, lui dit-il, vous vous trompez étrangement sur moi; j’ai un raisonnement assez ferme, qui naît d’une conviction profonde et d’une conscience immaculée; je veux, non pas me faire justice, mais faire justice; je veux, non pas exposer ma sœur à l’abandon et à la mort en me faisant tuer, mais la venger en tuant le misérable.

– Vous le tuerez, vous, gentilhomme? Vous commettrez un assassinat?

– Monsieur, si je l’eusse vu, dix minutes avant le crime, se glisser comme un larron dans cette chambre, où sa misérable condition ne lui donnait pas le droit de mettre le pied, et que je l’eusse tué alors, chacun eut dit que j’avais bien fait: pourquoi donc l’épargnerais-je maintenant? Le crime l’a-t-il fait sacré?

– Ainsi, ce projet sanglant est résolu dans votre esprit, arrêté dans votre cœur?

– Arrêté, résolu! Je le trouverai certainement un jour, bien qu’il se cache, et ce jour, je vous le dis, monsieur, sans pitié, sans remords, je le tuerai, comme un chien!

– Alors, fit le docteur Louis, alors vous commettrez un crime égal à celui qui fut commis, un crime plus odieux peut-être: car sait-on jamais où un mot imprudent, où un geste de coquetterie échappé à une femme, peuvent jeter le désir et le penchant de l’homme. Assassiner! quand vous avez d’autres réparations possibles, quand un mariage…

Philippe releva la tête.

– Ignorez-vous, monsieur, que les Taverney-Maison-Rouge datent des croisades, et que ma sœur est noble comme une infante ou une archiduchesse?

– Oui, je comprends, et le coupable ne l’est pas, lui; c’est un manant, un vilain, comme vous dites vous autres gens de race. Oui, oui, continua-t-il avec un sourire amer, oui, c’est vrai, Dieu a fait des hommes d’une certaine argile inférieure, pour être tués par d’autres hommes d’une argile plus délicate. Oh! oui, vous avez raison, tuez, monsieur, tuez.

Et le docteur tourna le dos à Philippe, et se remit à arracher çà et là les mauvaises herbes de son jardin.

Philippe croisa les bras.

– Docteur, écoutez-moi, dit-il, il ne s’agit point ici d’un séducteur à qui une coquette a donné plus ou moins d’encouragements; il ne s’agit point d’un homme enfin provoqué, comme vous disiez; il s’agit d’un misérable élevé chez nous, et qui, après avoir mangé le pain de la pitié, la nuit, abusant d’un sommeil factice, d’un évanouissement, d’une mort, pour ainsi dire, a souillé traîtreusement, lâchement, la plus sainte et la plus pure des femmes, que pendant la lumière du jour il n’osait regarder en face. Devant un tribunal, ce coupable serait certainement condamné à mort; eh bien, je le jugerai, moi, aussi impartialement qu’un tribunal, et je le tuerai. Maintenant, docteur, allez-vous, vous que j’ai cru si généreux et si grand, allez-vous me faire acheter ce service ou m’imposer une condition, en me le rendant? Ferez-vous comme ceux qui cherchent à s’obliger et à se satisfaire en obligeant autrui? S’il en est ainsi, docteur, vous n’êtes point ce sage que j’ai admiré, vous n’êtes qu’un homme ordinaire et, malgré le dédain que vous me témoigniez tout à l’heure, je suis supérieur à vous, moi qui, sans arrière pensée, vous ai confié mon secret tout entier.

– Vous dites, répliqua le docteur pensif, vous dites que le coupable a fui?

– Oui, docteur; sans doute il avait deviné que l’éclaircissement allait avoir lieu; il a entendu qu’on l’accusait, et aussitôt il a pris la fuite.

– Bien. Maintenant, que désirez-vous, monsieur? demanda le docteur.

– Votre assistance pour retirer ma sœur de Versailles, pour ensevelir dans une ombre encore plus épaisse et plus muette le secret terrible qui nous déshonore, s’il éclate.

– Je ne vous poserai qu’une seule question.

Philippe se révolta.

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