Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– C’est une recommandation inutile, monsieur; d’abord, parce que je suis homme d’honneur; ensuite, parce que, décidé à ne plus avoir rien de commun avec les hommes, je vais oublier les hommes et leurs secrets; toutefois, monsieur, comptez sur moi si je puis jamais vous être utile. Mais non, mais non, je ne suis plus utile à rien, je ne vaux plus rien sur la terre. Adieu, monsieur, adieu!

Et, s’inclinant devant Philippe, Balsamo regarda encore une fois Andrée, dont la tête penchait en arrière avec tous les symptômes de la douleur et de la lassitude.

– O science, murmura-t-il, que de victimes pour un résultat sans valeur!

Et il disparut.

À mesure qu’il s’éloignait, Andrée se ranimait; elle souleva sa tête pesante comme si elle eût été de plomb et, regardant son frère avec des yeux étonnés:

– Oh! Philippe, murmura-t-elle, que vient-il donc de se passer?

Philippe comprima le sanglot qui l’étouffait et, souriant avec héroïsme:

– Rien, ma sœur, dit-il.

– Rien?

– Non.

– Et cependant, il me semble que j’ai été folle et que j’ai rêvé!

– Rêvé? et qu’as-tu rêvé, chère et bonne Andrée?

– Oh! le docteur Louis, le docteur Louis, mon frère!

– Andrée! s’écria Philippe en lui serrant la main, Andrée, tu es pure comme la lumière du jour; mais tout t’accuse, tout te perd; un secret terrible nous est imposé à tous deux. Je vais aller trouver le docteur Louis, pour qu’il dise à madame la dauphine que tu es atteinte de ce mal inexorable du pays, que le séjour seul de Taverney peut te guérir, et puis nous partirons, soit pour Taverney, soit pour quelque autre lieu du monde; puis, tous deux isolés ici-bas, nous aimant, nous consolant…

– Cependant, mon frère, dit Andrée, si je suis pure comme tu dis?…

– Chère Andrée, je t’expliquerai tout cela; en attendant, prépare-toi au départ.

– Mais mon père?

– Mon père, dit Philippe d’un air sombre, mon père, cela me regarde, je le préparerai.

– Il nous accompagnera donc?

– Mon père, oh! impossible; nous deux, Andrée, nous deux seuls, te dis-je.

– Oh! que tu m’effraies, ami! que tu m’épouvantes, mon frère! que je souffre, Philippe!

– Dieu est au bout de tout, Andrée, dit le jeune homme; ainsi donc, du courage. Je cours trouver le docteur; toi, Andrée, toi, ce qui te rend malade, c’est le chagrin d’avoir quitté Taverney, chagrin que tu cachais par respect pour madame la dauphine. Allons, allons, sois forte, ma sœur; il y va de notre honneur à tous deux.

Et Philippe se hâta d’embrasser sa sœur, car il suffoquait.

Puis il ramassa son épée qu’il avait laissée tomber, la remit au fourreau d’une main tremblante et s’élança dans l’escalier.

Un quart d’heure après, il frappait à la porte du docteur Louis, qui, tout le temps que la cour habitait Trianon, habitait Versailles.

<p id="_Toc103006337">Chapitre CXLIX Le petit jardin du docteur Louis</p>

Le docteur Louis, à la porte duquel nous avons laissé Philippe, se promenait dans un petit jardin enterré entre quatre grands murs et qui faisait partie des dépendances d’un vieux couvent d’ursulines, transformé en un magasin de fourrage pour MM. les dragons de la maison du roi.

Le docteur Louis lisait, en marchant, les épreuves d’un nouvel ouvrage qu’il était en train de faire imprimer, et se baissait de temps en temps pour arracher de l’allée dans laquelle il se promenait, ou des plates-bandes qui s’allongeaient a sa droite et à sa gauche, les mauvaises herbes qui choquaient son instinct de symétrie et d’ordre.

Une seule servante un peu bourrue, comme tout domestique d’un homme de travail qui ne veut pas être dérangé, tenait toute la maison du docteur.

Au bruit que fit le marteau de bronze raisonnant sous la main de Philippe, elle s’approcha de la porte et l’entrebâilla.

Mais le jeune homme, au lieu de parlementer avec la servante, poussa la porte et entra. Une fois maître de l’allée, il aperçut le jardin, et dans le jardin le docteur.

Alors, sans faire attention aux allocutions et aux cris de la vigilante gardienne, il s’élança dans le jardin.

Au bruit de ses pas, le docteur leva la tête.

– Ah! ah! dit-il, c’est vous?

– Pardonnez-moi, docteur, d’avoir ainsi forcé votre porte et troublé votre solitude, mais le moment que vous avez prévu est arrivé; j’ai besoin de vous et je viens réclamer votre assistance.

– Je vous l’ai promise, monsieur, dit le docteur, et je vous la promets.

Philippe s’inclina, trop ému pour entamer de lui-même la conversation.

Le docteur Louis comprit son hésitation.

– Comment se porte la malade? demanda-t-il inquiet de cette pâleur de Philippe, et craignant quelque catastrophe à l’issue de ce drame.

– Fort bien, Dieu merci, docteur, et ma sœur est une si digne et si honnête jeune fille, qu’en vérité Dieu ne serait pas juste s’il lui envoyait la souffrance et le danger.

Le docteur regarda Philippe, comme pour l’interroger: ses paroles lui semblaient une suite des dénégations de la veille.

– Alors, dit-il, elle a donc été victime de quelque surprise ou de quelque piège?

– Oui, docteur, victime d’une surprise inouïe, victime d’un piège infâme.

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