Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Comme il s’éloignait de moi, comme la force qui me soutenait s’éloignait avec lui, je tombai.

– Évanouie?

– Non, toujours endormie, mais d’un sommeil de plomb.

– Pouvez-vous rappeler ce qui vous arriva pendant ce sommeil?

– Je tâcherai.

– Eh bien, qu’est-il arrivé? Dites.

– Un homme est sorti d’un buisson, m’a prise dans ses bras et m’a apportée…

– Où cela?

– Ici, dans mon appartement.

– Ah!… et cet homme, le voyez-vous?

– Attendez… oui… oui… Oh! continua Andrée avec un sentiment de dégoût et de malaise. Ah! c’est encore ce petit Gilbert!

– Gilbert?

– Oui.

– Que fit-il?

– Il me déposa sur ce sofa.

– Après?

– Attendez…

– Voyez, voyez, dit Balsamo, je veux que vous voyiez.

– Il écoute… il va dans l’autre chambre… il recule comme effrayé… il entre dans le cabinet de Nicole… Mon Dieu! mon Dieu!

– Quoi!

– Un homme le suit; et moi, moi qui ne peux pas me lever, me défendre, crier, moi qui dors!

– Quel est cet homme?

– Mon frère! mon frère!

Et le visage d’Andrée exprima la plus profonde douleur.

– Dites quel est cet homme, ordonna Balsamo, je le veux!

– Le roi, murmura Andrée, c’est le roi.

Philippe frissonna.

– Ah! murmura Balsamo, je m’en doutais.

– Il s’approche de moi, continua Andrée, il me parle, il me prend dans ses bras, il m’embrasse. Oh! mon frère! mon frère!

De grosses larmes roulaient dans les yeux de Philippe, tandis que sa main étreignait la poignée de l’épée que lui avait donnée Balsamo.

– Parlez! parlez! continua le comte d’un ton de plus en plus impératif.

– Oh! quel bonheur! il se trouble… il s’arrête… il me regarde… il a peur… il fuit… Andrée est sauvée!

Philippe aspirait, haletant, chaque parole qui sortait de la bouche de sa sœur.

– Sauvée! Andrée est sauvée! répéta-t-il machinalement.

– Attends, mon frère, attends!

Et la jeune fille, comme pour se soutenir, cherchait l’appui du bras de Philippe.

– Après? après? demanda Philippe.

– J’avais oublié.

– Quoi?

– Là, là, dans le cabinet de Nicole, un couteau à la main…

– Un couteau à la main?

– Je le vois, il est pâle comme la mort.

– Qui?

– Gilbert.

Philippe retenait son haleine.

– Il suit le roi, continua Andrée; il ferme la porte derrière lui; il met le pied sur la bougie qui brûlait le tapis; il s’avance vers moi. Oh!…

La jeune fille se dressa dans les bras de son frère. Chaque muscle de son corps se raidit, comme s’il eût été près de se rompre.

– Oh! le misérable! dit-elle enfin.

Et elle retomba sans force.

– Mon Dieu! dit Philippe n’osant interrompre.

– C’est lui! c’est lui! murmura la jeune fille.

Puis, se dressant jusqu’à l’oreille de son frère, l’œil étincelant et la voix frémissante:

– Tu le tueras, n’est-ce pas, Philippe?

– Ah! oui, s’écria le jeune homme en bondissant.

Et il rencontra derrière lui un guéridon chargé de porcelaines qu’il renversa.

Les porcelaines se brisèrent.

Au bruit de cette chute se mêla un bruit sourd et une commotion soudaine des cloisons, puis un cri d’Andrée qui domina le tout.

– Qu’est cela? dit Balsamo. Une porte s’est ouverte.

– Nous écoutait-on? s’écria Philippe en mettant l’épée à la main.

– C’était lui, dit Andrée; encore lui.

– Mais qui donc, lui?

– Gilbert, Gilbert, toujours. Ah! tu le tueras, n’est-ce pas, Philippe, tu le tueras?

– Oh! oui, oui, oui! s’écria le jeune homme.

Et il s’élança dans l’antichambre, l’épée à la main, tandis qu’Andrée était retombée sur le sofa.

Balsamo s’élança après le jeune homme et le retint par le bras.

– Prenez garde, monsieur! dit-il; ce qui est secret deviendrait public; il fait jour, et l’écho des maisons royales est bruyant.

– Oh! Gilbert, Gilbert, murmurait Philippe; et il était caché là, il nous entendait; je pouvais le tuer. Oh! malheur sur le misérable!

– Oui, mais silence; vous retrouverez ce jeune homme; c’est de votre sœur qu’il faut vous occuper, monsieur. Vous le voyez, elle commence à être fatiguée de tant d’émotions.

– Oh! oui, je comprends ce qu’elle souffre par ce que je souffre moi-même; ce malheur est si affreux, si peu réparable! Oh! monsieur, monsieur j’en mourrai!

– Vous vivrez pour elle, au contraire, chevalier; car elle a besoin de vous, n’ayant que vous: aimez-la, plaignez-la, conservez-la… Et maintenant, continua-t-il après quelques secondes de silence, vous n’avez plus besoin de moi, n’est-ce pas?

– Non, monsieur; pardonnez-moi mes soupçons, pardonnez-moi mes offenses; et cependant tout le mal vient de vous, monsieur.

– Je ne m’excuse point, chevalier; mais vous oubliez ce qu’a dit votre sœur?…

– Qu’a-t-elle dit? Ma tête se perd.

– Si je ne fusse pas venu, elle buvait le breuvage préparé par Nicole, et alors c’était le roi… Eussiez-vous trouvé le malheur moins grand?

– Non, monsieur, il eut été égal toujours; et, je le vois bien, nous étions condamnés. Réveillez ma sœur, monsieur.

– Mais elle me verra, mais elle comprendra peut-être ce qui s’est passé; mieux vaut que je la réveille comme je l’ai endormie, à distance.

– Merci! merci!

– Alors, à mon tour, adieu, monsieur.

– Un mot encore, comte. Vous êtes homme d’honneur?

– Oh! le secret, voulez-vous dire?

– Comte…

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