Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Oh! quelque chose comme un vertige, comme un éblouissement, puis la perte de toutes mes facultés.

– Et tu avais éprouvé cette impression à Taverney, dis-tu?

– Oui.

– Dans quelle circonstance?

– J’étais à mon piano, je me sentis défaillir: je regardai devant moi, j’aperçus le comte dans une glace. À partir de ce moment, je ne me souviens plus de rien, si ce n’est que je me réveillai à mon piano sans pouvoir mesurer le temps que j’avais dormi.

– C’est la seule fois, dis-tu, que tu as éprouvé cette singulière sensation?

– Et une fois encore, le jour ou plutôt la nuit du feu d’artifice. J’étais entraînée par toute cette foule, sur le point d’être broyée, anéantie; je réunissais toutes mes forces pour lutter; tout à coup, mes bras raidis se détendirent, un nuage enveloppa mes yeux; mais, à travers ce nuage, j’eus encore le temps de voir ce même homme.

– Le comte de Balsamo?

– Oui.

– Et tu t’endormis?

– Je m’endormis ou m’évanouis, je ne puis dire. Tu sais comment il m’emporta et comment il me ramena chez mon père.

– Oui, oui; et cette nuit, cette nuit du départ de Nicole, tu l’as revu?

– Non; mais j’ai éprouvé tous les symptômes qui annonçaient sa présence: la même sensation étrange, le même éblouissement nerveux, le même engourdissement, le même sommeil.

– Le même sommeil?

– Oui, sommeil plein de vertiges, dont, tout en luttant, je reconnaissais l’influence mystérieuse, et auquel j’ai succombé.

– Grand Dieu! s’écria Philippe, continue, continue.

– Je m’endormis.

– Où cela?

– Sur mon lit, j’en suis bien sûre, et je me retrouvai à terre, sur le tapis, seule, souffrante et glacée comme une morte qui ressuscite; en me réveillant, j’appelai Nicole, mais en vain: Nicole avait disparu.

– Et ce sommeil, c’était bien le même?

– Oui.

– Le même qu’à Taverney? le même que le jour des fêtes?

– Oui, oui.

– Les deux premières fois, avant de succomber, tu avais vu ce Joseph Balsamo, ce comte de Fœnix?

– Parfaitement.

– Et la troisième fois, tu ne le revis pas?

– Non, dit Andrée avec effroi, car elle commençait à comprendre, non; mais je le devinai.

– Bien! s’écria Philippe, maintenant, sois tranquille, sois rassurée, sois fière, Andrée, je sais le secret. Merci, chère sœur, merci! Ah! nous sommes sauvés!

Philippe prit Andrée entre ses bras, la pressa tendrement sur son cœur et, emporté par la fougue de la résolution, il s’élança hors de la chambre sans vouloir attendre ni entendre.

Il courut à l’écurie, sella lui-même son cheval, s’élança sur son dos et prit, en toute hâte, le chemin de Paris.

<p id="_Toc103006333">Chapitre CXLV La conscience de Gilbert</p>

Toutes les scènes que nous venons de décrire avaient frappé un contrecoup terrible sur Gilbert.

La susceptibilité très équivoque de ce jeune homme se voyait mise à une trop rude épreuve, lorsque, du fond de la retraite qu’il savait choisir dans un coin quelconque des jardins, il voyait chaque jour les progrès de la maladie sur le visage et dans la démarche d’Andrée; lorsque cette pâleur qui, la veille, l’avait alarmé, venait, le lendemain, lui paraître plus marquée, plus accusatrice, alors que mademoiselle de Taverney se mettait à sa fenêtre aux premiers rayons du matin. Alors, quiconque eût observé le regard de Gilbert n’eût pas méconnu en lui les traits caractéristiques du remords, devenu un dessin classique chez les peintres de l’Antiquité.

Gilbert aimait la beauté d’Andrée et, par contre, il la détestait. Cette beauté brillante, jointe à tant d’autres supériorités, établissait une nouvelle ligne de démarcation entre lui et la jeune fille; cette beauté cependant lui paraissait un nouveau trésor à conquérir. Telles étaient les raisons de son amour et de sa haine, de son désir ou de son mépris.

Mais, du jour où cette beauté se ternissait, où les traits d’Andrée devenaient les révélateurs d’une souffrance ou d’une honte; du jour, enfin, où il y avait danger pour Andrée, danger pour Gilbert, la situation changeait complètement, et Gilbert, esprit éminemment juste, changeait avec elle de point de vue.

Disons-le, son premier sentiment fut une profonde tristesse. Il ne vit pas sans douleur se flétrir la beauté, la santé de sa maîtresse. Il éprouva le délicieux orgueil de plaindre cette femme si fière, si dédaigneuse avec lui, et de lui rendre la pitié pour tous les opprobres dont elle l’avait couvert.

Ce n’est pas là cependant que nous trouverons Gilbert excusable. L’orgueil ne justifie rien. Aussi n’entra-t-il que de l’orgueil dans l’habitude qu’il prit d’envisager la situation. Chaque fois que mademoiselle de Taverney, pâle, souffrante et inclinée, paraissait comme un fantôme aux yeux de Gilbert, le cœur de celui-ci bondissait, le sang montait à ses paupières comme font les larmes, et il appuyait sur sa poitrine une main crispée, inquiète, qui cherchait à comprimer la révolte de sa conscience.

– C’est par moi qu’elle est perdue, murmurait-il.

Et, après l’avoir couvée d’un regard furieux et dévorant, il s’enfuyait, croyant toujours la revoir et l’entendre gémir.

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