Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Eh bien, ma sœur, reprit le jeune homme, au nom du ciel, au nom de notre amitié d’autrefois, voyons, ne crains rien, ni pour toi, ni pour celui que tu aimes; celui-là, quel qu’il soit, me sera sacré, fût-il mon plus grand ennemi, fût-il le dernier des hommes. Mais je n’ai pas d’ennemi, Andrée; mais tu es si noble de cœur et de pensée, que tu dois avoir bien choisi ton amant. Eh bien, celui que tu as choisi, je vais l’aller trouver, je vais l’appeler mon frère. Tu ne dis rien; mais un mariage entre toi et lui est donc impossible? Est-ce cela que tu veux dire? Eh bien, soit! je me résignerai, je garderai toute ma douleur pour moi, j’étoufferai cette voix impérieuse de l’honneur qui demande du sang. Je n’exige plus rien de toi, pas même le nom de cet homme. Soit, cet homme t’a plu, il m’est cher… Seulement, nous quitterons la France, nous fuirons ensemble. Le roi t’a fait don d’une riche parure, à ce qu’on m’a dit: eh bien, nous la vendrons; nous enverrons la moitié du prix à notre père; puis, avec l’autre, nous vivrons ignorés; je serai tout pour toi, Andrée. Tu seras tout pour moi. Moi, moi, je n’aime personne; tu vois bien que je te suis dévoué. Andrée, tu vois ce que je fais; tu vois que tu peux compter sur mon amitié; voyons, me refuseras-tu encore ta confiance, après ce que je viens de dire? Voyons, voyons, ne m’appelleras-tu pas ton frère?

Andrée avait écouté en silence tout ce que venait de dire le jeune homme éperdu.

Le battement de son cœur indiquait seul la vie; son regard seul indiquait la raison.

– Philippe, dit-elle après un long silence, tu as pensé que je ne t’aimais plus, pauvre frère! tu as pensé que j’avais aimé un autre homme; tu as pensé que j’avais oublié la loi de l’honneur, moi qui suis fille noble et qui comprends tous les devoirs que ce mot m’impose!… Mon ami, je te le pardonne; oui, oui, en vain m’as-tu crue infâme, en vain m’as-tu appelée lâche; oui, oui, je te pardonne, mais je ne te pardonnerai pas si tu me crois assez impie, assez vile pour te faire un faux serment. Je te jure, Philippe, par le Dieu qui m’entend, par l’âme de ma mère, qui ne m’a point assez protégée, hélas! à ce qu’il paraît; je te jure, par mon ardent amour pour toi, que jamais une pensée d’amour n’a distrait ma raison; que jamais homme ne m’a dit: «Je t’aime», que jamais bouche ne m’a baisé la main; que je suis pure d’esprit, vierge de désirs, et cela comme au jour de ma naissance. Maintenant, Philippe, maintenant Dieu ait mon âme, tu tiens mon corps entre tes mains.

– C’est bien, dit Philippe après un long silence; c’est bien, Andrée, je te remercie. À présent, je vois clair jusqu’au fond de ton cœur. Oui, tu es pure, innocente, chère victime; mais il est des boissons magiques, des philtres empoisonnés; quelqu’un t’a tendu un piège infâme: ce que, vivante, nul n’eût pu t’arracher avec la vie, eh bien, on te l’aura dérobé pendant ton sommeil. Tu es tombée dans quelque piège, Andrée; mais maintenant nous voilà unis; par conséquent, maintenant, nous voilà forts. Tu me confies le soin de ton honneur, n’est-ce pas, et celui de ta vengeance?

– Oh! oui, oui, dit vivement Andrée avec un sombre éclat; oui, car, si tu me venges, ce sera d’un crime.

– Eh bien, continua Philippe, voyons, aide-moi, soutiens-moi. Cherchons ensemble, remontons heure à heure les jours écoulés; suivons le fil secourable du souvenir et, au premier nœud de cette trame obscure…

– Oh! je le veux! je le veux! dit Andrée; cherchons.

– Voyons, as-tu remarqué que quelqu’un te suivit, te guettât?

– Non.

– Personne ne t’a écrit?

– Personne.

– Pas un homme ne t’a dit qu’il t’aimait?

– Pas un.

– Les femmes ont pour cela un instinct remarquable; à défaut de lettres, à défaut d’aveu, as-tu jamais remarqué que quelqu’un te… désirât?

– Je n’ai jamais rien remarqué de pareil.

– Chère sœur, cherche dans les circonstances de ta vie, dans les détails intimes.

– Guide-moi.

– As-tu fait quelque promenade seule?

– Jamais, que je me rappelle, si ce n’est pour aller chez madame la dauphine.

– Quand tu t’éloignais dans le parc, dans la forêt?

– Nicole m’accompagnait toujours.

– À propos, Nicole, elle t’a quittée?

– Oui.

– Quel jour?

– Le jour même de ton départ, à ce que je crois.

– C’était une fille de mœurs suspectes. As-tu connu les détails de sa fuite? Cherche bien.

– Non; je sais seulement qu’elle est partie avec un jeune homme qu’elle aimait.

– Quels sont tes derniers rapports avec cette fille?

– Oh! mon Dieu, vers neuf heures, elle est entrée, comme d’habitude, dans ma chambre, m’a déshabillée, m’a préparé mon verre d’eau et est sortie.

– Tu n’as point remarqué qu’elle mêlât une liqueur quelconque dans cette eau?

– Non; d’ailleurs, cette circonstance n’aurait aucune importance, car je me rappelle qu’au moment où je portais le verre à ma bouche, j’ai éprouvé une sensation étrange.

– Laquelle?

– La même que j’avais éprouvée un jour à Taverney.

– À Taverney?

– Oui, lors du passage de cet étranger.

– De quel étranger?

– Du comte de Balsamo.

– Du comte de Balsamo? Et quelle était cette sensation?

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