Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

– Je vous interromps, frère, dit Balsamo. Vous abandonnez la question qui seule doit nous préoccuper. Votre défaut, frère, c’est d’exagérer le zèle et de généraliser les discussions. Il ne s’agit pas aujourd’hui de savoir si notre constitution est bonne ou mauvaise, mais de maintenir la fermeté, l’intégrité de cette constitution. Que si je voulais discuter avec vous je répondrais: Non, l’organe qui reçoit le mouvement n’est pas l’égal du génie du créateur; non, l’ouvrier n’est pas l’égal de l’architecte; non, le cerveau n’est pas l’égal du bras.

– Que M. de Sartine saisisse un de nos frères des derniers grades, s’écria Marat avec chaleur, l’enverra-t-il moins pourrir a la Bastille que vous et moi?

– D’accord; mais il n’y aura dommage que pour l’individu et non pour l’ordre, qui doit passer chez nous avant toutes choses; tandis que, si le chef est emprisonné, la conjuration s’arrête; tandis que, si le général manque, l’armée perd la bataille. Frères, veillez donc au salut des chefs!

– Oui, mais qu’ils veillent de leur côté au nôtre.

– C’est leur devoir.

– Et que leurs fautes soient doublement punies.

– Encore une fois, mon frère, vous vous éloignez des constitutions de l’ordre. Ignorez-vous que le serment qui lie tous les membres de notre association est un et applique à tous les mêmes peines?

– Toujours les grands s’y soustrairont.

– Ce n’est point l’avis des grands, frères; écoutez la fin de la lettre de notre prophète Swedenborg, un des grands parmi nous; voici ce qu’il ajoute:

«Le mal viendra d’un des grands, d’un très grand de l’ordre, ou, s’il ne vient pas précisément de lui, la faute ne lui en sera pas moins imputable; rappelez-vous que le feu et l’eau peuvent être complices: l’un donne la lumière, l’autre les révélations.

«Veillez, frères! sur tout et sur tous, veillez!»

– Alors, dit Marat saisissant dans le discours de Balsamo et dans la lettre de Swedenborg le côté dont il voulait tirer parti, répétons le serment qui nous lie, et engageons-nous à le tenir dans toute sa rigueur, quel que soit celui qui aura trahi ou sera cause de la trahison.

Balsamo se recueillit un instant, et, se levant de son siège, il prononça les paroles consacrées que nos lecteurs ont déjà vues une fois, d’une voix lente, solennelle et terrible:

«Au nom du Fils crucifié, je jure de briser les liens charnels qui m’attachent à père, mère, frères, sœurs, épouse, parents, amis, maîtresse, rois, chefs, bienfaiteurs, et tout être quelconque à qui j’ai promis foi, obéissance, reconnaissance ou service.

«Je jure de révéler au chef que je reconnais d’après les statuts de l’ordre, ce que j’ai vu, fait, pris, lu ou entendu, appris ou deviné, et même de rechercher et épier ce qui ne s’offrirait pas seulement à mes yeux.

«J’honorerai le poison, le fer et le feu comme des moyens d’épurer le globe par la mort ou l’hébétation des ennemis de la vérité et de la liberté.

«Je souscris à la loi du silence; je consens à mourir comme frappé de la foudre, le jour où j’aurai mérité un châtiment, et j’attends sans me plaindre le coup de couteau qui m’atteindra en quelque lieu de la terre que je sois.»

Alors, les sept hommes qui composaient la sombre assemblée répétèrent mot à mot ce serment, debout et la tête découverte.

Puis, quand les paroles sacramentelles eurent été épuisées:

– Nous voilà garantis, dit Balsamo; ne mêlons plus d’incidents à notre discussion. J’ai un compte à rendre au comité des principaux événements de l’année.

«Ma gestion des affaires de la France présentera quelque intérêt à des esprits éclairés et zélés comme les vôtres.

«Je commence.

«La France est située au centre de l’Europe, comme le cœur au centre du corps; elle vit, elle fait vivre. C’est dans ses agitations qu’il faut chercher la cause de tout le malaise de l’organisme général.

«Je suis donc venu en France, et je me suis approché de Paris comme le médecin s’approche du cœur: j’ai ausculté, j’ai palpé, j’ai expérimenté. Lorsque je l’ai abordée, voilà un an, la monarchie fatiguait; aujourd’hui, les vices la tuent. J’ai dû précipiter l’effet de ces débauches mortelles, et, pour cela, je les ai favorisées.

«Un obstacle était sur ma route, cet obstacle était un homme; cet homme, c’était non pas le premier, mais le plus puissant de l’État après le roi.

«Il était doué de quelques-unes de ces qualités qui plaisent aux autres hommes. Il était trop orgueilleux, c’est vrai, mais il appliquait son orgueil à ses œuvres; il savait adoucir la servitude du peuple en lui faisant croire, voir même quelquefois qu’il est une partie de État; et, en le consultant parfois sur ses propres misères, il arborait un étendard autour duquel les masses se rallient toujours, l’esprit national.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза