– Il existe une pièce, au Département des mystères, l’interrompit Dumbledore, qui reste toujours verrouillée. Elle contient une force à la fois plus merveilleuse et plus terrible que la mort, que l’intelligence humaine, que les forces de la nature. Peut-être est-ce aussi le plus mystérieux des nombreux sujets d’étude qui se trouvent là-bas. Le pouvoir conservé dans cette pièce, tu le possèdes au plus haut point, Harry, alors que Voldemort en est totalement dépourvu. C’est ce pouvoir qui t’a poussé à vouloir à tout prix sauver Sirius cette nuit. Et c’est ce même pouvoir qui a empêché Voldemort de te posséder, car il ne supportait pas d’habiter un corps où cette force qu’il déteste était si présente. En définitive, il n’était pas très important que tu ne saches pas fermer ton esprit. C’est ton cœur qui t’a sauvé.
Harry ferma les yeux. Justement, s’il n’avait pas cherché à sauver Sirius, Sirius ne serait pas mort… Pour retarder le moment où il devrait à nouveau penser à son parrain, Harry demanda, sans se soucier vraiment de la réponse :
– Et la fin de la prophétie… C’était quelque chose comme : « aucun d’eux ne peut vivre… »
– … « tant que l’autre survit », acheva Dumbledore.
– Alors, dit Harry en allant chercher ses mots au fond du gouffre que le désespoir avait ouvert en lui, cela signifie que… qu’à la fin… l’un de nous deux devra tuer l’autre ?
– Oui, répondit Dumbledore.
Pendant un long moment, ils restèrent silencieux. Loin au-delà des murs de la pièce, Harry entendait des bruits de voix, sans doute des élèves qui se rendaient dans la Grande Salle pour un petit déjeuner matinal. Il lui semblait impossible qu’il existe encore dans le monde des gens qui avaient envie de manger, de rire, des gens qui ignoraient que Sirius Black avait disparu à jamais et qui, d’ailleurs, s’en fichaient. Sirius semblait déjà à un million de kilomètres de distance. Mais maintenant encore, quelque chose lui disait que s’il avait écarté ce voile, il aurait vu Sirius le regarder, lui faire signe, avec peut-être un de ces rires qui ressemblaient à un aboiement…
– Je sens que je te dois une autre explication, Harry, reprit Dumbledore d’un ton hésitant. Tu te demandes peut-être pourquoi je ne t’ai pas choisi comme préfet ? Je dois te l’avouer… J’ai pensé… que tu avais suffisamment de responsabilités comme cela.
Harry leva les yeux et vit une larme couler sur le visage de Dumbledore puis disparaître dans sa longue barbe argentée.
38. LA DEUXIÈME GUERRE COMMENCE