– Je t’ai déjà dit qu’on n’était pas très passionnés par les A.S.P.I.C., répliqua Fred. Les boîtes à Flemme sont prêtes à la commercialisation. On a enfin trouvé le moyen de se débarrasser de ces furoncles, ils disparaissent avec quelques gouttes d’essence de Murlap, c’est Lee qui nous a donné l’idée.
George bâilla longuement et contempla d’un air inconsolable le ciel nocturne chargé de nuages.
– Je me demande si je vais prendre la peine d’aller voir ce match. Si jamais Zacharias Smith nous bat, il ne me restera plus qu’à me tuer.
– Ou plutôt à le tuer lui, dit Fred d’un ton décidé.
– C’est ça, l’ennui avec le Quidditch, remarqua distraitement Hermione qui s’était replongée dans sa traduction des anciennes runes. Ça crée des tensions et des sentiments hostiles entre les maisons.
Elle leva la tête pour prendre son exemplaire du
– C’est vrai ! insista-t-elle, agacée. Ce n’est quand même qu’un jeu, ne l’oublions pas.
– Hermione, répliqua Harry en hochant la tête, tu t’y connais peut-être très bien en sentiments et en trucs comme ça mais tu n’as jamais rien compris au Quidditch.
– C’est possible, dit-elle d’un air sombre en retournant à sa traduction, mais au moins, je ne fais pas dépendre mon bonheur de la capacité de Ron à défendre ses buts.
Et bien que Harry eût préféré se jeter du haut de la tour d’astronomie plutôt que de l’admettre devant elle, après avoir vu le match du samedi, il aurait volontiers donné n’importe quelle somme en Gallions pour ne plus être intéressé par le Quidditch.
Ce qu’on pouvait dire de mieux à propos du match, c’était qu’il n’avait pas duré longtemps. Les supporters de Gryffondor n’avaient eu à subir que vingt-deux minutes de supplice. Il était difficile de déterminer ce qui avait été le pire : le quatorzième but encaissé par Ron, le coup de batte que Sloper avait donné sur la bouche d’Angelina en ratant un Cognard ou la chute de Kirke qui était tombé en arrière de son balai en poussant un hurlement perçant lorsque Zacharias Smith avait foncé sur lui, le Souafle à la main. Le miracle, c’était que Gryffondor n’avait perdu que de dix points : Ginny avait réussi à ravir le Vif d’or sous le nez de Summerby, l’attrapeur de Poufsouffle, ce qui donnait un score final de deux cent quarante à deux cent trente.
– Joli coup, dit Harry à Ginny lorsqu’ils se retrouvèrent dans la salle commune où l’atmosphère faisait penser à une veillée funèbre particulièrement lugubre.
– J’ai eu de la chance, répondit-elle avec un haussement d’épaules. Le Vif d’or n’était pas très rapide et Summerby a un rhume, il a éternué en fermant les yeux juste au mauvais moment. De toute façon, quand tu auras repris ta place dans l’équipe…
– Ginny, je suis interdit
– Tu es interdit aussi longtemps qu’Ombrage restera à l’école, rectifia-t-elle. Ça fait une différence. Donc, quand tu auras repris ta place, je pense que j’essaierai de jouer au poste de poursuiveur. Angelina et Alicia quittent toutes les deux l’école l’année prochaine et moi, je préfère marquer des buts plutôt que d’attraper le Vif d’or.
Harry jeta un coup d’œil à Ron qui était recroquevillé dans un coin et contemplait ses genoux en serrant une bouteille de Bièraubeurre dans sa main.
– Angelina ne veut toujours pas accepter sa démission, dit Ginny comme si elle avait lu dans les pensées de Harry. Elle dit qu’elle est sûre qu’il finira par y arriver.
Harry était reconnaissant à Angelina de la foi qu’elle avait en Ron mais en même temps, il pensait qu’il serait plus charitable de le laisser quitter l’équipe. Ron était à nouveau sorti du terrain au son de
Fred et George s’approchèrent d’eux.
– Je n’ai même plus le cœur à me payer sa tête, dit Fred en jetant un coup d’œil à la silhouette prostrée de Ron. Tu te rends compte… quand il a laissé entrer le quatorzième…
Il fit de grands moulinets désordonnés avec ses bras, comme un chien pataugeant dans l’eau.
– Enfin bon, il vaut mieux que je réserve ça pour les soirées entre amis.
Peu après, Ron se traîna jusqu’au dortoir. Soucieux de ménager sa sensibilité, Harry attendit un certain temps avant de monter lui-même se coucher afin que Ron puisse faire semblant de dormir s’il le souhaitait. Et en effet, lorsque Harry entra à son tour dans le dortoir, les ronflements de Ron étaient un peu trop bruyants pour paraître vrais.