Rita resta silencieuse un long moment mais elle observait Hermione d’un œil rusé, la tête légèrement penchée de côté.
– Bon, admettons que je le fasse, dit-elle soudain. Je serais payée combien pour ça ?
– Je ne crois pas que mon père paye vraiment les gens pour écrire dans son magazine, répondit Luna d’une voix rêveuse. Ils le font parce que c’est un honneur et puis aussi pour voir leur nom imprimé.
Rita Skeeter se tourna vers Hermione. On aurait dit qu’elle avait encore dans la bouche un goût prononcé d’Empestine.
– Je suis censée faire ça
– Eh bien oui, assura Hermione d’un ton très calme en buvant une gorgée du contenu de son verre. Sinon, comme vous le savez déjà, j’informerai les autorités que vous êtes un Animagus non déclaré. À ce moment-là, peut-être que
Rita semblait éprouver une envie irrépressible de prendre le petit parasol en papier qui dépassait du verre d’Hermione et de le lui enfoncer dans le nez.
– J’imagine que je n’ai pas le choix ? dit Rita d’une voix légèrement tremblante.
Elle ouvrit à nouveau son sac en crocodile, en sortit un morceau de parchemin et prit sa Plume à Papote.
– Papa sera très content, déclara Luna d’un ton enjoué.
Un muscle tressaillit sur la mâchoire de Rita.
– D’accord, Harry ? demanda Hermione en se tournant vers lui. Prêt à dire la vérité au public ?
– Oui, je pense, répondit Harry.
Il regarda Rita dont la Plume à Papote frémissait déjà au-dessus du morceau de parchemin.
– Alors, allez-y, Rita, dit Hermione d’un ton serein en repêchant une cerise confite au fond de son verre.
26. VU ET IMPRÉVU
De son air absent, Luna dit qu’elle ignorait quand paraîtrait dans
– Bien entendu, c’est une nouvelle très importante, Harry devra donc attendre le numéro suivant, ajouta Luna.
Pour Harry, il n’avait pas été facile de parler de la nuit du retour de Voldemort. Rita lui avait demandé avec insistance tous les plus petits détails et, sachant que c’était pour lui l’occasion ou jamais de dire la vérité au monde, il lui avait raconté tout ce dont il se souvenait. Il se demandait comment allaient réagir les lecteurs. Beaucoup, sans doute, verraient dans cet article la confirmation qu’il était complètement fou, ne serait-ce que parce qu’il allait être publié à côté de franches idioties concernant les Ronflaks Cornus. Mais l’évasion de Bellatrix Lestrange et des autres Mangemorts avait donné à Harry un désir ardent de faire
– Je suis impatient de savoir ce que va penser Ombrage quand elle verra que tu parles publiquement, commenta Dean, impressionné, au dîner du lundi.
Assis de l’autre côté de Dean, Seamus était occupé à engloutir de grandes quantités de tourte au poulet et au jambon, mais Harry savait qu’il écoutait.
– C’était ce qu’il fallait faire, Harry, dit Neville, assis en face de lui.
Le teint plutôt pâle, il poursuivit à voix basse :
– Ça devait être… dur… d’en parler, non ?
– Oui, marmonna Harry, mais il faut que les gens sachent de quoi Voldemort est capable.
– C’est vrai, approuva Neville avec un hochement de tête, et aussi ses Mangemorts… il faudrait que les gens sachent…
Neville laissa sa phrase en suspens et reporta son attention sur ses pommes de terre au four. Seamus leva les yeux, mais dès qu’il croisa le regard de Harry, il se pencha à nouveau sur son assiette. Un peu plus tard, Dean, Seamus et Neville remontèrent dans la salle commune, laissant Harry et Hermione attendre Ron qui n’avait pas encore dîné à cause de la séance d’entraînement de Quidditch.
Cho Chang entra alors dans la Grande Salle, en compagnie de son amie Marietta. Harry sentit son estomac se contracter, mais elle n’accorda pas un regard à la table des Gryffondor et s’assit en prenant soin de lui tourner le dos.
– Oh, j’ai oublié de te demander, dit Hermione d’une voix enjouée en jetant un coup d’œil à la table des Serdaigle. Comment ça s’est passé ta sortie avec Cho ? Comment se fait-il que tu sois arrivé si tôt aux Trois Balais ?
– Oh, heu… c’était…, dit Harry en se servant une deuxième part de tarte à la rhubarbe, un fiasco total, maintenant que tu m’y fais penser.
Et il lui raconta la scène qui s’était déroulée dans le salon de thé de Madame Pieddodu :
– … et à ce moment-là, acheva-t-il quelques minutes plus tard tandis que disparaissait le dernier morceau de tarte, elle se lève d’un bond et elle me dit : « À un de ces jours, Harry. » Et puis elle s’en va en courant !
Il posa sa cuillère et regarda Hermione.
– Je me demande ce qui lui a pris ? Qu’est-ce que ça signifie ?
Hermione jeta un coup d’œil à Cho et soupira.
– Oh, Harry, dit-elle. Je suis désolée, mais tu as un peu manqué de tact.