– C’est… horrible, dit Hermione, visiblement ébranlée.
Elle plia le journal à la page 10 et le tendit à Harry et à Ron.
MORT TRAGIQUE D’UN EMPLOYÉ DU MINISTÈRE DE LA MAGIE
L’hôpital Ste Mangouste a promis hier soir de mener une enquête approfondie à la suite de la mort de Broderick Moroz, employé au ministère de la Magie, découvert étranglé dans son lit par une plante en pot. Les guérisseurs appelés sur place n’ont pas pu ranimer Mr Moroz qui avait été blessé dans un accident du travail quelques semaines auparavant.
La guérisseuse Miriam Strout, responsable de la salle où était soigné Mr Moroz au moment des faits, a été aussitôt suspendue et n’a pas souhaité faire de déclaration. En revanche, un porte-parole de l’hôpital a publié le communiqué suivant :
« L’hôpital Ste Mangouste regrette profondément le décès de Mr Moroz dont l’état de santé s’améliorait de jour en jour avant ce tragique accident.
« Nous avons une réglementation très stricte en ce qui concerne les décorations autorisées dans nos salles, mais il est apparu que la guérisseuse Strout, surchargée de travail en cette période de Noël, n’avait pas mesuré le danger que représentait la plante posée sur la table de chevet de Mr Moroz. Voyant que sa mobilité et sa capacité à s’exprimer étaient en progrès, la guérisseuse Strout a encouragé Mr Moroz à s’occuper lui-même de la plante, sans se rendre compte qu’il ne s’agissait pas d’un innocent Voltiflor mais d’une bouture de Filet du Diable qui a étranglé le convalescent dès qu’il l’a touchée.
« L’hôpital Ste Mangouste n’est pas en mesure d’expliquer pour le moment la présence de cette plante dans la salle et demande à toute sorcière ou sorcier qui pourrait lui fournir des informations à ce sujet de se faire connaître. »
– Moroz… murmura Ron. Moroz. Ça me dit quelque chose…
– On l’a vu à Ste Mangouste, vous vous souvenez ? rappela Hermione. Il était dans le lit en face de Lockhart. Il restait immobile à regarder le plafond. Et on a vu le Filet du Diable arriver. La guérisseuse a dit que c’était un cadeau de Noël.
Harry relut l’article. Un sentiment d’horreur lui remonta dans la gorge comme un afflux de bile.
– Comment se fait-il qu’on n’ait pas reconnu le Filet du Diable ? On en a déjà vu, pourtant… Nous aurions pu empêcher ça.
– Qui irait imaginer qu’un Filet du Diable déguisé en plante d’agrément puisse atterrir dans un hôpital ? dit vivement Ron. Ce n’est pas notre faute, c’est la personne qui l’a envoyé qui est responsable ! Il faut être un fameux crétin pour ne pas faire attention à ce qu’on achète !
– Arrête un peu, Ron ! dit Hermione d’une voix tremblante. Personne n’arriverait à planter une bouture de Filet du Diable dans un pot sans se rendre compte qu’il essaye d’étrangler tous ceux qui le touchent. C’est… c’est un meurtre… Et un meurtre très habile… Si la plante a été envoyée anonymement, comment retrouver le coupable ?
Harry ne pensait plus au Filet du Diable. Il se souvenait du jour où il avait pris l’ascenseur pour descendre au neuvième niveau du ministère où avait lieu son audience et de l’homme au teint cireux qui était monté dans la cabine à l’étage de l’atrium.
– J’ai rencontré Moroz, dit-il avec lenteur. Je l’ai vu au ministère avec ton père.
Ron resta bouche bée.