Ils la suivirent à travers la double porte puis le long d’un couloir étroit où s’alignaient d’autres portraits de guérisseurs célèbres. L’endroit était éclairé par des globes de cristal remplis de chandelles, semblables à des bulles de savon géantes. D’autres sorcières et sorciers vêtus de robes vertes allaient et venaient en tous sens. Un gaz jaunâtre et malodorant flottait dans le couloir lorsqu’ils passèrent devant l’une des portes et ils entendaient de temps en temps un gémissement lointain. Ils montèrent une volée de marches et arrivèrent dans le couloir du service des blessures par créatures vivantes. Sur la deuxième porte à droite, une plaque indiquait : « Salle Dai Llewellyn, dit le Dangereux : morsures graves ». Au-dessous, sur une carte glissée dans un support de cuivre, on pouvait lire, écrit à la main : « Guérisseur-en-chef : Hippocrate Smethwyck. Guérisseur stagiaire : Augustus Pye ».
– On va attendre dans le couloir, Molly, dit Tonks. Arthur ne voudra sûrement pas voir trop de visiteurs à la fois… il faut laisser la famille d’abord.
Fol Œil approuva d’un grognement et s’appuya contre le mur, son œil magique pivotant de tous côtés. Harry resta également en arrière, mais Mrs Weasley tendit la main et le poussa à l’intérieur.
– Ne sois pas stupide, dit-elle, Arthur veut te remercier.
La salle était petite et plutôt sinistre, en raison de l’unique et étroite fenêtre aménagée tout en haut du mur qui faisait face à la porte. La lumière qui éclairait l’endroit provenait principalement d’autres globes de cristal accrochés au centre du plafond. Les murs étaient recouverts de lambris de chêne et un tableau représentait un sorcier à l’air méchant sous lequel une plaque indiquait : « Urquhart Rackharrow, 1612-1697, inventeur du maléfice de Videntrailles ».
Il n’y avait que trois patients. Mr Weasley occupait le lit situé tout au fond de la salle, près de la minuscule fenêtre. Harry fut content et soulagé de voir qu’il était adossé contre une pile d’oreillers et lisait
– Bonjour, lança-t-il en jetant
– Comment ça va, Arthur ? demanda Mrs Weasley.
L’air anxieux, elle se pencha pour l’embrasser sur la joue.
– Tu parais encore un peu faible.
– Je me sens en pleine forme, répondit Mr Weasley d’un ton joyeux en tendant son bras valide pour serrer Ginny contre lui. Si seulement ils m’enlevaient ces bandages, je serais en état de rentrer à la maison.
– Et pourquoi ils ne les enlèvent pas ? demanda Fred.
– À chaque fois qu’ils essayent, je me mets à saigner comme un dément, dit Mr Weasley d’une voix amusée.
Il prit sa baguette magique posée sur la commode à côté du lit et l’agita pour faire apparaître six chaises.
– Apparemment, il y avait un drôle de venin dans les crochets de ce serpent, quelque chose qui empêche les blessures de se refermer. Mais ils sont sûrs de trouver un antidote. Ils disent qu’ils ont vu des cas bien pires que le mien et, en attendant, il suffit que je prenne toutes les heures une potion de Régénération sanguine. Celui-là, là-bas, en revanche…
Il baissa la voix et montra d’un signe de tête le lit d’en face où était étendu un homme au teint verdâtre et maladif, les yeux fixés au plafond.
– … il a été mordu par un
– Un loup-garou ? murmura Mrs Weasley, l’air alarmé. Et ce n’est pas dangereux de le mettre dans une salle commune ? On ne devrait pas plutôt le placer en chambre individuelle ?
– La pleine lune est dans deux semaines, lui rappela Mr Weasley à voix basse. Les guérisseurs sont venus lui parler ce matin pour essayer de le convaincre qu’il pourra mener une vie presque normale. Je lui ai dit – sans indiquer aucun nom, bien sûr – que je connaissais personnellement un loup-garou, un homme charmant, qui s’accommode très bien de sa condition.
– Et qu’est-ce qu’il a répondu ? demanda George.
– Que lui aussi allait me mordre si je ne la fermais pas, répondit Mr Weasley avec tristesse. Et cette femme, là-bas – il montra le troisième lit occupé, juste à côté de la porte –, ne veut pas dire par quoi elle a été mordue, ce qui laisse supposer qu’elle doit posséder une créature illégale. En tout cas, il lui manque un bon morceau de jambe, et on sent une
– Alors, tu vas enfin nous raconter ce qui s’est passé, papa ? demanda Fred qui rapprocha sa chaise du lit.
– Vous le savez déjà, non ? dit Mr Weasley en adressant à Harry un sourire entendu. C’est très simple. J’avais eu une très longue journée, je me suis endormi, un serpent s’est approché silencieusement et m’a mordu.