Читаем Dragons d'un crépuscule d'automne полностью

Ses derniers mots s’étranglèrent dans sa gorge. Une masse lui était tombée dessus et le maintenait plaqué au sol. Des mains serraient son cou à l’étouffer. Sa vue s’obscurcit, son souffle devint court. Son adversaire disposant d’une force hors du commun, Tanis se sentit perdre conscience. Il entendit un hurlement suivi d’un craquement d’os brisés. L’étau se desserra ; son agresseur s’abattit sur le sol.

Tanis se redressa. Flint se tenait devant lui, une bûche à la main. Le nain ne lui prêta pas attention, il contemplait la forme inerte qui gisait à ses pieds.

Tanis suivit le regard de Flint et tressaillit, horrifié. Ce n’était pas un être humain ! Il se tenait debout comme un homme, mais sa peau était constituée d’écailles de serpent et ses mains et ses pieds énormes se terminaient par des griffes. Il avait des ailes membraneuses sur le dos. Mais le plus horrible était sa tête ; Tanis n’avait jamais rien vu de tel dans le monde de Krynn, ni dans ses pires cauchemars. C’était une tête humaine, aux traits reptiliens…

— Par tous les dieux de la terre, souffla Raistlin en rampant vers Tanis, qu’est-ce que c’est que ça ?

Une clarté bleuâtre, suivie d’un appel de Lunedor, empêcha Tanis de répondre.

Penchée sur le malade étendu dans le chariot, elle s’était demandée un instant quel terrible mal avait pu transformer la peau d’un homme en écailles de reptile. Elle tendit le bâton vers le malheureux ; des griffes crochues tentèrent de le lui arracher. Lunedor recula, mais les griffes s’étaient fichées dans le bois. La lueur bleue jaillit, éblouissante. Avec un hurlement de douleur, la créature recula, tâtant sa main brûlée.

Rivebise, l’épée brandie, accourut.

Lunedor vit retomber le bras tendu de son bien-aimé ; il ne fit pas un geste pour se défendre. Des mains agrippèrent la jeune femme et la bâillonnèrent. Les yeux agrandis de terreur, Rivebise, médusé, découvrit la créature et réalisa qu’il s’agissait de la réalité, et non d’un cauchemar.

En digne représentante de sa race, Lunedor se défendit bec et ongles. Son adversaire, vacillant sur ses jambes, dut desserrer son étreinte. La fille de chef en profita pour le toucher de son bâton. Stupéfaite, elle vit la créature s’effondrer sur le sol, comme si un géant l’avait terrassée. Le bâton diffusait de nouveau sa lumière bleue. Elle le fit tournoyer devant elle pour maintenir les prêtres à distance. Mais combien de temps cela durerait-il ?

Ayant pris conscience du traquenard dans lequel ils étaient tombés, Sturm vint à leur rescousse. Mais il n’en crut pas ses yeux : les bras ballants, l’homme des plaines battait en retraite, sans un geste pour se défendre. Sturm plongea sa lame dans le dos de la créature qui assaillait Rivebise. Touchée à mort, elle empoigna le chevalier, révulsé par le contact de cette peau visqueuse. Soudain, la créature s’immobilisa, comme tétanisée. Le chevalier voulut retirer sa lame du corps inerte, mais il lui fut impossible de l’en dégager. Furieux, il flanqua un coup de poing rageur à sa victime, et sursauta d’horreur et de dégoût. Le monstre s’était pétrifié…

— Caramon ! hurla Sturm.

Le chevalier était attaqué par un prêtre qui brandissait une hache. Une douleur intense le fit vaciller ; le sang lui ruissela sur les yeux. Un poids énorme le renversa dans la boue.

Au moment où Caramon entendit l’appel de Sturm, deux créatures se précipitèrent vers lui. Les tenant à distance de son épée, il dégaina sa dague. Le prêtre qui se jeta sur lui la reçut dans le ventre. Une tache verdâtre apparut sur sa tunique en même temps que montait une odeur infecte, qui souleva le cœur de Caramon. Un instant, le guerrier fut saisi de panique. Il s’était battu contre les trolls et les gobelins, mais devant ces prêtres, il se sentait démuni et abandonné. Une voix rassurante s’éleva derrière lui :

— Je suis là, frère…

— Il était temps, Raistlin ! Qui sont ces satanés religieux ?

— Ne les embroche pas sur ton épée ! avertit Raistlin. Ils se pétrifient. Ce ne sont pas des prêtres, mais des hommes-serpents. C’est pourquoi ils s’enveloppent de houppelandes et de capuchons.

Aussi différents que l’ombre et la lumière, les jumeaux faisaient preuve d’une belle unité au combat. Ils se parlaient peu, car leurs pensées se transmettaient plus vite que la parole.

Voyant que Caramon laissait tomber son épée et sa dague, les créatures se précipitèrent vers lui, leurs vêtements défaits flottant de façon grotesque sur leurs écailles.

— Je suis prêt, dit le guerrier à son frère.

— Ast tarsak simiralan krynawi, psalmodia Raistlin en lançant une poignée de sable dans les airs.

Les créatures se figèrent, stoppées dans leur élan. Leurs yeux clignèrent ; en quelques secondes, elles reprirent leurs esprits et chargèrent de nouveau.

— Ces créatures résistent à la magie ! gémit Raistlin.

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Андрей Боярский

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