Уже поздно; мне удалось найти свободную минуту, чтобы продолжать письмо. С тех пор как я вам писал, со мной случилось столько странных происшествий, что даже сам не знаю, каким путем я пойду — то ли порока, то ли глупости: правда нередко оба пути приводят к одной и той же цели. Я знаю, что вы будете уговаривать меня и попытаетесь утешить, — но это было бы излишним. Я счастливее чем когда-либо, веселее любого пьяницы, распевающего на улице. Эти выражения вам не нравятся! Но увы: скажи, с кем ты водишься, и я тебе скажу, кто ты таков! Я верю вам, что С. фальшива, потому что знаю, что вы никогда не исказите истины, особенно в дурную сторону! Бог с ней! Что же касается других предметов, о которых я мог бы вам написать, то храню молчание, полагая, что много слов не стоят одного дела, а так как я от природы ленив, как вы это знаете, дорогой друг, то засыпаю на лаврах, положив трагический конец сразу и своим делам и словам.
Прощайте.
M. А. Лопухиной
Je ne vous ai pas donn'e de mes nouvelles depuis que nous sommes all'es au camp; et vraiment je n’aurais pu у r'eussir avec toute la bonne volont'e possible; imaginez-vous une tente qui a 3 archines en long et en large et 21/2 de hauteur, occup'ee par trois personnes et tout leur bagage, toute leur armure, comme: sabres, carabines, chakos[27] etc., etc. — le temps a 'et'e horrible, une pluie qui ne finissait pas faisait, que souvent nous passions 2 jours de suite sans pouvoir s'echer nos habits; et pourtant cette vie ne m’a pas tout-`a-fait d'eplu; vous savez, ch`ere amie, que j’eus toujours un penchant tr`es prononc'e pour la pluie et la boue, et maintenant gr^ace `a dieu j’en ai joui compl`etement.
— Nous sommes rentr'es en ville, et bient^ot recommencent nos occupations; la seule chose qui me soutient, c’est l’id'ee que dans un an je suis officier. — Et alors, alors — … bon dieu! si vous saviez la vie que je me propose de mener!.. oh, cela sera charmant: d’abord, des bizarreries, des folies de toute esp`ece, et de la po'esie noy'ee dans du champagne: — je sais vous allez vous recrier; mais h'elas, le temps de mes r^eves est pass'e; le temps de croire n’est plus; il me faut des plaisirs mat'eriels, un bonheur palpable, un bonheur qui s’ach`ete avec de l’or, que l’on porte dans sa poche comme une tabati`ere, un bonheur qui ne fasse que tromper mes sens en laissant mon ^ame tranquille et inactive!.. voil`a ce qui m’est n'ecessaire maintenant, et vous vous apercevez, ch`ere amie, que je suis quelque peu chang'e depuis que nous sommes s'epar'es; quand j’ai vu mes beaux r^eves s’enfuir, je me suis dit que ca ne valait pas la peine d’en fabriquer d’autres; il vaut mieux, pensai-je, apprendre `a s’en passer; j’essayai; j’avais l’air d’un ivrogne qui peu `a peu t^ache de se d'eshabituer du vin; — mes efforts ne furent pas inutiles, et bient^ot je ne vis dans le pass'e qu’un programme d’aventures insignifiantes et fort communes. Mais parlons d’autres choses; — vous me dites que le Prince T. et votre soeur son 'epouse se trouvent fort contents l’un de l’autre; je n’y ajoute pas une foi enti`ere, car je crois conna^itre le caract`ere de tous les deux, et votre soeur ne para^it pas tr`es dispos'ee `a la soumission, et il para^it que monsieur n’est pas non plus un agneau! — Je souhaite que ce calme factice dure le plus longtemps possible — mais je ne saurai pr'edire rien de bon. — Ce n’est pas que je vous trouve un manque de p'en'etration; mais je crois plut^ot, que vous n’avez pas voulu me dire tout ce que vous pensiez; et c’est tr`es naturel; car maintenant si mes suppositions sont vraies, vous n’avez pas m^eme besoin de dire: oui. — Que faites vous `a la campagne? vos voisins sont-ils amusants, aimables, nombreux? voici des questions qui vous auront l’air d’^etre faites sans aucune intention s'erieuse!
Dans un an, peut-^etre, je viendrai vous voir; et quels changements ne trouverai-je pas? — me reconna^itrez-vous, et voudrez-vous le faire? — Et moi, quel r^ole jouerai-je? sera-ce un moment de plaisir, pour vous, ou d’embarras pour nous deux? car je vous avertis, que je ne suis plus le m^eme, que je ne sens plus, que je ne parle plus de la m^eme mani`ere, et dieu sait ce que je deviendrai encore dans un an; — ma vie jusqu’ici n’a 'et'e qu’une suite de d'esappointements, qui me font rire maintenant, rire de moi et des autres; je n’ai fait qu’effleurer tous les plaisirs, et sans en avoir joui, j’en suis d'ego^ut'e.
— Mais ceci est un sujet bien triste que je t^acherai de ne pas ramener une autre fois; lorsque vous serez `a Moscou annoncez le moi, ch`ere amie… — je compte sur votre constance;
adieu;
M. Ler…
P. S. Mes compliments `a ma cousine, si vous lui 'ecrivez, car je suis trop paresseux pour le faire moi-m^eme.
С.-Петербург, 4 августа.