Читаем Paul et Etienne полностью

Mais soudainement, son foyer plein de la tendresse de ses chers enfants lui revint en mémoire et il changea d'attitude mentale, ému dans les fibres secrètes de son être. Se prosternant à ses pieds, en sanglots, il s'est exclamé avec émotion :

Ayez pitié de moi, illustrissime !... Épargnez ma modeste maison où avant tout, je suis père... Mes enfants m'attendent avec le baiser de leur affection sincère et aimante !...

Et il ajouta, noyé dans les larmes :

J'ai deux enfants qui sont les deux espoirs de mon cœur. Épargnez-moi, par Dieu ! Je promets de me résigner à si peu, jamais plus je ne me plaindrai !...

Néanmoins, le légat impassible a répondu avec froideur, s'adressant à un soldat :

Spartacus, pour que ce Juif impertinent s'éloigne de l'enceinte avec ses lamentations, donne-lui dix coups de bastonnade.

Le préposé allait immédiatement accomplir cet ordre quand le juge implacable a

ajouté :

Fais bien attention de ne pas lui couper le visage pour que le sang ne scandalise pas les passants.

À genoux, le pauvre Jochedeb a supporté la punition et une fois terminée son épreuve, il s'est levé, chancelant, rejoignant la place ensoleillée sous les rires déguisés de ceux qui avaient été témoins de l'ignoble spectacle. Jamais dans sa vie, il n'avait ressenti un aussi grand désespoir qu'en cette heure. Il aurait voulu pleurer, mais ses yeux étaient froids et secs ; déplorer son immense malheur, mais ses lèvres étaient pétrifiées de révolte et de douleur. On aurait dit un somnambule déambulant inconscient parmi les véhicules et les passants rassemblés sur la grande place. Avec une extrême et profonde répugnance, il a dévisagé le temple de Vénus. Il aurait souhaité avoir une puissante voix de stentor pour humilier tous les passants de ses condamnations verbales. Observant les courtisans couronnés qui le croisaient, les armures des tribuns romains et l'attitude oisive des citoyens fortunés qui passaient ignorant son martyre, mollement allongés sur de luxueuses litières de l'époque - il s'est senti comme plongé dans l'un des bourbiers les plus odieux du monde, entre les péchés que les prophètes de sa race n'avaient jamais cessé de combattre avec toute la conviction de leur cœur consacré au Tout-Puissant. Corinthe, à ses yeux, était un nouvel exemple de la Babylone condamnée et méprisable.

D'un seul coup, malgré les tourments qui torturaient son âme épuisée, il s'est souvenu de ses chers enfants, sentant avec anticipation, la profonde amertume que la nouvelle du jugement causerait à leur esprit sensible et affectueux. Le souvenir de l'affection de Jeziel touchait son être galvanisé par la souffrance. Il avait l'impression de le voir encore à ses pieds le suppliant d'abandonner toute réclamation et, à ses oreilles, résonnait maintenant avec plus d'intensité, l'exhortation des Écrits : - « Mon fils, ne méprise pas la correction de l'Éternel ! » Mais en même temps, des idées destructrices envahissaient son cerveau fatigué et douloureux. La Loi sacrée était pleine de symboles de justice. Et pour lui, la juste réparation s'imposait comme un devoir souverain. Dans la désolation suprême, il retournait maintenant au foyer, dépouillé de tout ce qu'il possédait de plus humble et de plus simple alors qu'il arrivait déjà à la fin de sa vie ! Où trouverait-il le pain du lendemain ? Sans pouvoir travailler et sans toit, il se voyait contraint à errer dans une situation parasitaire, aux côtés de ses enfants encore jeunes. Un indicible martyre moral étouffait son cœur.

Dominé par des pensées affligeantes, il s'est approché du site bien-aimé où il avait construit son nid familial. Le soleil chaud de l'après-midi rendait plus douce l'ombre des arbres aux ramages verts et abondants. Jochedeb avançait sur ces terres qui lui appartenaient, angoissé à l'idée de devoir les abandonner pour toujours et laissa place à de terribles tentations qui hallucinaient son esprit. Les propriétés de Licinius ne s'arrêtaient-elles pas à sa ferme ? S'éloignant du chemin qui le menait à la maison, il pénétra dans les champs en friche avoisinants et, après quelques pas, il s'est attardé à regarder la ligne de démarcation existante entre lui et son bourreau. Les pâturages de l'autre côté ne semblaient pas bien soignés. Il nota le manque d'une meilleure distribution régulière d'eau et une sécheresse générale se faisait durement sentir. Seuls quelques arbres isolés égayaient le paysage de leur ombre, rafraîchissant la région abandonnée entre les buissons et les parasites qui étouffaient l'herbe salutaire.

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