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Mais je n’eus pas le loisir de trembler car le sauvage se livra alors à une occupation qui me subjugua et retint toute mon attention, me convainquant que j’avais bel et bien affaire à un païen. Allant jusqu’à son lourd pardessus, ou paletot-pilote, ou noroît qu’il avait auparavant déposé sur une chaise, il en fouilla les poches et finit par en extraire une étrange figurine, informe, bossue, exactement de la couleur d’un bébé congolais de trois jours. Pensant à la tête réduite, j’en vins presque à croire un instant que cet homoncule noir était véritablement un nouveau-né conservé par un procédé identique. Puis, remarquant que cela n’avait aucune souplesse, que c’était brillant, sensiblement comme de l’ébène polie, j’en conclus que ce n’était rien de plus qu’une idole de bois, ce que cela s’avéra être en effet. Le sauvage se dirigea alors vers la cheminée vide, ôta l’écran de papier et installa sa figurine bossue, telle une quille, entre les landiers. Le chambranle de la cheminée, les briques à l’intérieur étaient couverts d’une suie épaisse, de sorte que je me disais que ce foyer était un autel ou une chapelle tout indiquée pour une idole congolaise.

Les yeux rivés sur la figurine à demi visible, me sentant toujours bien mal à l’aise, j’attendais ce qui allait suivre. Il puisa d’abord dans la poche de son pardessus une poignée de copeaux, et les disposa avec soin devant l’idole; dessus, il ajouta un biscuit de mer et, approchant la lampe, il alluma les copeaux pour le feu du sacrifice. Après plusieurs tentatives, avançant brusquement ses doigts dans la flamme et les en retirant non moins brusquement (ce qui, semble-t-il, dut les rôtir cruellement), il parvint à reprendre le biscuit, puis soufflant dessus, tant pour le refroidir que pour le débarrasser des cendres, il l’offrit poliment au petit nègre. Mais ce diable en réduction ne parut pas tenté par une nourriture aussi desséchée, il ne remua pas les lèvres. Ces étranges singeries s’accompagnaient de bruits gutturaux encore plus étranges émis par l’adepte qui paraissait traduire ses prières en mélopées ou chanter quelque psalmodie païenne et dont le visage, en même temps, se convulsait d’une manière tout à fait contre nature. Enfin, après avoir éteint le feu, il se saisit de l’idole sans cérémonie aucune, et l’emballa dans la poche de sa capote d’un geste aussi peu religieux que celui d’un chasseur fourrant une bécasse dans sa gibecière.

Toutes ces manigances bizarres augmentaient mon malaise et, reconnaissant tous les symptômes annonçant qu’il en aurait bientôt terminé avec ses opérations, et qu’il allait sauter dans le lit, je songeai qu’il était urgent, avant que la lumière fût éteinte, de rompre maintenant ou jamais le charme qui m’avait si longtemps envoûté.

Mais le temps que je mis à chercher ce que j’allais dire fut fatal. Prenant sur la table son tomahawk-pipe, il en examina un instant le foyer, l’approcha de la lumière et les lèvres serrées sur le tuyau, il souffla de grands nuages de fumée. L’instant suivant la lumière était éteinte, et ce sauvage cannibale, son calumet-tomahawk entre les dents, sauta à mes côtés dans le lit. Je hurlai, cette fois-ci je ne pus me retenir et, avec un soudain grognement d’étonnement, il se mit à me palper.

Bafouillant quelque chose, je ne sais même pas quoi, je me réfugiai hors de son atteinte contre le mur, et je le suppliai, qui qu’il fût ou quoi qu’il fût, de se tenir tranquille, de me laisser me lever et de rallumer la lampe. Ses réponses gutturales m’indiquèrent aussitôt qu’il ne comprenait guère ce que je lui demandais.

– Que vous êtes… quoi diable? dit-il enfin… Vous pas parler moi… crédieu… moi touer vous. Il brandissait son tomahawk, en parlant, et un feu d’artifice s’épanouissait dans l’ombre autour de moi.

– Patron, pour l’amour du ciel! Peter Coffin! hurlai-je. Patron! À moi Coffin! Tous les anges, sauvez-moi!

– Vous parler! Vous dit qui vous êtes, ou crédieu, moi touer vous! gronda encore le cannibale, tandis que les tournoiements affreux de son tomahawk éparpillaient des cendres de tabac brûlant autour de moi, à tel point que je craignais qu’il ne mît le feu à ma chemise. Mais, Dieu merci, à ce moment le patron entra dans la chambre, une lampe à la main et, sautant du lit, je courus à lui.

– Allons, allons, n’ayez pas peur, dit-il en ricanant une fois de plus, Queequeg ne toucherait pas un seul de vos cheveux.

– Finissez-en avec vos sourires! criai-je, pourquoi ne m’avez-vous pas dit que ce maudit harponneur était un cannibale?

– J’ai cru que vous le saviez… ne vous ai-je pas averti qu’il colportait des têtes en ville? mais mouillez l’ancre et dormez. Écoutez-moi bien, Queequeg, vous comprend moi, moi comprend vous – cet homme dormir avec vous – vous compris?

– Moi compris beaucoup, grogna Queequeg, tirant sur sa pipe et s’asseyant sur le lit.

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