Читаем Le monde inverti полностью

Un jour, elle tomba sur une petite pièce réservée aux résidents pendant leurs moments de loisirs. Elle y trouva sur une table quelques feuillets imprimés bien agrafés ensemble. Elle y jeta un coup d’œil distrait et lut le titre sur la première page :Directive de Destaine.

Plus tard, se promenant dans la ville, elle vit de nombreux imprimés semblables et, une fois, sa curiosité éveillée, elle en lut un. Après en avoir compris la teneur, elle le cacha dans sa literie pour l’emporter quand elle repartirait.

Elle commençait à comprendre. Elle revint à Destaine et relut son texte si souvent qu’il s’enregistra presque photographiquement dans son cerveau. Elle songeait à Helward ainsi qu’à sa conduite et à ses paroles apparemment délirantes.

Elle s’efforça alors de se rappeler ce qu’il lui avait dit et peu à peu, elle y découvrit une séquence logique.

L’hypothèse sur laquelle la ville fondait son existence, c’était que le monde sur lequel elle se trouvait était en quelque sorte inverti. Non seulement le monde, mais tous les objets matériels dans l’univers où ce monde était censé exister. La figure dessinée par Destaine – un monde solide incurvé au nord et au sud en forme d’hyperbole – leur en traduisait approximativement la forme. Et c’était vraiment en rapport avec la forme étrange que Helward avait dessinée pour représenter le soleil.

Un jour, Elisabeth perçut la faille, en parcourant une partie de la ville en cours de reconstruction.

Elle leva les yeux vers le soleil en s’abritant de la main. Le soleil était tel qu’elle l’avait toujours connu : une boule de lumière blanche éclatante haut placée dans le ciel.

<p>7</p>

Elisabeth comptait quitter la ville le lendemain matin ; elle volerait un cheval et retournerait au village. De là, elle regagnerait le quartier général et prendrait le congé auquel elle aurait bientôt droit. En quatre semaines, elle aurait tout le temps de retourner en Angleterre pour vérifier ce qu’elle croyait avoir découvert.

Elle passa le reste de la journée comme elle en avait l’habitude et, le soir venu, se rendit dans la salle de réception. Le premier homme qu’elle vit en franchissant le seuil, ce fut Helward.

— Bonsoir, Helward, dit-elle tranquillement.

Il se retourna pour répondre et resta à la regarder, n’en croyant pas ses yeux.

— Vous ? fit-il. Que faites-vous ici ?

— Ne me trahissez pas… je ne suis pas censée parler très bien l’anglais, murmura-t-elle. Je suis une de vos femmes transférées. (Elle l’entraîna à l’écart des autres personnes dans la pièce, sous le regard approbateur de la femme qui tenait le bar.) Écoutez, je suis navrée, pour notre dernière entrevue, à présent, je comprends mieux.

— Et je regrette de vous avoir fait peur.

— Avez-vous parlé de moi à quiconque ici ?

— De votre appartenance à la Terre ? Non.

— Bien. Alors n’en parlez pas.

— Êtes-vous réellement de la planète Terre ? demanda-t-il.

— Oui, mais j’aimerais que vous l’exprimiez autrement. Je suis de la Terre… et vous aussi. Il y a un malentendu.

— Dieu ! Je commence à m’en apercevoir. (Il la regardait de haut. Il était plus grand qu’elle d’une vingtaine de centimètres.) Vous paraissez différente, ici… Mais pourquoi vous faites-vous passer pour une femme transférée ?

— C’est la seule idée qui m’est venue pour pénétrer dans votre ville.

— Je vous y aurais amenée. (Il jeta un coup d’œil circulaire.) Vous êtes-vous déjà accouplée avec un homme ?

— Non.

— Alors ne le faites pas. (Tout en parlant, il regardait derrière lui.) Avez-vous une chambre privée ? Nous y serions mieux pour causer.

— Oui. On y va ?

Elle ferma la porte quand ils furent dans la chambrette. Les parois étaient minces mais permettaient quand même de s’isoler. Elle s’assit dans le fauteuil et Helward au bord du lit.

— J’ai lu Destaine, annonça-t-elle. C’est fascinant. J’ai entendu parler de lui quelque part. Qui était-il ?

— Le fondateur de la cité.

— Oui, je m’en suis doutée. Mais on le connaissait aussi pour autre chose.

Helward parut désemparé :

— Est-ce que ce qu’il a écrit a une signification quelconque pour vous ?

— Vaguement. Mais assez pour que je comprenne qu’il était égaré… et dans l’erreur.

— Dans l’erreur à quel sujet ?

— Au sujet de la ville et des dangers qu’elle courait. Il écrit comme si lui-même et ses compagnons avaient en quelque sorte été transportés sur un autre monde.

— C’est la vérité.

Elisabeth secoua la tête :

— Vous n’avez jamais quitté la Terre, Helward. Pendant que je suis assise ici à causer avec vous… nous sommes tous les deux sur la Terre.

Il secoua la tête :

— C’est vous qui êtes dans l’erreur. Je le sais. Destaine connaissait notre vraie situation. Nous sommes sur un autre monde.

— L’autre jour, reprit Elisabeth, vous m’avez dessinée avec le soleil derrière moi. Vous l’avez représenté sous la forme d’une hyperbole. Est-ce ainsi que vous le voyez ? Vous m’avez dessinée trop grande. Est-ce ainsi que vous me voyez ?

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