Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

– Prenez garde, madame, dit Monte-Cristo, ce n’est pas ainsi qu’on adore Dieu! Dieu veut qu’on le comprenne et qu’on discute sa puissance: c’est pour cela qu’il nous a donné le libre arbitre.

– Malheureux! s’écria Mercédès, ne me parlez pas ainsi; si je croyais que Dieu m’eût donné le libre arbitre, que me resterait-il donc pour me sauver du désespoir!»

Monte-Cristo pâlit légèrement et baissa la tête, écrasé par cette véhémence de la douleur.

«Ne voulez-vous pas me dire au revoir? fit-il en lui tendant la main.

– Au contraire, je vous dis au revoir, répliqua Mercédès en lui montrant le ciel avec solennité; c’est vous prouver que j’espère encore.»

Et après avoir touché la main du comte de sa main frissonnante, Mercédès s’élança dans l’escalier et disparut aux yeux du comte.

Monte-Cristo alors sortit lentement de la maison et reprit le chemin du port.

Mais Mercédès ne le vit point s’éloigner, quoiqu’elle fût à la fenêtre de la petite chambre du père de Danglars. Ses yeux cherchaient au loin le bâtiment qui emportait son fils vers la vaste mer.

Il est vrai que sa voix, comme malgré elle, murmurait tout bas:

«Edmond, Edmond, Edmond!»

<p>CXIII. Le passé</p>

Le comte sortit l’âme navrée de cette maison où il laissait Mercédès pour ne plus la revoir jamais, selon toute probabilité.

Depuis la mort du petit Édouard, un grand changement s’était fait dans Monte-Cristo. Arrivé au sommet de sa vengeance par la pente lente et tortueuse qu’il avait suivie, il avait vu de l’autre côté de la montagne l’abîme du doute.

Il y avait plus: cette conversation qu’il venait d’avoir avec Mercédès avait éveillé tant de souvenirs dans son cœur, que ces souvenirs eux-mêmes avaient besoin d’être combattus.

Un homme de la trempe du comte ne pouvait flotter longtemps dans cette mélancolie qui peut faire vivre les esprits vulgaires en leur donnant une originalité apparente, mais qui tue les âmes supérieures. Le comte se dit que pour en être presque arrivé à se blâmer lui-même, il fallait qu’une erreur se fût glissée dans ses calculs.

«Je regarde mal le passé, dit-il, et ne puis m’être trompé ainsi.

«Quoi! continua-t-il, le but que je m’étais proposé serait un but insensé! Quoi! j’aurais fait fausse route depuis dix ans! Quoi! une heure aurait suffi pour prouver à l’architecte que l’œuvre de toutes ses espérances était une œuvre, sinon impossible, du moins sacrilège!

«Je ne veux pas m’habituer à cette idée, elle me rendrait fou. Ce qui manque à mes raisonnements d’aujourd’hui, c’est l’appréciation exacte du passé parce que je revois ce passé de l’autre bout de l’horizon. En effet, à mesure qu’on s’avance, le passé, pareil au paysage à travers lequel on marche, s’efface à mesure qu’on s’éloigne. Il m’arrive ce qui arrive aux gens qui se sont blessés en rêve, ils regardent et sentent leur blessure, et ne se souviennent pas de l’avoir reçue.

«Allons donc, homme régénéré; allons, riche extravagant; allons, dormeur éveillé; allons, visionnaire tout-puissant; allons, millionnaire invincible, reprends pour un instant cette funeste perspective de la vie misérable et affamée; repasse par les chemins où la fatalité t’a poussé, où le malheur t’a conduit, où le désespoir t’a reçu; trop de diamants, d’or et de bonheur rayonnent aujourd’hui sur les verres de ce miroir où Monte-Cristo regarde Dantès, cache ces diamants, souille cet or, efface ces rayons; riche, retrouve le pauvre; libre, retrouve le prisonnier, ressuscité, retrouve le cadavre.»

Et tout en disant cela à lui-même, Monte-Cristo suivait la rue de la Caisserie. C’était la même par laquelle, vingt-quatre ans auparavant, il avait été conduit par une garde silencieuse et nocturne; ces maisons, à l’aspect riant et animé, elles étaient cette nuit-là sombres, muettes et fermées.

«Ce sont cependant les mêmes, murmura Monte-Cristo, seulement alors il faisait nuit, aujourd’hui il fait grand jour; c’est le soleil qui éclaire tout cela et qui rend tout cela joyeux.»

Il descendit sur le quai par la rue Saint-Laurent, et s’avança vers la Consigne: c’était le point du port où il avait été embarqué. Un bateau de promenade passait avec son dais de coutil; Monte-Cristo appela le patron, qui nagea aussitôt vers lui avec l’empressement que mettent à cet exercice les bateliers qui flairent une bonne aubaine.

Le temps était magnifique, le voyage fut une fête. À l’horizon le soleil descendait, rouge et flamboyant, dans les flots qui s’embrasaient à son approche; la mer, unie comme un miroir, se ridait parfois sous les bonds des poissons qui, poursuivis par quelque ennemi caché, s’élançaient hors de l’eau pour demander leur salut à un autre élément, enfin, à l’horizon l’on voyait passer, blanches et gracieuses comme des mouettes voyageuses, les barques de pécheurs qui se rendent aux Martigues, ou les bâtiments marchands chargés pour la Corse ou pour l’Espagne.

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