Читаем Le Comte de Monte-Cristo. Tome IV полностью

Monte-Cristo laissa s’éloigner Maximilien, demeurant au même endroit jusqu’à ce qu’il eût disparu, puis alors il s’achemina vers les Allées de Meilhan, afin de retrouver la petite maison que les commencements de cette histoire ont dû rendre familière à nos lecteurs.

Cette maison s’élevait encore à l’ombre de la grande allée de tilleuls qui sert de promenade aux Marseillais oisifs, tapissée de vastes rideaux de vigne qui croisaient, sur la pierre jaunie par l’ardent soleil du Midi, leurs bras noircis et déchiquetés par l’âge. Deux marches de pierre, usées par le frottement des pieds, conduisaient à la porte d’entrée, porte faite de trois planches qui jamais, malgré leurs réparations annuelles, n’avaient connu le mastic et la peinture, attendant patiemment que l’humidité revînt pour les approcher.

Cette maison, toute charmante malgré sa vétusté, toute joyeuse malgré son apparente misère, était bien la même qu’habitait autrefois le père Dantès. Seulement le vieillard habitait la mansarde, et le comte avait mis la maison tout entière à la disposition de Mercédès.

Ce fut là qu’entra cette femme au long voile que Monte-Cristo avait vue s’éloigner du navire en partance, elle en fermait la porte au moment même où il apparaissait à l’angle d’une rue, de sorte qu’il la vit disparaître presque aussitôt qu’il la retrouva.

Pour lui, les marches usées étaient d’anciennes connaissances; il savait mieux que personne ouvrir cette vieille porte, dont un clou à large tête soulevait le loquet intérieur.

Aussi entra-t-il sans frapper, sans prévenir, comme un ami, comme un hôte.

Au bout d’une allée pavée de briques s’ouvrait, riche de chaleur, de soleil et de lumière, un petit jardin, le même où, à la place indiquée, Mercédès avait trouvé la somme dont la délicatesse du comte avait fait remonter le dépôt à vingt-quatre ans; du seuil de la porte de la rue on apercevait les premiers arbres de ce jardin.

Arrivé sur le seuil, Monte-Cristo entendit un soupir qui ressemblait à un sanglot: ce soupir guida son regard, et sous un berceau de jasmin de Virginie au feuillage épais et aux longues fleurs de pourpre, il aperçut Mercédès assise, inclinée et pleurant.

Elle avait relevé son voile, et seule à la face du ciel, le visage caché par ses deux mains, elle donnait librement l’essor à ses soupirs et à ses sanglots, si longtemps contenus par la présence de son fils.

Monte-Cristo fit quelques pas en avant; le sable cria sous ses pieds.

Mercédès releva la tête et poussa un cri d’effroi en voyant un homme devant elle.

«Madame, dit le comte, il n’est plus en mon pouvoir de vous apporter le bonheur, mais je vous offre la consolation: daignerez-vous l’accepter comme vous venant d’un ami?

– Je suis, en effet, bien malheureuse, répondit Mercédès: seule au monde… Je n’avais que mon fils, et il m’a quittée.

– Il a bien fait, madame, répliqua le comte, c’est un noble cœur. Il a compris que tout homme doit un tribut à la patrie: les uns leurs talents, les autres leur industrie; ceux-ci leurs veilles, ceux-là leur sang. En restant avec vous, il eût usé près de vous sa vie devenue inutile, il n’aurait pu s’accoutumer à vos douleurs. Il serait devenu haineux par impuissance: il deviendra grand et fort en luttant contre son adversité qu’il changera en fortune. Laissez-le reconstituer votre avenir à tous deux, madame; j’ose vous promettre qu’il est en de sûres mains.

– Oh! dit la pauvre femme en secouant tristement la tête, cette fortune dont vous parlez, et que du fond de mon âme je prie Dieu de lui accorder, je n’en jouirai pas, moi. Tant de choses se sont brisées en moi et autour de moi, que je me sens près de ma tombe. Vous avez bien fait, monsieur le comte, de me rapprocher de l’endroit où j’ai été si heureuse: c’est là où l’on a été heureux que l’on doit mourir.

– Hélas! dit Monte-Cristo, toutes vos paroles, madame, tombent amères et brûlantes sur mon cœur, d’autant plus amères et plus brûlantes que vous avez raison de me haïr; c’est moi qui ai causé tous vos maux: que ne me plaignez-vous au lieu de m’accuser? vous me rendriez bien plus malheureux encore…

– Vous haïr, vous accuser, vous, Edmond… Haïr, accuser l’homme qui a sauvé la vie de mon fils, car c’était votre intention fatale et sanglante, n’est-ce pas, de tuer à M. de Morcerf ce fils dont il était fier? Oh! regardez-moi, et vous verrez s’il y a en moi l’apparence d’un reproche.»

Le comte souleva son regard et l’arrêta sur Mercédès qui, à moitié debout, étendait ses deux mains vers lui.

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