Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

– Malheureusement, dit Monte-Cristo, on n’est pas millionnaire à vie comme on est baron, pair de France ou académicien; témoins les millionnaires Frank et Poulmann, de Francfort, qui viennent de faire banqueroute.

– Vraiment? dit Danglars en pâlissant.

– Ma foi, j’en ai reçu la nouvelle ce soir par un courrier; j’avais quelque chose comme un million chez eux; mais, averti à temps, j’en ai exigé le remboursement voici un mois à peu près.

– Ah! mon Dieu! reprit Danglars; ils ont tiré sur moi pour deux cent mille francs.

– Eh bien, vous voilà prévenu; leur signature vaut cinq pour cent.

– Oui, mais je suis prévenu trop tard, dit Danglars, j’ai fait honneur à leur signature.

– Bon! dit Monte-Cristo, voilà deux cent mille francs qui sont allés rejoindre…

– Chut! dit Danglars; ne parlez donc pas de ces choses-là…»

Puis, s’approchant de Monte-Cristo: «surtout devant M. Cavalcanti fils», ajouta le banquier, qui, en prononçant ces mots, se tourna en souriant du côté du jeune homme.

Morcerf avait quitté le comte pour aller parler à sa mère. Danglars le quitta pour saluer Cavalcanti fils. Monte-Cristo se trouva un instant seul.

Cependant la chaleur commençait à devenir excessive.

Les valets circulaient dans les salons avec des plateaux chargés de fruits et de glaces.

Monte-Cristo essuya avec son mouchoir son visage mouillé de sueur; mais il se recula quand le plateau passa devant lui, et ne prit rien pour se rafraîchir.

Mme de Morcerf ne perdait pas du regard Monte-Cristo. Elle vit passer le plateau sans qu’il y touchât; elle saisit même le mouvement par lequel il s’en éloigna.

«Albert, dit-elle, avez-vous remarqué une chose?

– Laquelle, ma mère?

– C’est que le comte n’a jamais voulu accepter de dîner chez M. de Morcerf.

– Oui, mais il a accepté de déjeuner chez moi, puisque c’est par ce déjeuner qu’il a fait son entrée dans le monde.

– Chez vous n’est pas chez le comte, murmura Mercédès, et, depuis qu’il est ici, je l’examine.

– Eh bien?

– Eh bien, il n’a encore rien pris.

– Le comte est très sobre.»

Mercédès sourit tristement.

«Rapprochez-vous de lui, dit-elle, et, au premier plateau qui passera, insistez.

– Pourquoi cela, ma mère?

– Faites-moi ce plaisir, Albert», dit Mercédès.

Albert baisa la main de sa mère, et alla se placer près du comte.

Un autre plateau passa chargé comme les précédents; elle vit Albert insister près du comte, prendre même une glace et la lui présenter, mais il refusa obstinément.

Albert revint près de sa mère; la comtesse était très pâle.

«Eh bien, dit-elle, vous voyez, il a refusé.

– Oui; mais en quoi cela peut-il vous préoccuper?

– Vous le savez, Albert, les femmes sont singulières. J’aurais vu avec plaisir le comte prendre quelque chose chez moi, ne fût-ce qu’un grain de grenade. Peut-être au reste ne s’accommode-t-il pas des coutumes françaises, peut-être a-t-il des préférences pour quelque chose.

– Mon Dieu, non! je l’ai vu en Italie prendre de tout; sans doute qu’il est mal disposé ce soir.

– Puis, dit la comtesse, ayant toujours habité des climats brillants, peut-être est-il moins sensible qu’un autre à la chaleur?

– Je ne crois pas, car il se plaignait d’étouffer, demandait pourquoi, puisqu’on a déjà ouvert les fenêtres, on n’a pas aussi ouvert les jalousies.

– En effet, dit Mercédès, c’est un moyen de m’assurer si cette abstinence est un parti pris.»

Et elle sortit du salon.

Un instant après, les persiennes s’ouvrirent, et l’on put, à travers les jasmins et les clématites qui garnissaient les fenêtres, voir tout le jardin illuminé avec les lanternes et le souper servi sous la tente.

Danseurs et danseuses, joueurs et causeurs poussèrent un cri de joie: tous ces poumons altérés aspiraient avec délices l’air qui entrait à flots.

Au même moment, Mercédès reparut, plus pâle qu’elle n’était sortie, mais avec cette fermeté de visage qui était remarquable chez elle dans certaines circonstances. Elle alla droit au groupe dont son mari formait le centre:

«N’enchaînez pas ces messieurs ici, monsieur le comte, dit-elle, ils aimeront autant, s’ils ne jouent pas, respirer au jardin qu’étouffer ici.

– Ah! madame, dit un vieux général fort galant, qui avait chanté: Partons pour la Syrie! en 1809, nous n’irons pas seuls au jardin.

– Soit, dit Mercédès, je vais donc donner l’exemple.»

Et se retournant vers Monte-Cristo:

«Monsieur le comte, dit-elle, faites-moi l’honneur de m’offrir votre bras.»

Le comte chancela presque à ces simples paroles; puis il regarda un moment Mercédès. Ce moment eut la rapidité de l’éclair, et cependant il parut à la comtesse qu’il durait un siècle, tant Monte-Cristo avait mis de pensées dans ce seul regard. Il offrit son bras à la comtesse; elle s’y appuya, ou, pour mieux dire, elle l’effleura de sa petite main, et tous deux descendirent un des escaliers du perron bordé de rhododendrons et de camélias. Derrière eux, et par l’autre escalier, s’élancèrent dans le jardin, avec de bruyantes exclamations de plaisir, une vingtaine de promeneurs.

<p id="_Toc113980135">LXXI. Le pain et le sel.</p>
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