Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

– Étiez-vous hier à l’Opéra?

– Non.

– Il y était, lui.

– Ah! vraiment! Et l’excentric man a-t-il fait quelque nouvelle originalité?

– Peut-il se montrer sans cela? Elssler dansait dans le Diable boiteux ; la princesse grecque était dans le ravissement. Après la cachucha, il a passé une bague magnifique dans la queue du bouquet, et l’a jeté à la charmante danseuse, qui au troisième acte a reparu, pour lui faire honneur, avec sa bague au doigt. Et sa princesse grecque, l’aurez-vous?

– Non, il faut que vous vous en priviez; sa position dans la maison du comte n’est pas assez fixée.

– Tenez, laissez-moi ici et allez saluer Mme de Villefort, dit la baronne: je vois qu’elle meurt d’envie de vous parler.»

Albert salua Mme Danglars et s’avança vers Mme de Villefort, qui ouvrit la bouche à mesure qu’il approchait.

«Je parie, dit Albert en l’interrompant, que je sais ce que vous allez me dire?

– Ah! par exemple! dit Mme de Villefort.

– Si je devine juste, me l’avouerez-vous?

– Oui.

– D’honneur?

– D’honneur.

– Vous alliez me demander si le comte de Monte-Cristo était arrivé ou allait venir?

– Pas du tout. Ce n’est pas de lui que je m’occupe en ce moment. J’allais vous demander si vous aviez reçu des nouvelles de M. Franz.

– Oui, hier.

– Que vous disait-il?

– Qu’il partait en même temps que sa lettre.

– Bien! Maintenant, le comte?

– Le comte viendra, soyez tranquille.

– Vous savez qu’il a un autre nom que Monte-Cristo?

– Non, je ne savais pas.

– Monte-Cristo est un nom d’île, et il a un nom de famille.

– Je ne l’ai jamais entendu prononcer.

– Eh bien, je suis plus avancée que vous; il s’appelle Zaccone.

– C’est possible.

– Il est Maltais.

– C’est possible encore.

– Fils d’un armateur.

– Oh! mais, en vérité, vous devriez raconter ces choses-là tout haut, vous auriez le plus grand succès.

– Il a servi dans l’Inde, exploite une mine d’argent en Thessalie, et vient à Paris pour faire un établissement d’eaux minérales à Auteuil.

– Eh bien, à la bonne heure, dit Morcerf, voilà des nouvelles! Me permettez-vous de les répéter?

– Oui, mais petit à petit, une à une, sans dire qu’elles viennent de moi.

– Pourquoi cela?

– Parce que c’est presque un secret surpris.

– À qui?

– À la police.

– Alors ces nouvelles se débitaient…

– Hier soir, chez le préfet. Paris s’est ému, vous le comprenez bien, à la vue de ce luxe inusité, et la police a pris des informations.

– Bien! il ne manquait plus que d’arrêter le comte comme vagabond, sous prétexte qu’il est trop riche.

– Ma foi, c’est ce qui aurait bien pu lui arriver si les renseignements n’avaient pas été si favorables.

– Pauvre comte, et se doute-t-il du péril qu’il a couru?

– Je ne crois pas.

– Alors, c’est charité que de l’en avertir. À son arrivée je n’y manquerai pas.»

En ce moment un beau jeune homme aux yeux vifs aux cheveux noirs, à la moustache luisante, vint saluer respectueusement Mme de Villefort. Albert lui tendit la main.

«Madame, dit Albert, j’ai l’honneur de vous présenter M. Maximilien Morrel, capitaine aux spahis, l’un de nos bons et surtout de nos braves officiers.

– J’ai déjà eu le plaisir de rencontrer monsieur à Auteuil, chez M. le comte de Monte-Cristo», répondit Mme de Villefort en se détournant avec une froideur marquée.

Cette réponse, et surtout le ton dont elle était faite, serrèrent le cœur du pauvre Morrel; mais une compensation lui était ménagée: en se retournant, il vit à l’encoignure de la porte une belle et blanche figure dont les yeux dilatés et sans expression apparente s’attachaient sur lui, tandis que le bouquet de myosotis montait lentement à ses lèvres.

Ce salut fut si bien compris que Morrel, avec la même expression de regard, approcha à son tour son mouchoir de sa bouche; et les deux statues vivantes dont le cœur battait si rapidement sous le marbre apparent de leur visage, séparées l’une de l’autre par toute la largeur de la salle, s’oublièrent un instant, ou plutôt un instant oublièrent tout le monde dans cette muette contemplation.

Elles eussent pu rester plus longtemps ainsi perdues l’une dans l’autre, sans que personne remarquât leur oubli de toutes choses: le comte de Monte-Cristo venait d’entrer.

Nous l’avons déjà dit, le comte, soit prestige factice, soit prestige naturel, attirait l’attention partout où il se présentait, ce n’était pas son habit noir, irréprochable il est vrai dans sa coupe, mais simple et sans décorations; ce n’était pas son gilet blanc sans aucune broderie, ce n’était pas son pantalon emboîtant un pied de la forme la plus délicate, qui attiraient l’attention: c’étaient son teint mat, ses cheveux noirs ondés, c’était son visage calme et pur, c’était son œil profond et mélancolique, c’était enfin sa bouche dessinée avec une finesse merveilleuse, et qui prenait si facilement l’expression d’un haut dédain, qui faisaient que tous les yeux se fixaient sur lui.

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