Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

Il pouvait y avoir des hommes plus beaux, mais il n’y en avait certes pas de plus significatifs, qu’on nous passe cette expression: tout dans le comte voulait dire quelque chose et avait sa valeur; car l’habitude de la pensée utile avait donné à ses traits, à l’expression de son visage et au plus insignifiant de ses gestes une souplesse et une fermeté incomparables.

Et puis notre monde parisien est si étrange, qu’il n’eût peut être point fait attention à tout cela, s’il n’y eût eu sous tout cela une mystérieuse histoire dorée par une immense fortune.

Quoi qu’il en soit, il s’avança, sous le poids des regards et à travers l’échange des petits saluts jusqu’à Mme de Morcerf, qui, debout devant la cheminée garnie de fleurs, l’avait vu apparaître dans une glace placée en face de la porte, et s’était préparée pour le recevoir.

Elle se retourna donc vers lui avec un sourire composé au moment même où il s’inclinait devant elle.

Sans doute elle crut que le comte allait lui parler; sans doute, de son côté, le comte crut qu’elle allait lui adresser la parole; mais des deux côtés ils restèrent muets, tant une banalité leur semblait sans doute indigne de tous deux; et, après un échange de saluts, Monte-Cristo se dirigea vers Albert, qui venait à lui la main ouverte.»

«Vous avez vu ma mère? Demanda Albert.

– Je viens d’avoir l’honneur de la saluer, dit le comte, mais je n’ai point aperçu votre père.

– Tenez! il cause politique, là-bas, dans ce petit groupe de grandes célébrités.

– En vérité, dit Monte-Cristo, ces messieurs que je vois là-bas sont des célébrités? je ne m’en serais pas douté! Et de quel genre? Il y a des célébrités de toute espèce, comme vous savez.

– Il y a d’abord un savant, ce grand monsieur sec; il a découvert dans la campagne de Rome une espèce de lézard qui a une vertèbre de plus que les autres, et il est revenu faire part à l’Institut de cette découverte. La chose a été longtemps contestée: mais force est restée au grand monsieur sec. La vertèbre avait fait beaucoup de bruit dans le monde savant; le grand monsieur sec n’était que chevalier de la Légion d’honneur, on l’a nommé officier.

– À la bonne heure! dit Monte-Cristo, voilà une croix qui me paraît sagement donnée; alors, s’il trouve une seconde vertèbre, on le fera commandeur?

– C’est probable, dit Morcerf.

– Et cet autre qui a eu la singulière idée de s’affubler d’un habit bleu brodé de vert, quel peut-il être?

– Ce n’est pas lui qui a eu l’idée de s’affubler de cet habit: c’est la République, laquelle, comme vous le savez, était un peu artiste, et qui, voulant donner un uniforme aux académiciens, a prié David de leur dessiner un habit.

– Ah! vraiment, dit Monte-Cristo; ainsi ce monsieur est académicien?

– Depuis huit jours il fait partie de la docte assemblée.

– Et quel est son mérite, sa spécialité?

– Sa spécialité? Je crois qu’il enfonce des épingles dans la tête des lapins, qu’il fait manger de la garance aux poules et qu’il repousse avec des baleines la moelle épinière des chiens.

– Et il est de l’Académie des sciences pour cela?

– Non pas, de l’Académie française.

– Mais qu’a donc à faire l’Académie française là-dedans?

– Je vais vous dire, il paraît…

– Que ses expériences ont fait faire un grand pas à la science, sans doute?

– Non, mais qu’il écrit en fort bon style.

– Cela doit, dit Monte-Cristo, flatter énormément l’amour-propre des lapins à qui il enfonce des épingles dans la tête, des poules dont il teint les os en rouge, et des chiens dont il repousse la moelle épinière.»

Albert se mit à rire.

«Et cet autre? demanda le comte.

– Cet autre?

– Oui, le troisième.

– Ah! l’habit bleu barbeau?

– Oui.

– C’est un collègue du comte, qui vient de s’opposer le plus chaudement à ce que la Chambre des pairs ait un uniforme; il a eu un grand succès de tribune à ce propos-là; il était mal avec les gazettes libérales, mais sa noble opposition aux désirs de la cour vient de le raccommoder avec elles; on parle de le nommer ambassadeur.

– Et quels sont ses titres à la pairie?

– Il a fait deux ou trois opéras-comiques, pris quatre ou cinq actions au Siècle, et voté cinq ou six ans pour le ministère.

– Bravo! vicomte, dit Monte-Cristo en riant, vous êtes un charmant cicérone; maintenant vous me rendrez un service, n’est-ce pas?

– Lequel?

– Vous ne me présenterez pas à ces messieurs, et s’ils demandent à m’être présentés, vous me préviendrez.»

En ce moment le comte sentit qu’on lui posait la main sur le bras; il se retourna, c’était Danglars.

«Ah! c’est vous, baron! dit-il.

– Pourquoi m’appelez-vous baron? dit Danglars; vous savez bien que je ne tiens pas à mon titre. Ce n’est pas comme vous, vicomte; vous y tenez, n’est-ce pas, vous?».

– Certainement, répondit Albert, attendu que si je n’étais pas vicomte, je ne serais plus rien, tandis que vous, vous pouvez sacrifier votre titre de baron, vous resterez encore millionnaire.

– Ce qui me paraît le plus beau titre sous la royauté de Juillet, reprit Danglars.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Отверженные
Отверженные

Великий французский писатель Виктор Гюго — один из самых ярких представителей прогрессивно-романтической литературы XIX века. Вот уже более ста лет во всем мире зачитываются его блестящими романами, со сцен театров не сходят его драмы. В данном томе представлен один из лучших романов Гюго — «Отверженные». Это громадная эпопея, представляющая целую энциклопедию французской жизни начала XIX века. Сюжет романа чрезвычайно увлекателен, судьбы его героев удивительно связаны между собой неожиданными и таинственными узами. Его основная идея — это путь от зла к добру, моральное совершенствование как средство преобразования жизни.Перевод под редакцией Анатолия Корнелиевича Виноградова (1931).

Виктор Гюго , Вячеслав Александрович Егоров , Джордж Оливер Смит , Лаванда Риз , Марина Колесова , Оксана Сергеевна Головина

Проза / Классическая проза / Классическая проза ХIX века / Историческая литература / Образование и наука
1984. Скотный двор
1984. Скотный двор

Роман «1984» об опасности тоталитаризма стал одной из самых известных антиутопий XX века, которая стоит в одном ряду с «Мы» Замятина, «О дивный новый мир» Хаксли и «451° по Фаренгейту» Брэдбери.Что будет, если в правящих кругах распространятся идеи фашизма и диктатуры? Каким станет общественный уклад, если власть потребует неуклонного подчинения? К какой катастрофе приведет подобный режим?Повесть-притча «Скотный двор» полна острого сарказма и политической сатиры. Обитатели фермы олицетворяют самые ужасные людские пороки, а сама ферма становится символом тоталитарного общества. Как будут существовать в таком обществе его обитатели – животные, которых поведут на бойню?

Джордж Оруэлл

Классический детектив / Классическая проза / Прочее / Социально-психологическая фантастика / Классическая литература