Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

La fenêtre où l’on travaillait était en face de l’ouverture par laquelle le comte plongeait son regard dans le cabinet. Ses yeux se fixèrent donc vers cette fenêtre: il vit une ombre se dessiner plus épaisse sur l’obscurité; puis un des carreaux devint tout à fait opaque, comme si l’on y collait du dehors une feuille de papier, puis le carreau craqua sans tomber. Par l’ouverture pratiquée, un bras passa qui chercha l’espagnolette; une seconde après la fenêtre tourna sur ses gonds, et un homme entra.

L’homme était seul.

«Voilà un hardi coquin», murmura le comte.

En ce moment il sentit qu’Ali lui touchait doucement l’épaule; il se retourna: Ali lui montrait la fenêtre de la chambre où ils étaient, et qui donnait sur la rue.

Monte-Cristo fit trois pas vers cette fenêtre, il connaissait l’exquise délicatesse des sens du fidèle serviteur. En effet, il vit un autre homme qui se détachait d’une porte, et, montant sur une borne, semblait chercher à voir ce qui se passait chez le comte.

«Bon! dit-il, ils sont deux: l’un agit, l’autre guette!»

Il fit signe à Ali de ne pas perdre des yeux l’homme de la rue, et revint à celui du cabinet.

Le coupeur de vitres était entré et s’orientait, les bras tendus en avant.

Enfin il parut s’être rendu compte de toutes choses; il y avait deux portes dans le cabinet, il alla pousser les verrous de toutes deux.

Lorsqu’il s’approcha de celle de la chambre à coucher, Monte-Cristo crut qu’il venait pour entrer, et prépara un de ses pistolets; mais il entendit simplement le bruit des verrous glissant dans leurs anneaux de cuivre. C’était une précaution, voilà tout; le nocturne visiteur, ignorant le soin qu’avait pris le comte d’enlever les gâches, pouvait désormais se croire chez lui et agir en toute tranquillité.

Seul et libre de tous ses mouvements, l’homme alors tira de sa large poche quelque chose, que le comte ne put distinguer, posa ce quelque chose sur un guéridon, puis il alla droit au secrétaire, le palpa à l’endroit de la serrure, et s’aperçut que, contre son attente, la clef manquait.

Mais le casseur de vitres était un homme de précaution et qui avait tout prévu; le comte entendit bientôt ce froissement du fer contre le fer que produit, quand on le remue, ce trousseau de clefs informes qu’apportent les serruriers quand on les envoie chercher pour ouvrir une porte, et auxquels les voleurs ont donné le nom de rossignols, sans doute à cause du plaisir qu’ils éprouvent à entendre leur chant nocturne, lorsqu’ils grincent contre le pêne de la serrure.

«Ah! ah! murmura Monte-Cristo avec un sourire de désappointement, ce n’est qu’un voleur.»

Mais l’homme, dans l’obscurité, ne pouvait choisir l’instrument convenable. Il eut alors recours à l’objet qu’il avait posé sur le guéridon; il fit jouer un ressort, et aussitôt une lumière pâle, mais assez vive cependant pour qu’on pût voir, envoya son reflet doré sur les mains et sur le visage de cet homme.

«Tiens! fit tout à coup Monte-Cristo en se reculant avec un mouvement de surprise, c’est…»

Ali leva sa hache.

«Ne bouge pas, lui dit Monte-Cristo tout bas, et laisse là ta hache, nous n’avons plus besoin d’armes ici.»

Puis il ajouta quelques mots en baissant encore la voix, car l’exclamation, si faible qu’elle fût, que la surprise avait arrachée au comte, avait suffi pour faire tressaillir l’homme, qui était resté dans la pose du rémouleur antique. C’était un ordre que venait de donner le comte, car aussitôt Ali s’éloigna sur la pointe du pied, détacha de la muraille de l’alcôve un vêtement noir et un chapeau triangulaire. Pendant ce temps, Monte-Cristo ôtait rapidement sa redingote, son gilet et sa chemise, et l’on pouvait, grâce au rayon de lumière filtrant par la fente du panneau, reconnaître sur la poitrine du comte une de ces souples et fines tuniques de mailles d’acier, dont la dernière, dans cette France où l’on ne craint plus les poignards, fut peut-être portée par le roi Louis XVI, qui craignait le couteau pour sa poitrine, et qui fut frappé d’une hache à la tête.

Cette tunique disparut bientôt sous une longue soutane comme les cheveux du comte sous une perruque à tonsure; le chapeau triangulaire, placé sur la perruque, acheva de changer le comte en abbé.

Cependant l’homme n’entendant plus rien, s’était relevé, et pendant le temps que Monte-Cristo opérait sa métamorphose, était allé droit au secrétaire, dont la serrure commençait à craquer sous son rossignol.

«Bon! murmura le comte, lequel se reposait sans doute sur quelque secret de serrurerie qui devait être inconnu au crocheteur de portes, si habile qu’il fût bon! tu en as pour quelques minutes.» Et il alla à la fenêtre.

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