Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

L’homme qu’il avait vu monter sur une borne en était descendu, et se promenait toujours dans la rue; mais, chose singulière, au lieu de s’inquiéter de ceux qui pouvaient venir, soit par l’avenue des Champs-Élysées, soit par le faubourg Saint-Honoré, il ne paraissait préoccupé que de ce qui se passait chez le comte, et tous ses mouvements avaient pour but de voir ce qui se passait dans le cabinet.

Monte-Cristo, tout à coup, se frappa le front et laissa errer sur ses lèvres entrouvertes un rire silencieux.

Puis se rapprochant d’Ali:

«Demeure ici, lui dit-il tout bas, caché dans l’obscurité, et quel que soit le bruit que tu entendes, quelque chose qui se passe, n’entre et ne te montre que si je t’appelle par ton nom.»

Ali fit signe de la tête qu’il avait compris et qu’il obéirait.

Alors Monte-Cristo tira d’une armoire une bougie tout allumée, et au moment où le voleur était le plus occupé à sa serrure, il ouvrit doucement la porte ayant soin que la lumière qu’il tenait à la main donnât tout entière sur son visage.

La porte tourna si doucement que le voleur n’entendit pas le bruit. Mais, à son grand étonnement, il vit tout à coup la chambre s’éclairer.

Il se retourna.

«Eh! bonsoir, cher monsieur Caderousse, dit Monte-Cristo; que diable venez-vous donc faire ici à une pareille heure!

– L’abbé Busoni!» s’écria Caderousse.

Et ne sachant comment cette étrange apparition était venue jusqu’à lui, puisqu’il avait fermé les portes, il laissa tomber son trousseau de fausses clefs, et resta immobile et comme frappé de stupeur.

Le comte alla se placer entre Caderousse et la fenêtre, coupant ainsi au voleur terrifié son seul moyen de retraite.

«L’abbé Busoni! répéta Caderousse en fixant sur le comte des yeux hagards.

– Eh bien, sans doute, l’abbé Busoni, reprit Monte-Cristo, lui-même en personne, et je suis bien aise que vous me reconnaissiez, mon cher monsieur Caderousse, cela prouve que nous avons bonne mémoire, car, si je ne me trompe, voilà tantôt dix ans que nous ne nous sommes vus.»

Ce calme, cette ironie, cette puissance, frappèrent l’esprit de Caderousse d’une terreur vertigineuse.

«L’abbé! l’abbé! murmura-t-il en crispant ses poings et en faisant claquer ses dents.

– Nous voulons donc voler le comte de Monte-Cristo? continua le prétendu abbé.

– Monsieur l’abbé, murmura Caderousse cherchant à gagner la fenêtre que lui interceptait impitoyablement le comte, monsieur l’abbé, je ne sais… je vous prie de croire… je vous jure…

– Un carreau coupé, continua le comte, une lanterne sourde, un trousseau de rossignols, un secrétaire à demi forcé, c’est clair cependant.»

Caderousse s’étranglait avec sa cravate, il cherchait un angle où se cacher, un trou par où disparaître.

«Allons, dit le comte, je vois que vous êtes toujours le même, monsieur l’assassin.

– Monsieur l’abbé, puisque vous savez tout, vous savez que ce n’est pas moi, que c’est la Carconte; ç’a été reconnu au procès, puisqu’ils ne m’ont condamné qu’aux galères.

– Vous avez donc fini votre temps, que je vous retrouve en train de vous y faire ramener?

– Non, monsieur l’abbé, j’ai été délivré par quelqu’un.

– Ce quelqu’un-là a rendu un charmant service à la société.

– Ah! dit Caderousse, j’avais cependant bien promis…

– Ainsi, vous êtes en rupture de ban? interrompit Monte-Cristo.

– Hélas! oui, fit Caderousse, très inquiet.

– Mauvaise récidive… Cela vous conduira, si je ne me trompe, à la place de Grève. Tant pis, tant pis, diavolo! comme disent les mondains de mon pays.

– Monsieur l’abbé, je cède à un entraînement…

– Tous les criminels disent cela.

– Le besoin…

– Laissez donc, dit dédaigneusement Busoni, le besoin peut conduire à demander l’aumône, à voler un pain à la porte d’un boulanger, mais non à venir forcer un secrétaire dans une maison que l’on croit inhabitée. Et lorsque le bijoutier Joannès venait de vous compter quarante-cinq mille francs en échange du diamant que je vous avais donné, et que vous l’avez tué pour avoir le diamant et l’argent, était-ce aussi le besoin?

– Pardon, monsieur l’abbé, dit Caderousse; vous m’avez déjà sauvé une fois, sauvez-moi encore une seconde.

– Cela ne m’encourage pas.

– Êtes-vous seul, monsieur l’abbé? demanda Caderousse en joignant les mains, ou bien avez-vous là des gendarmes tout prêts à me prendre?

– Je suis tout seul, dit l’abbé, et j’aurai encore pitié de vous et je vous laisserai aller au risque des nouveaux malheurs que peut amener ma faiblesse, si vous me dites toute la vérité.

– Ah! monsieur l’abbé! s’écria Caderousse en joignant les mains et en se rapprochant d’un pas de Monte-Cristo, je puis bien vous dire que vous êtes mon sauveur, vous!

– Vous prétendez qu’on vous a délivré du bagne?

– Oh! ça, foi de Caderousse, monsieur l’abbé!

– Qui cela?

– Un Anglais.

– Comment s’appelait-il?

– Lord Wilmore.

– Je le connais; je saurai donc si vous mentez.

– Monsieur l’abbé, je dis la vérité pure.

– Cet Anglais vous protégeait donc?

– Non pas moi, mais un jeune Corse qui était mon compagnon de chaîne.

– Comment se nommait ce jeune Corse?

– Benedetto.

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