Читаем Le compte de Monte-Cristo Tome III полностью

– À la bonne heure! voilà une existence, dit Caderousse: maison à la ville, maison à la campagne!

– Voilà ce que c’est que d’être riche.

– Et iras-tu dîner?

– Probablement.

– Quand tu y dînes, y couches-tu?

– Quand cela me fait plaisir. Je suis chez le comte comme chez moi.»

Caderousse regarda le jeune homme comme pour arracher la vérité du fond de son cœur. Mais Andrea tira une boîte à cigares de sa poche, y prit un havane, l’alluma tranquillement et commença à le fumer sans affectation.

«Quand veux-tu les cinq cents francs? demanda-t-il à Caderousse.

– Mais tout de suite, si tu les as.»

Andrea tira vingt-cinq louis de sa poche.

«Des jaunets, dit Caderousse; non, merci!

– Eh bien, tu les méprises?

– Je les estime, au contraire, mais je n’en veux pas.

– Tu gagneras le change, imbécile: l’or vaut cinq sous.

– C’est ça, et puis le changeur fera suivre l’ami Caderousse, et puis on lui mettra la main dessus, et puis il faudra qu’il dise quels sont les fermiers qui lui paient ses redevances en or. Pas de bêtises, le petit: de l’argent tout simplement, des pièces rondes à l’effigie d’un monarque quelconque. Tout le monde peut atteindre à une pièce de cinq francs.

– Tu comprends bien que je n’ai pas cinq cents francs sur moi: il m’aurait fallu prendre un commissionnaire.

– Eh bien, laisse-les chez toi, à ton concierge, c’est un brave homme, j’irai les prendre.

– Aujourd’hui?

– Non, demain; aujourd’hui je n’ai pas le temps.

– Eh bien, soit; demain, en partant pour Auteuil, je les laisserai.

– Je peux compter dessus?

– Parfaitement.

– C’est que je vais arrêter d’avance ma bonne, vois-tu.

– Arrête. Mais ce sera fini, hein? tu ne me tourmenteras plus?

– Jamais.»

Caderousse était devenu si sombre, qu’Andrea craignit d’être forcé de s’apercevoir de ce changement. Il redoubla donc de gaieté et d’insouciance.

«Comme tu es guilleret, dit Caderousse; on dirait que tu tiens déjà ton héritage!

– Non pas, malheureusement!… Mais le jour où je le tiendrai…

– Eh bien?

– Eh bien, on se souviendra des amis; je ne te dis que ça.

– Oui, comme tu as bonne mémoire, justement!

– Que veux-tu? je croyais que tu voulais me rançonner.

– Moi! oh! quelle idée! moi qui, au contraire, vais encore te donner un conseil d’ami.

– Lequel?

– C’est de laisser ici le diamant que tu as à ton doigt. Ah çà! mais tu veux donc nous faire prendre? tu veux donc nous perdre tous les deux, que tu fais de pareilles bêtises?

– Pourquoi cela? dit Andrea.

– Comment! tu prends une livrée, tu te déguises en domestique, et tu gardes à ton doigt un diamant de quatre à cinq mille francs!

– Peste! tu estimes juste! Pourquoi ne te fais-tu pas commissaire-priseur?

– C’est que je m’y connais en diamants; j’en ai eu.

– Je te conseille de t’en vanter», dit Andrea, qui, sans se courroucer, comme le craignait Caderousse, de cette nouvelle extorsion, livra complaisamment la bague.

Caderousse la regarda de si près qu’il fut clair pour Andrea qu’il examinait si les arêtes de la coupe étaient bien vives.

«C’est un faux diamant, dit Caderousse.

– Allons donc, fit Andrea, plaisantes-tu?

– Oh! ne te fâche pas, on peut voir.»

Et Caderousse alla à la fenêtre, fit glisser le diamant sur le carreau; on entendit crier la vitre.

«Confiteor! dit Caderousse en passant le diamant à son petit doigt, je me trompais; mais ces voleurs de joailliers imitent si bien les pierres, qu’on n’ose plus aller voler dans les boutiques de bijouterie. C’est encore une branche d’industrie paralysée.

– Eh bien, dit Andrea, est-ce fini? as-tu encore quelque chose à me demander? Ne te gêne pas pendant que tu y es.

– Non, tu es un bon compagnon au fond. Je ne te retiens plus, et je tâcherai de me guérir de mon ambition.

– Mais prends garde qu’en vendant ce diamant, il ne t’arrive ce que tu craignais qu’il ne t’arrivât pour l’or.

– Je ne le vendrai pas, sois tranquille.

– Non, pas d’ici à après-demain, du moins, pensa le jeune homme.

– Heureux coquin! dit Caderousse, tu t’en vas retrouver tes laquais, tes chevaux, ta voiture et ta fiancée.

– Mais oui, dit Andrea.

– Dis donc, j’espère que tu me feras un joli cadeau de noces le jour où tu épouseras la fille de mon ami Danglars.

– Je t’ai déjà dit que c’était une imagination que tu t’étais mise en tête.

– Combien de dot?

– Mais je te dis…

– Un million?»

Andrea haussa les épaules.

«Va pour un million, dit Caderousse, tu n’en auras jamais autant que je t’en désire.

– Merci, dit le jeune homme.

– Oh! c’est de bon cœur, ajouta Caderousse en riant de son gros rire. Attends, que je te reconduise.

– Ce n’est pas la peine.

– Si fait.

– Pourquoi cela?

– Oh! parce qu’il y a un petit secret à la porte; c’est une mesure de précaution que j’ai cru devoir adopter; serrure Huret et Fichet, revue et corrigée par Gaspard Caderousse. Je t’en confectionnerai une pareille quand tu seras capitaliste.

– Merci, dit Andrea; je te ferai prévenir huit jours d’avance.»

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