Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

– Vous êtes bien d’avis, n’est-ce pas, que ce n’est pas elle? ajouta l’autre, un petit homme à la mine basse, à l’œil rond et lumineux comme l’œil des oiseaux de nuit, à la chevelure courte et graisseuse; non, n’est-ce pas, ce n’est point madame de La Motte qu’ils ont marquée? Les suppôts de ces tyrans ont ménagé leur complice. Ils ont trouvé, pour décharger d’accusation Marie-Antoinette, une demoiselle Oliva qui s’avouât prostituée; ils auront pu trouver une fausse madame de La Motte qui s’avouât faussaire. Vous me direz qu’il y a la marque. Bah! comédie payée au bourreau, payée à la victime! C’est plus cher, voilà tout.

Le compagnon de cet homme écoutait en balançant sa tête. Il souriait sans répondre.

– Que me répondez-vous, dit le petit vilain homme; est-ce que vous ne m’approuvez pas?

– C’est beaucoup faire que d’accepter d’être marquée au sein, répliqua-t-il; la comédie dont vous parlez ne me paraît pas prouvée. Vous êtes plus médecin que moi et vous aurez dû sentir la chair brûlée. Souvenir désagréable, je l’avoue.

– Affaire d’argent, vous ai-je dit: on paie une condamnée qui serait marquée pour toute autre chose, on la paie pour dire trois à quatre phrases pompeuses, et puis on la bâillonne quand elle est près de renoncer…

– Là, là, là, dit flegmatiquement celui qu’on avait appelé Maximilien, je ne vous suivrai point sur ce terrain-là, c’est peu solide.

– Hum! fit l’autre. Alors, vous ferez comme les autres badauds; vous finirez par dire que vous avez vu marquer madame de La Motte; voilà de vos caprices. Tout à l’heure ce n’est pas ainsi que vous vous exprimiez, car positivement vous m’avez dit: Je ne crois pas que ce soit madame de La Motte qu’on ait marquée.

– Non, je ne le crois pas encore, reprit le jeune homme en souriant, mais ce n’est pas non plus une de ces condamnées que vous dites.

– Alors, qui est-ce, voyons, quelle est la personne qui a été flétrie, là, sur la place, au lieu de madame de La Motte?

– C’est la reine! dit le jeune homme d’une voix aiguë à son sinistre compagnon, et il ponctua ces mots de son indéfinissable sourire.

L’autre recula en riant aux éclats et en applaudissant à cette plaisanterie, puis regardant autour de lui:

– Adieu, Robespierre, dit-il.

– Adieu, Marat, répondit l’autre.

Et ils se séparèrent.

<p>Chapitre 51</p><p>Le mariage</p>

Le jour même de cette exécution, à midi, le roi sortit de son cabinet, à Versailles, et on l’entendit congédier monsieur de Provence avec ces mots prononcés rudement:

– Monsieur, j’assiste aujourd’hui à une messe de mariage. Ne me parlez point ménage et mauvais ménage, je vous prie; ce serait un mauvais augure pour les nouveaux époux, que j’aime et que je protégerai.

Le comte de Provence fronça le sourcil en souriant, salua profondément son frère et rentra dans ses appartements.

Le roi, poursuivant sa route au milieu de ses courtisans répandus dans les galeries, sourit aux uns et regarda fièrement les autres, selon qu’il les avait vus favorables ou opposés dans l’affaire que le parlement venait de juger.

Il parvint ainsi jusqu’au salon carré, dans lequel se tenait la reine toute parée, dans le cercle de ses dames d’honneur et de ses gentilshommes.

Marie-Antoinette, pâle sous son rouge, écoutait avec une attention affectée les douces questions que madame de Lamballe et monsieur de Calonne lui adressaient sur sa santé.

Mais, souvent à la dérobée, elle regardait vers la porte, cherchant comme quelqu’un qui brûle de voir et se détournant comme quelqu’un qui tremble d’avoir vu.

– Le roi! cria un des huissiers de la chambre. Et dans un flot de broderies, de dentelles et de lumière, elle vit entrer Louis XVI, dont le premier regard au seuil du salon fut pour elle.

Marie-Antoinette se leva et fit trois pas au-devant du roi, qui lui baisa gracieusement la main.

– Vous êtes belle aujourd’hui, belle à miracle, madame! dit-il.

Elle sourit tristement, et, encore une fois, chercha d’un œil vague au milieu de la foule ce point inconnu que nous avons dit qu’elle cherchait.

– Nos jeunes époux ne sont-ils pas là? demanda le roi. Midi va sonner, ce me semble.

– Sire, répondit la reine avec un effort tellement violent que son rouge se gerça sur ses joues et tomba par places, monsieur de Charny seul est arrivé; il attend, dans la galerie, que Votre Majesté lui ordonne d’entrer.

– Charny!… dit le roi sans remarquer le silence expressif qui avait succédé aux paroles de la reine; Charny est là? Qu’il vienne! qu’il vienne!

Quelques gentilshommes se détachèrent pour aller au-devant de monsieur de Charny.

La reine appuya nerveusement ses doigts sur son cœur et se rassit, tournant le dos à la porte.

– Vraiment, c’est qu’il est midi, répéta le roi, la mariée devrait être ici.

Comme le roi prononçait ces paroles, monsieur de Charny parut à l’entrée du salon; il entendit les derniers mots du roi, et répondit aussitôt:

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