Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

Lorsqu’il prit la parole, sa voix tremblante, coupée de soupirs, ses yeux troublés, son maintien humble remuèrent profondément la compassion de l’auditoire. Il s’expliqua lentement, présenta des excuses plutôt que des preuves, des supplications plutôt que des raisonnements, et s’arrêtant tout à coup, lui, l’homme éloquent, disert, il produisit par cette paralysie de son esprit et de son courage un effet plus puissant que tous les plaidoyers et tous les arguments.

Ensuite parut Oliva; la pauvre fille retrouva la sellette. Bien des gens frémirent en voyant cette vivante image de la reine sur le siège honteux qu’avait occupé Jeanne de La Motte; ce fantôme de Marie-Antoinette, reine de France, sur la sellette des voleuses et des faussaires, épouvanta les plus ardents persécuteurs de la monarchie. Ce spectacle aussi en allécha plusieurs, comme le sang que l’on fait goûter au tigre.

Mais on se disait partout que la pauvre Oliva venait, au greffe, de quitter son enfant, qu’elle allaitait, et quand la porte venait à s’ouvrir, les vagissements du fils de monsieur Beausire venaient plaider douloureusement en faveur de sa mère.

Après Oliva parut Cagliostro le moins coupable de tous. Il ne lui fut pas enjoint de s’asseoir, bien que le fauteuil eût été conservé près de la sellette.

La cour craignait le plaidoyer de Cagliostro. Un semblant d’interrogatoire, coupé par le c’est bien! du président d’Aligre, satisfit aux exigences de la formalité.

Et alors, la cour annonça que les débats étaient clos, et que la délibération commençait. La foule s’écoula lentement, par les rues et les quais, se promettant de revenir dans la nuit, pour entendre l’arrêt, qui, disait-on, ne tarderait pas à être prononcé.

<p>Chapitre 48</p><p>D’une grille et d’un abbé</p>

Les débats terminés, après le retentissement de l’interrogatoire et les émotions de la sellette, tous les prisonniers furent logés pour cette nuit à la Conciergerie.

La foule, ainsi que nous l’avons dit, vint au soir se placer en groupes silencieux, quoique animés, sur la place du Palais, pour recevoir fraîchement la nouvelle de l’arrêt aussitôt qu’il serait rendu.

À Paris, chose étrange! les grands secrets sont précisément ceux que la foule connaît avant qu’ils n’aient éclaté dans leur entier développement.

La foule attendait donc, en savourant la réglisse anisée dont ses fournisseurs ambulants trouvaient l’alimentation première sous la première arche du Pont-au-Change.

Il faisait chaud. Les nuages de juin roulaient lourdement les uns sur les autres, comme des panaches d’épaisse fumée. Le ciel brillait à l’horizon de feux pâles et réitérés.

Tandis que le cardinal, à qui la faveur avait été accordée de se promener sur les terrasses qui relient les donjons, s’entretenait avec Cagliostro du succès probable de leur mutuelle défense; tandis qu’Oliva, dans sa cellule, caressait son petit enfant et le berçait entre ses bras; que, dans sa loge, Réteau, l’œil sec, les ongles dans ses dents, comptait en idée les écus promis par monsieur de Crosne et les opposait comme total aux mois de captivité que lui promettait le parlement; pendant ce temps, Jeanne, retirée en la chambre de la concierge, madame Hubert, essayait de distraire son esprit brûlé avec un peu de bruit, avec un peu de mouvement.

Cette chambre, haute de plafond, vaste comme une salle, dallée comme une galerie, était éclairée sur le quai par une grande fenêtre en ogive. Les petites vitres de cette fenêtre interceptaient la plus grande partie du jour, comme si, dans cette chambre même où logeaient des gens libres, on eût dû épouvanter la liberté, un énorme grillage de fer appliqué au-dehors venait sur les vitres mêmes doubler l’obscurité par l’entrecroisement des barres de fer et des filets de plomb qui encadraient chaque losange de verre.

Du reste, la lumière que tamisait ce double crible était comme adoucie pour l’œil des prisonniers. Elle n’avait plus rien de ce rayonnement insolent du soleil libre, elle n’était point faite pour offenser ceux qui ne pouvaient sortir. Il y a dans toutes choses, même dans les mauvaises que l’homme a faites, si le temps, ce pondérateur intermédiaire entre l’homme et Dieu, a passé par-dessus, il y a des harmonies qui mitigent et permettent une transition entre la douleur et le sourire.

C’est dans cette salle que, depuis sa réclusion à la Conciergerie, madame de La Motte vivait tout le jour en compagnie de la concierge, de son fils et de son mari. Nous avons dit qu’elle avait l’esprit souple, le caractère séduisant. Elle s’était fait aimer de ces gens; elle avait trouvé moyen de leur prouver que la reine était une grande coupable. Un jour devait venir où, dans cette même salle, une autre concierge, apitoyée aussi sur les malheurs d’une prisonnière, la croirait innocente en la voyant patiente et bonne, et cette prisonnière, ce serait la reine!

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