Читаем Le Collier de la Reine - Tome II полностью

C’est là que vint s’asseoir le faussaire Villette, qui demanda pardon avec ses larmes et ses prières.

Il déclara tout ce qu’on sait, savoir qu’il était coupable du faux, coupable de complicité avec Jeanne de La Motte. Il témoigna que son repentir, ses remords étaient déjà pour lui un supplice capable de désarmer ses juges.

Celui-là n’intéressait personne; il n’était et ne parut rien autre chose qu’un coquin. Congédié par la cour, il regagna en larmoyant sa cellule de la Conciergerie.

Après lui parut, à l’entrée de la salle, madame de La Motte, conduite par le greffier Frémyn.

Elle était vêtue d’un mantelet et d’une chemise de linon batiste, d’un bonnet de gaze sans rubans; une sorte de gaze blanche lui couvrait le visage; elle portait ses cheveux sans poudre. Sa présence fit une vive impression sur l’assemblée.

Elle venait de subir le premier des outrages auxquels elle était réservée: on l’avait fait passer par le petit escalier, comme les criminels vulgaires.

La chaleur de la salle, le bruit des conversations, le mouvement des têtes qui ondulaient de tous côtés commencèrent par la troubler; ses yeux vacillèrent un moment comme pour s’habituer au miroitement de tout cet ensemble.

Alors le même greffier qui la tenait par la main la conduisit assez vivement à la sellette placée au centre de l’hémicycle et pareille à ce petit bloc sinistre qu’on appelle le billot quand il se dresse sur un échafaud au lieu de s’élever dans une salle d’audience.

À la vue de ce siège infamant qu’on lui destinait, à elle, orgueilleuse de s’appeler Valois, et de tenir en ses mains la destinée d’une reine de France, Jeanne de La Motte pâlit, elle jeta un regard courroucé autour d’elle, comme pour intimider les juges qui se permettaient cet outrage; mais rencontrant partout des volontés fermes, et de la curiosité au lieu de miséricorde, elle refoula son indignation furieuse, et s’assit pour n’avoir pas l’air de tomber sur la sellette.

On remarqua dans les interrogatoires, qu’elle donnait à ses réponses tout le vague duquel les adversaires de la reine eussent pu tirer le plus d’avantage pour défendre leur opinion. Elle ne précisa rien que les affirmations de son innocence, et força le président de lui adresser une question sur l’existence de ces lettres qu’elle disait venir du cardinal pour la reine, de celles aussi que la reine aurait écrites au cardinal.

Tout le venin du serpent allait se répandre dans la réponse à cette question.

Jeanne commença par protester de son désir de ne pas compromettre la reine; elle ajouta que nul mieux que le cardinal ne pouvait répondre à la question.

– Invitez-le, dit-elle, à produire ses lettres ou copie, pour en faire la lecture et satisfaire votre curiosité. Quant à moi, je ne saurais affirmer si ces lettres sont du cardinal à la reine ou de la reine au cardinal; je trouve celles-ci trop libres et trop familières d’une souveraine à un sujet; je trouve celles-là trop irrévérencieuses, venant d’un sujet pour aller à une reine.

Le silence profond, terrible, qui accueillit cette attaque, dut prouver à Jeanne qu’elle n’avait inspiré que de l’horreur à ses ennemis, de l’effroi à ses partisans, de la défiance à ses juges impartiaux. Elle ne quitta la sellette qu’avec le doux espoir que le cardinal y serait assis comme elle. Cette vengeance lui suffisait pour ainsi dire. Que devint-elle quand, en se retournant pour considérer une dernière fois ce siège d’opprobre où elle forçait un Rohan de s’asseoir après elle, elle ne vit plus la sellette, que, sur l’ordre de la cour, les huissiers avaient fait disparaître et remplacer par un fauteuil.

Un rugissement de rage s’exhala de sa poitrine; elle bondit hors de la salle et se mordit les mains avec frénésie.

Son supplice commençait. Le cardinal s’avança lentement à son tour. Il venait de descendre de carrosse: la grande porte avait été ouverte pour lui.

Deux huissiers, deux greffiers l’accompagnaient; le gouverneur de la Bastille marchait à son côté.

À son entrée, un long murmure de sympathie et de respect partit des bancs de la cour. Il y fut répondu par une puissante acclamation du dehors. C’était le peuple qui saluait l’accusé et le recommandait à ses juges.

Le prince Louis était pâle, très ému. Vêtu d’un habit long de cérémonie, il se présentait avec le respect et la condescendance dus à des juges par un accusé qui accepte leur juridiction et l’invoque.

On montra le fauteuil au cardinal, dont les yeux avaient craint de se porter vers l’enceinte, et le président lui ayant adressé un salut et une parole encourageante, toute la cour le pria de s’asseoir avec une bienveillance qui redoubla la pâleur et l’émotion de l’accusé.

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