Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Eh bien, s’il ne te croit pas, tu lui montreras ces billets de caisse, et, en les voyant, il ne doutera plus.

En disant ces mots, Balsamo ouvrit le tiroir d’une table et compta trente billets de caisse de dix mille livres chacun.

Puis il les remit à Gilbert.

– Et c’est de l’argent, cela? demanda le jeune homme.

– Lis.

Gilbert jeta un avide regard sur la liasse qu’il tenait à la main et reconnut la vérité de ce que lui disait Balsamo.

Un éclair de joie brilla dans ses yeux.

– Il serait possible! s’écria-t-il. Mais non, une pareille générosité serait trop sublime.

– Tu es défiant, dit Balsamo; tu as raison, mais habitue-toi à choisir tes sujets de défiance. Prends donc ces cent mille écus, et va chez M. de Taverney.

– Monsieur, dit Gilbert, tant qu’une pareille somme m’aura été donnée sur une simple parole, je ne croirai pas à la réalité de ce don.

Balsamo prit une plume et écrivit:

«Je donne en dot à Gilbert, le jour où il signera son contrat de mariage avec mademoiselle Andrée de Taverney, la somme de cent mille écus que je lui ai remise d’avance, dans l’espoir d’une heureuse négociation.

«Joseph Balsamo.»

– Prends ce papier, va, et ne doute plus.

Gilbert reçut le papier d’une main tremblante.

– Monsieur, dit-il, si je vous dois un pareil bonheur, vous serez le dieu que j’adorerai sur la terre.

– Il n’y a qu’un Dieu qu’il faille adorer, répondit gravement Balsamo, et ce n’est pas moi. Allez, mon ami.

– Une dernière grâce, monsieur?

– Laquelle?

– Donnez-moi cinquante livres.

– Tu me demandes cinquante livres quand tu en tiens trois cent mille entre tes mains?

– Ces trois cent mille livres ne seront à moi, dit Gilbert, que le jour où mademoiselle Andrée consentira à m’épouser.

– Et pourquoi faire ces cinquante livres?

– Afin que j’achète un habit décent avec lequel je puisse me présenter chez le baron.

– Tenez, mon ami. voilà, dit Balsamo.

Et il lui donna les cinquante livres qu’il désirait.

Là-dessus, il congédia Gilbert d’un signe de tête, et, du même pas lent et triste, il rentra dans ses appartements.

<p id="_Toc103006340">Chapitre CLII Les projets de Gilbert</p>

Une fois dans la rue, Gilbert laissa refroidir cette fiévreuse imagination qui, aux derniers mots du comte, l’avait emporté au delà, non seulement du probable, mais encore du possible.

Arrivé à la rue Pastourel, il s’assit sur une borne, et, jetant les yeux autour de lui pour s’assurer que personne ne l’espionnait, il tira de sa poche les billets de caisse tout froissés par le serrement de sa main.

C’est qu’une idée terrible lui était passée par l’esprit et lui avait fait venir la sueur au front.

– Voyons, dit-il en regardant les billets, si cet homme ne m’a point trompé; voyons s’il ne m’a pas tendu un piège; voyons s’il ne m’envoie pas à une mort certaine sous le prétexte de me procurer un bonheur certain; voyons s’il ne fait pas pour moi ce que l’on fait pour le mouton qu’on attire à l’abattoir en lui offrant une poignée d’herbe fleurie. J’ai ouï dire qu’il courait un grand nombre de faux billets de caisse, à l’aide desquels les roués de la cour trompaient les filles d’Opéra. Voyons si le comte ne m’aurait pas pris pour dupe.

Et il détacha de la liasse un de ces billets de dix mille livres; puis, entrant chez un marchand, il demanda, en montrant le billet, l’adresse d’un banquier pour le changer, ainsi que son maître, disait-il, l’en avait chargé.

Le marchand regarda le billet, le tourna et le retourna en l’admirant fort, car la somme était pompeuse et sa boutique bien modeste; puis il indiqua, rue Saint-Avoie, le financier dont Gilbert avait besoin.

Donc, le billet était bon.

Gilbert, joyeux et tout gonflé de sa joie, rendit aussitôt les rênes à son imagination, serra plus précieusement que jamais la liasse dans son mouchoir, et, avisant rue Saint-Avoie un fripier dont l’étalage le séduisit, il fit emplette pour vingt-cinq livres, c’est-à-dire pour un des deux louis que Balsamo lui avait donnés, d’un habit complet de petit drap marron, dont la propreté le charma, d’une paire de bas de soie noire un peu fanés, et de souliers à boucles luisantes; une chemise de toile assez fine compléta le costume, plus décent que riche, dans lequel Gilbert s’admira par un seul coup d’œil donné dans le miroir du fripier.

Puis, laissant ses vieilles hardes comme appoint des vingt-cinq livres, il serra le précieux mouchoir dans sa poche et passa de la boutique du fripier dans celle du perruquier, lequel, en un quart d’heure, acheva de rendre élégante et même belle cette tête si remarquable du protégé de Balsamo.

Enfin, lorsque toutes ces opérations furent accomplies, Gilbert entra chez un boulanger qui demeurait près de la place Louis XV, et acheta dans sa boutique pour deux sous de pain, qu’il mangea rapidement en suivant la route de Versailles.

À la fontaine de la Conférence, il s’arrêta pour boire.

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