Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Oui, oui; vous avez raison, docteur, dit Philippe d’une voix si basse, que le souffle mourait en sortant de ses lèvres; mais enfin la science peut se tromper, et vous avouez que, vous-même, vous vous êtes trompé quelquefois.

– Rarement, monsieur, répondit le docteur; je suis un homme d’études sévères, et ma bouche ne dit oui que lorsque mes yeux et mon esprit ont dit: «J’ai vu – je sais – je suis sûr.» Oui, certes, vous avez raison, monsieur, parfois j’ai pu me tromper comme se trompe toute créature faillible; mais, selon toute probabilité, ce n’est point cette fois-ci. Allons, du calme, et séparons-nous.

Mais Philippe ne pouvait se résigner ainsi. Il posa la main sur le bras du docteur avec un air de si profonde supplication que celui-ci s’arrêta.

– Une dernière, une suprême grâce, monsieur, dit-il; vous voyez dans quel désordre se trouve ma raison; j’éprouve quelque chose qui ressemble comme à de la folie; j’ai besoin, pour savoir si je dois vivre ou mourir, d’une confirmation de cette réalité qui me menace. Je rentre près de ma sœur, je ne lui parlerai que lorsque vous l’aurez revue; réfléchissez.

– C’est à vous de réfléchir, monsieur; car, pour moi, je n’ai pas un mot à ajouter à ce que j’ai dit.

– Monsieur, promettez-moi – mon Dieu! c’est une grâce que le bourreau ne refuserait pas à la victime, – promettez-moi de revenir chez ma sœur après votre visite à Son Altesse madame la dauphine; docteur, au nom du ciel, promettez-moi cela!

– C’est inutile, monsieur; mais vous y tenez, il est de mon devoir de faire ce que vous désirez; en sortant de chez madame la dauphine, j’irai voir votre sœur.

– Oh! merci, merci. Oui, venez, et alors vous avouerez vous-même que vous vous êtes trompé.

– Je le désire de tout mon cœur, monsieur, et, si je me suis trompé, je l’avouerai avec joie. Adieu!

Et le docteur, rendu à la liberté, partit laissant Philippe sur l’esplanade, Philippe tremblant de fièvre, inondé d’une sueur glacée, et ne connaissant plus, dans son transport délirant, ni l’endroit où il se trouvait, ni l’homme avec lequel il avait causé, ni le secret qu’il venait d’apprendre.

Pendant quelques minutes, il regarda, sans comprendre, le ciel qui s’illuminait insensiblement d’étoiles et le pavillon qui s’éclairait.

<p id="_Toc103006331">Chapitre CXLIII Interrogatoire</p>

Aussitôt que Philippe eut repris ses sens et fut parvenu à se rendre maître de sa raison, il se dirigea vers l’appartement d’Andrée.

Mais, à mesure qu’il s’avançait vers le pavillon, le fantôme de son malheur s’évanouissait peu à peu; il lui semblait que c’était un rêve qu’il venait de faire, et non une réalité avec laquelle il avait un instant lutté. Plus il s’éloignait du docteur, plus il devenait incrédule à ses menaces. Bien certainement, la science s’était trompée, mais la vertu n’avait pas failli.

Le docteur ne lui avait-il pas donné complètement raison en promettant de revenir chez sa sœur?

Cependant, lorsque Philippe se retrouva en face d’Andrée, il était si changé, si pâle, si défait, que ce fut à elle à son tour de s’inquiéter pour son frère et de lui demander comment il se pouvait qu’en si peu de temps un si terrible changement se fût opéré en lui.

Une seule chose pouvait avoir produit un pareil effet sur Philippe.

– Mon Dieu! mon frère, demanda Andrée, je suis donc bien malade?

– Pourquoi? demanda Philippe.

– Parce que la consultation du docteur Louis vous aura effrayé.

– Non, ma sœur, dit Philippe; le docteur n’est pas inquiet, et vous m’avez dit la vérité. J’ai même eu grand-peine à le déterminer à revenir.

– Ah! il revient? dit Andrée.

– Oui, il revient; cela ne vous contrarie pas, Andrée?

Et Philippe plongea ses regards dans ceux de la jeune fille en prononçant ces paroles.

– Non, répondit-elle simplement, et, pourvu que cette visite vous rassure un peu, voilà tout ce que je demande; mais, en attendant, d’où vient cette affreuse pâleur qui me bouleverse?

– Cela vous inquiète, Andrée?

– Vous le demandez!

– Vous m’aimez donc tendrement, Andrée?

– Plaît-il? fit la jeune fille.

– Je demande, Andrée, si vous m’aimez toujours comme au temps de notre jeunesse?

– Oh! Philippe! Philippe!

– Ainsi, je suis pour vous une des plus précieuses têtes que vous ayez sur la terre?

– Oh! la plus précieuse, la seule, s’écria Andrée.

Puis, rougissante et confuse:

– Excusez-moi, Philippe, dit-elle, j’oubliais…

– Notre père, n’est-ce pas, Andrée?

– Oui.

Philippe prit la main de sa sœur et, la regardant tendrement:

– Andrée, dit-il, ne croyez point que je vous blâmasse jamais si votre cœur renfermait une affection qui ne fût ni l’amour que vous portez à votre père, ni celui que vous avez pour moi…

Puis, s’asseyant près d’elle, il continua:

– Vous êtes dans un âge, Andrée, où le cœur des jeunes filles leur parle plus vivement qu’elles ne le veulent elles-mêmes, et, vous le savez, un précepte divin commande aux femmes de quitter parents et famille pour suivre leur époux.

Andrée regarda Philippe quelque temps, comme elle eût fait s’il lui eût parlé une langue étrangère qu’elle ne comprit pas.

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