Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Allons, vous allez encore vous évanouir.

– Oh! oui, oui, mon Dieu!… Mais c’est qu’aussi…

Et les lèvres d’Andrée blêmirent et sa voix s’arrêta.

– Voilà qui est étrange! murmura Philippe.

Andrée fit un effort.

– Non, ce n’est rien, dit-elle; ne faites point attention à toutes ces bluettes et à toutes ces vapeurs; me voilà sur mes pieds, Philippe; tenez, si vous m’en croyez, nous irons faire un tour ensemble et, dans dix minutes, je serai guérie.

– Je crois que vous vous abusez sur vos propres forces, Andrée.

– Non; Philippe revenu serait la santé au cas où je serais mourante; voulez-vous que nous sortions, Philippe?

– Tout à l’heure, chère Andrée, dit Philippe en arrêtant doucement sa sœur; vous ne m’avez pas encore rassuré complètement, laissez-vous remettre.

– Soit.

Andrée se laissa retomber sur le sofa, entraînant auprès d’elle Philippe, qu’elle tenait par la main.

– Et pourquoi, continua-t-elle, vous voit-on ainsi tout à coup sans nouvelles de vous?

– Mais, répondez-moi, chère Andrée, pourquoi vous-même avez-vous cessé de m’écrire?

– Oui, c’est vrai; mais depuis quelques jours seulement.

– Depuis près de quinze jours, Andrée.

Andrée baissa la tête.

– Négligente! dit Philippe avec un doux reproche.

– Non, mais souffrante, Philippe. Tenez, vous avez raison, mon malaise remonte au jour où vous avez cessé de recevoir des nouvelles de moi: depuis ce jour, les choses les plus chères m’ont été une fatigue, un dégoût.

– Enfin, je suis fort content, au milieu de tout cela, du mot que vous avez dit tout à l’heure.

– Quel mot ai-je dit?

– Vous avez dit que vous étiez bien heureuse; tant mieux, car, si l’on vous aime ici et si l’on y pense bien à vous, il n’en est pas de même pour moi.

– Pour vous?

– Oui, pour moi, qui étais complètement oublié là-bas, même par ma sœur.

– Oh! Philippe!

– Croiriez-vous, ma chère Andrée, que, depuis mon départ, que l’on m’avait dit si pressé, je n’ai eu aucune nouvelle de ce prétendu régiment dont on m’envoyait prendre possession, et que le roi m’avait fait promettre par M. de Richelieu, par mon père même?

– Oh! cela ne m’étonne pas, dit Andrée.

– Comment, cela ne vous étonne pas?

– Non. Si vous saviez, Philippe. M. de Richelieu et mon père sont tout bouleversés, ils semblent deux corps sans âme. Je ne comprends rien à la vie de tous ces gens-là. Le matin, mon père s’en va courir après son vieil ami, comme il l’appelle; il le pousse à Versailles, chez le roi; puis il revient l’attendre ici, où il passe son temps à me faire des questions que je ne comprends pas. La journée s’écoule; pas de nouvelles. Alors M. de Taverney entre dans ses grandes colères. Le duc le fait aller, dit-il, le duc trahit. Qui le duc trahit-il? Je vous le demande; car, moi, je n’en sais rien, et je vous avoue que je tiens peu à le savoir. M. de Taverney vit ainsi comme un damné dans le purgatoire, attendant toujours quelque chose qu’on n’apporte pas, quelqu’un qui ne vient jamais.

– Mais le roi, Andrée, le roi?

– Comment, le roi?

– Oui, le roi, si bien disposé pour nous.

Andrée regarda timidement autour d’elle.

– Quoi?

– Écoutez! le roi – parlons bas – je crois le roi très capricieux, Philippe. Sa Majesté m’avait d’abord, comme vous savez, témoigné beaucoup d’intérêt, comme à vous, comme à notre père, comme à la famille; mais tout à coup cet intérêt s’est refroidi sans que je puisse deviner ni pourquoi ni comment. Le fait est que Sa Majesté ne me regarde plus, me tourne le dos même, et qu’hier encore, quand je me suis évanouie dans le parterre…

– Ah! voyez-vous, Gilbert avait raison; vous vous êtes donc évanouie, Andrée?

– Ce misérable petit M. Gilbert avait, en vérité, bien besoin de vous dire cela, de le dire à tout le monde, peut-être! Que lui importe, que je m’évanouisse, oui ou non? Je sais bien, cher Philippe, ajouta Andrée en riant, qu’il n’est pas convenable de s’évanouir dans une maison royale; mais, enfin, on ne s’évanouit pas par plaisir et je ne l’ai point fait exprès.

– Mais qui vous en blâme, chère sœur?

– Eh! mais, le roi.

– Le roi?

– Oui; Sa Majesté débouchait du grand Trianon par le verger, juste au moment fatal. J’étais toute sotte et toute stupide étendue sur un banc, dans les bras de ce bon M. de Jussieu, qui me secourait de son mieux, lorsque le roi m’a aperçue. Vous le savez, Philippe, l’évanouissement n’ôte point toute perception, toute conscience de ce qui se passe autour de nous. Eh bien, lorsque le roi m’a aperçue, si insensible que je fusse en apparence, j’ai cru remarquer un froncement de sourcils, un regard de colère et quelques paroles fort désobligeantes que le roi grommelait entre ses dents; puis Sa Majesté s’est sauvée, fort scandalisée, je suppose, que je me sois permis de me trouver mal dans ses jardins. En vérité, cher Philippe, ce n’était cependant point ma faute.

– Pauvre chère, dit Philippe en serrant affectueusement les mains de la jeune fille, je le crois bien que ce n’était point ta faute; ensuite, ensuite?

– Voilà tout, mon ami; et M. Gilbert aurait dû me faire grâce de ses commentaires.

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