Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome IV полностью

– Aussi, monsieur Philippe, je m’intéresse beaucoup à vous, dit Gilbert d’un son de voix strident et rauque, car la mansuétude de Philippe et un autre sentiment que celui-ci ne pouvait deviner avaient amolli ce cœur farouche; oui, je vous aime, vous; voilà pourquoi je vous dirai que mademoiselle votre sœur est bien malade.

– Bien malade! ma sœur! s’écria Philippe avec explosion; bien malade, ma sœur! bien malade! et tu ne me dis pas cela tout de suite!

Et aussitôt, quittant le pas mesuré pour prendre le pas de course:

– Qu’a-t-elle, mon Dieu? demanda-t-il.

– Dame! dit Gilbert, on ne sait.

– Mais enfin?

– Seulement, elle s’est évanouie trois fois aujourd’hui en plein parterre, et même, à l’heure qu’il est, le médecin de madame la dauphine l’a déjà visitée, M. le baron aussi.

Philippe n’en entendit pas davantage; ses pressentiments s’étaient réalisés et, en face du danger réel, il avait retrouvé tout son courage.

Il laissa son cheval aux mains de Gilbert, et courut à toutes jambes vers le bâtiment des communs.

Quant à Gilbert, demeuré seul, il conduisit précipitamment le cheval aux écuries, et s’enfuit comme ces oiseaux sauvages ou malfaisants qui ne veulent jamais rester à la portée de l’homme.

<p id="_Toc103006329">Chapitre CXLI Le frère et la sœur</p>

Philippe trouva sa sœur couchée sur le petit sofa dont nous avons déjà eu occasion de parler.

En entrant dans l’antichambre, le jeune homme remarqua qu’Andrée avait soigneusement écarté toutes les fleurs, elle qui les aimait tant; car, depuis son malaise, le parfum des fleurs lui causait des douleurs insupportables, et elle rapportait à cette irritation des fibres cérébrales toutes les indispositions qui s’étaient succédé depuis quinze jours.

Au moment où Philippe entra, Andrée rêvait; son beau front chargé d’un nuage penchait lourdement, et ses yeux vacillaient dans leurs orbites douloureuses. Elle avait les mains pendantes et, quoique dans cette situation le sang eût dû y descendre, ses mains étaient blanches comme celles d’une statue de cire.

Son immobilité était telle, qu’elle ne vivait point en apparence, et que, pour bien se convaincre qu’elle n’était pas morte, il fallait l’entendre respirer.

Philippe avait toujours été d’un pas plus rapide depuis le moment où Gilbert lui avait dit que sa sœur était malade, de sorte qu’il était arrivé tout haletant au bas de l’escalier; mais, là, il avait fait une halte, la raison était revenue, et il avait monté les degrés d’un pas plus calme, en sorte qu’au seuil de la chambre, il ne faisait plus que poser le pied sans bruit et sans mouvement comme s’il eût été un sylphe.

Il voulait se rendre compte par lui-même, avec cette sollicitude particulière aux gens qui aiment, de la maladie par les symptômes; il savait Andrée si tendre et si bonne que, aussitôt après l’avoir vu et entendu, elle composerait son geste et son maintien pour ne pas l’alarmer.

Il entra donc en poussant si doucement la porte vitrée, qu’Andrée ne l’entendit pas, de sorte qu’il fut au milieu de la chambre avant qu’elle se doutât de rien.

Philippe eut donc le temps de la regarder, de voir cette pâleur, cette immobilité, cette atonie; il surprit l’expression étrange de ces yeux qui s’abîmaient dans le vide et, plus alarmé qu’il ne croyait lui-même pouvoir l’être, il prit tout de suite cette idée que le moral entrait pour une notable part dans les souffrances de sa sœur.

À cet aspect qui faisait courir un frisson dans son cœur, Philippe ne put retenir un mouvement d’effroi.

Andrée leva les yeux et, poussant un grand cri, elle se dressa comme une morte qui ressuscite; et, toute haletante à son tour, elle courut se pendre au cou de son frère.

– Vous, vous, Philippe! dit-elle.

Et la force l’abandonna avant qu’elle pût en dire davantage.

D’ailleurs, que pouvait-elle dire autre chose, puisqu’elle ne pensait que cela?

– Oui, oui, moi, répondit Philippe en l’embrassant et en la soutenant, car il la sentait fléchir entre ses bras, moi qui reviens et qui vous trouve malade! Ah! pauvre sœur, qu’as-tu donc?

Andrée se mit à rire d’un rire nerveux qui fit mal à Philippe, bien loin de le rassurer, comme la malade l’aurait voulu.

– Ce que j’ai, demandez-vous? ai-je donc l’air malade, Philippe?

– Oh! oui, Andrée, vous êtes toute pâle et toute tremblante.

– Mais où donc avez-vous vu cela, mon frère? Je ne suis pas même indisposée; qui donc vous a si mal renseigné, mon Dieu? Qui donc a eu la sottise de vous alarmer? Mais, en vérité, je ne sais ce que vous voulez dire et je me porte à merveille, sauf quelques légers éblouissements qui passeront comme ils sont venus.

– Oh! mais vous êtes si pâle, Andrée…

– Ai-je donc ordinairement beaucoup de couleurs?

– Non; mais vous vivez au moins, tandis qu’aujourd’hui…

– Ce n’est rien.

– Tenez, tenez, vos mains, qui étaient brûlantes tout à l’heure, sont froides maintenant comme la glace.

– C’est tout simple, Philippe, quand je vous ai vu entrer…

– Eh bien?…

– J’ai éprouvé une vive sensation de joie, et le sang s’est porté au cœur, voilà tout.

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