Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

– Moi, jaloux! s’écria Louis XV avec un rire forcé; en vérité, duc, parlez vous sérieusement?

En effet, Richelieu ne le croyait pas. Il faut même avouer qu’il était très près de la vérité en pensant, au contraire, que le roi ne désirait savoir si madame du Barry était bien réellement à Luciennes que pour être sur qu’elle ne reviendrait pas à Trianon.

– Ainsi, dit-il tout haut, c’est convenu, sire, j’envoie Rafté à la découverte?

– Envoyez, duc.

– Maintenant, que fait Votre Majesté avant de souper?

– Rien; nous soupons tout de suite. Avez-vous prévenu la personne en question?

– Oui, elle est dans l’antichambre de Votre Majesté.

– Qu’a-t-elle dit?

– Elle a fait de grands remerciements.

– Et la fille?

– On ne lui a pas encore parlé.

– Duc, madame du Barry est jalouse et elle pourrait bien revenir.

– Ah! sire, ce serait de trop mauvais goût, et je crois la comtesse incapable d’une pareille énormité.

– Duc, elle est capable de tout dans ces moments-là, et surtout quand la haine se joint à la jalousie. Elle vous exècre: je ne sais pas si vous êtes prévenu de cela?

Richelieu s’inclina.

– Je sais qu’elle me fait cet honneur, sire.

– Elle exècre aussi M. de Taverney.

– Si Votre Majesté voulait bien compter, je suis sûr qu’il est une troisième personne qu’elle exècre encore plus que moi, encore plus que le baron.

– Qui donc?

– Mademoiselle Andrée.

– Ah! fit le roi, je trouve cela assez naturel.

– Alors…

– Oui, mais cela n’empêche point, duc, qu’il faut veiller à ce que madame du Barry ne fasse point quelque esclandre cette nuit.

– Tout au contraire, et cela prouve la nécessité de cette mesure.

– Voici le maître d’hôtel; chut! Donnez vos ordres à Rafté et venez me rejoindre dans la salle à manger avec qui vous savez.

Louis XV se leva et passa dans la salle à manger, tandis que Richelieu sortait par la porte opposée.

Cinq minutes après, il rejoignait le roi, accompagné du baron.

Le roi donna gracieusement le bonsoir à Taverney.

Le baron était homme d’esprit; il répondit de cette façon particulière à certaines gens, et qui fait que les rois et les princes, vous reconnaissant pour être de leur monde, sont à l’instant même à l’aise avec vous.

On se mit à table et l’on soupa.

Louis XV était un mauvais roi, mais un homme charmant; sa compagnie, lorsqu’il le voulait bien, était pleine d’attraits pour les buveurs, les causeurs et les voluptueux.

Le roi, enfin, avait beaucoup étudié la vie sous ses côtés agréables.

Il mangea de bon appétit, commanda qu’on fît boire ses convives et mit la conversation sur la musique.

Richelieu prit la balle au bond.

– Sire, dit Richelieu, si la musique met les hommes d’accord, comme dit notre maître de ballet et comme semble le penser Votre Majesté, en dira-t elle autant des femmes?

– Oh! duc, dit le roi, ne parlons pas des femmes. Depuis la guerre de Troie jusqu’à nos jours, les femmes ont toujours opéré un effet contraire à la musique; vous surtout, vous avez de trop grands comptes à régler avec elles pour aimer à voir mettre une pareille conversation sur le tapis; il y en a une entre autres, et ce n’est pas la moins dangereuse de toutes, avec laquelle vous êtes à couteaux tirés.

– La comtesse, sire! y a-t-il de ma faute?

– Sans doute.

– Ah! par exemple, Votre Majesté m’expliquera, je l’espère…

– En deux mots et avec grand plaisir, dit le roi goguenardant.

– J’écoute, sire.

– Comment! elle vous offre le portefeuille de je ne sais quel département, et vous refusez, parce que, dites-vous, elle n’est pas absolument populaire?

– Moi? fit Richelieu assez embarrassé de la tournure que prenait la conversation.

– Dame! c’est le bruit public, dit le roi avec cette feinte bonhomie qui lui était toute particulière. Je ne sais plus qui m’a rapporté cela… La gazette, sans doute.

– Eh bien, sire, dit Richelieu profitant de la liberté que donnait à ses convives l’enjouement peu ordinaire de son hôte auguste, j’avouerai que, cette fois, le bruit public et même les gazettes ont rapporté quelque chose de moins absurde qu’à l’ordinaire.

– Quoi! s’écria Louis XV, vous avez réellement refusé un ministère, mon cher duc?

Richelieu était, comme on le comprendra facilement, placé dans une position délicate. Le roi savait mieux que personne qu’il n’avait rien refusé du tout. Mais Taverney devait continuer de croire ce que Richelieu lui avait dit; il s’agissait donc, de la part du duc, de répondre assez habilement pour échapper à la mystification du roi, sans encourir le reproche de mensonge que le baron avait déjà sur ses lèvres et dans son sourire.

– Sire, dit Richelieu, ne nous attachons pas aux effets, je vous prie, mais à la cause. Que j’aie ou n’aie pas refusé le portefeuille, c’est un secret d’État que Votre Majesté n’est pas tenue de divulguer au milieu des verres; mais la cause pour laquelle j’eusse refusé le portefeuille, si le portefeuille m’eût été offert, voilà l’essentiel.

– Oh! oh! duc, et cette cause n’est pas un secret d’État, à ce qu’il paraît, dit le roi en riant.

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