Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

«Apelles vient de faire son premier portrait; il l’a vendu cinquante francs; on mange aujourd’hui ces cinquante francs à la buvette de la rue Saint Jacques. En es-tu?

«Il est bien entendu qu’on en boit une partie.

«Ton ami,

L. DAVID»

C’était textuellement ce qui était écrit.

Marat laissa tomber le papier.

– Eh bien, dit Balsamo, vous voyez que dame Grivette a aussi une âme, et que cette âme veille lorsqu’elle dort.

– Et une âme étrange, dit Marat, une âme qui sait lire quand le corps ne le sait pas.

– Parce que l’âme sait toute chose, parce que l’âme peut reproduire par réflexion. Essayez de lui faire lire cette lettre quand elle sera réveillée, c’est-à-dire quand le corps aura enveloppé l’âme de son ombre, et vous verrez.

Marat restait sans parole; toute sa philosophie matérialiste se révoltait en lui, mais ne trouvait pas une réponse.

– Maintenant, continua Balsamo, nous allons passer à ce qui vous intéresse le plus, c’est-à-dire à ce qu’est devenue votre montre.

– Dame Grivette, dit Balsamo, qui a pris la montre de M. Marat?

La somnambule fit un geste de violente dénégation.

– Je ne sais pas, dit-elle.

– Vous le savez parfaitement, insista Balsamo, et vous le direz.

Puis, avec une volonté plus forte encore:

– Qui a pris la montre de M. Marat? Dites.

– Dame Grivette n’a pas volé la montre de M. Marat. Pourquoi M. Marat croit-il que c’est dame Grivette qui a volé sa montre?

– Si ce n’est pas elle qui a volé la montre, dites qui.

– Je l’ignore.

– Vous voyez, dit Marat, la conscience est un refuge impénétrable.

– Eh bien, puisque vous n’avez plus que ce dernier doute, monsieur, dit Balsamo, vous allez bientôt être convaincu.

Puis, se retournant vers la portière:

– Dites qui, je le veux!

– Allons, allons, dit Marat, n’exigez pas l’impossible.

– Vous avez entendu, dit Balsamo; j’ai dit que je voulais.

Alors, sous l’expression de cette impérieuse volonté, la malheureuse femme commença, comme une folle, à se tordre les mains et les bras; un frémissement pareil à celui de l’épilepsie commença de lui courir par tout le corps; sa bouche prit une expression hideuse de terreur et de faiblesse; elle se renversa en arrière, se raidit comme dans une convulsion douloureuse, et tomba sur le lit.

– Non, non! dit-elle, j’aime mieux mourir!

– Eh bien, s’écria Balsamo avec une colère qui fit jaillir la flamme de ses yeux, tu mourras s’il le faut, mais tu parleras. Ton silence et ton obstination seraient pour nous de suffisants indices; mais, pour un incrédule, il faut la preuve la plus irréfragable. Parle, je le veux: qui a pris la montre?

L’exaspération nerveuse était portée à son comble; tout ce que la somnambule avait de force et de pouvoir réagissait contre la volonté de Balsamo; des cris inarticulés sortaient de sa bouche, une écume rougeâtre frangea ses lèvres.

– Elle va tomber en épilepsie, dit Marat.

– Ne craignez rien, c’est le démon du mensonge qui est en elle et qui ne veut pas sortir.

Puis, se tournant vers la femme en lui jetant à la face tout ce que sa main pouvait contenir de fluide:

– Parlez, dit-il, parlez; qui a pris la montre?

– Dame Grivette, répondit la somnambule d’une voix à peine intelligible.

– Et quand l’a-t-elle prise?

– Hier au soir.

– Où était-elle?

– Sous le chandelier.

– Et qu’en a-t-elle fait?

– Elle l’a portée rue Saint-Jacques.

– Et à quel endroit de la rue Saint-Jacques?

– Au n° 29.

– À quel étage?

– Au cinquième.

– Chez qui?

– Chez un garçon cordonnier.

– Comment s’appelle-t-il?

– Simon.

– Qu’est-ce que cet homme?

La somnambule se tut.

– Qu’est-ce que cet homme? répéta Balsamo.

Même silence.

Balsamo étendit vers elle sa main imprégnée de fluide et la malheureuse, écrasée par cette attaque terrible, n’eut que la force de murmurer:

– Son amant.

Marat poussa un cri d’étonnement.

– Silence! dit Balsamo; laissez la conscience parler.

Puis, continuant de s’adresser à la femme toute tremblante et tout inondée de sueur:

– Et qui a conseillé ce vol à dame Grivette? demanda-t-il.

– Personne. Elle a soulevé le chandelier par hasard; elle a vu la montre, alors le démon l’a tentée.

– Était-ce par besoin?

– Non, car la montre, elle ne l’a pas vendue.

– Elle l’a donc donnée?

– Oui.

– À Simon?

La somnambule fit un effort.

– À Simon.

Puis elle couvrit son visage de ses deux mains et versa un torrent de larmes.

Balsamo jeta un regard sur Marat, qui, la bouche béante, les cheveux en désordre, les paupières dilatées, contemplait cet effrayant spectacle.

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