Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

«Voilà ce que nous donne la première hypothèse.

«La seconde, c’est que madame la dauphine ne reste pas stérile. Et voilà le piège où nos ennemis vont se précipiter en croyant nous y jeter nous-mêmes. Oh! si la dauphine ne reste pas stérile, si la dauphine devient mère, alors que tous se réjouiront à la cour et croiront la royauté consolidée en France, nous pourrons nous réjouir aussi, nous; car nous posséderons un secret si terrible, que nul prestige, nulle puissance, nuls efforts ne tiendront contre les crimes que ce secret renfermera, près des malheurs qui résulteront pour la future reine de cette fécondité; car cet héritier qu’elle donnera au trône, nous le ferons facilement illégitime, car cette fécondité, nous la déclarerons facilement adultère. Si bien que, près de ce bonheur factice que semblera leur avoir accordé le ciel, la stérilité eût été un bienfait de Dieu. Voilà pourquoi je m’abstiens, messieurs; voilà pourquoi j’attends, mes frères; voilà pourquoi, enfin, je juge inutile de déchaîner aujourd’hui les passions populaires, que j’emploierai efficacement lorsque le temps sera venu.

«Maintenant, messieurs, vous connaissez le travail de cette année; vous voyez le progrès de nos mines. Persuadez-vous donc que nous ne réussirons qu’avec le génie et le courage des uns, qui seront les yeux et le cerveau; qu’avec la persévérance et le labeur des autres, qui représenteront les bras; qu’avec la foi et le dévouement des autres encore, qui seront le cœur.

«Pénétrez-vous surtout de cette nécessité d’une obéissance aveugle qui fait que votre chef lui-même s’immolera à la volonté des statuts de l’ordre, le jour où les statuts l’exigeront.

«Sur ce, messieurs et frères bien-aimés, je lèverais la séance, s’il ne me restait un bien à faire, un mal à indiquer.

«Le grand écrivain qui est venu à nous ce soir, et qui eût été des nôtres sans le zèle intempestif d’un de nos frères, qui a effrayé cette âme timide, ce grand écrivain, disons-nous, a eu raison de notre assemblée, et je déplore comme un malheur qu’un étranger ait raison devant une majorité de frères qui connaissent mal nos règlements et ne connaissent pas du tout notre but.

«Rousseau, triomphant avec les sophismes de ses livres des vérités de notre association, représente un vice fondamental que j’extirperais avec le fer et le feu, si je n’avais encore l’espoir de le guérir par la persuasion. L’amour-propre d’un de nos frères s’est développé fâcheusement. Il nous a donné le dessous dans la discussion; aucun fait pareil ne se représentera plus, je l’espère, ou bien j’aurais recours aux voies de discipline.

«Maintenant, messieurs, propagez la foi par la douceur et la persuasion; insinuez-la, ne l’imposez pas, ne l’enfoncez pas dans les âmes rebelles à coups de maillet et de hache, comme font les inquisiteurs des coins du bourreau. Souvenez-vous que nous ne serons grands qu’après avoir été reconnus bons, et qu’on ne nous reconnaîtra bons qu’en paraissant meilleurs que tout ce qui nous entoure; rappelez-vous encore que, parmi nous, les bons et les meilleurs ne sont rien sans la science, l’art et la foi; rien enfin près de ceux que Dieu a marqués d’un sceau particulier pour commander aux hommes et régir un empire.

«Messieurs, la séance est levée.»

Ces paroles prononcées, Balsamo se couvrit la tête et s’enveloppa de son manteau.

Chacun des initiés partit alors à son tour, seul et silencieux, pour ne pas éveiller de soupçons.

<p id="_Toc103005780">Chapitre CV Le corps et l’âme</p>

Le dernier resté près du maître fut Marat, le chirurgien.

Il s’approcha humblement et fort pâle du terrible orateur dont la puissance était illimitée.

– Maître, demanda-t-il, ai-je donc, en effet, commis une faute?

– Une grande, monsieur, dit Balsamo; et, ce qu’il y a de pis, c’est que vous ne croyez pas l’avoir commise.

– Eh bien oui, je l’avoue; non seulement je ne crois pas avoir commis une faute, mais je crois avoir parlé comme il convient.

– Orgueil! orgueil! murmura Balsamo; orgueil, démon destructeur! Les hommes vont combattre la fièvre dans les veines du malade, la peste dans les eaux et dans les airs; mais ils laissent l’orgueil pousser de si profondes racines dans leurs cœurs, qu’ils ne peuvent parvenir à l’extirper.

– Oh! maître, dit Marat, vous avez de moi une bien triste opinion. Suis-je donc, en effet, si peu de chose, que je ne puisse compter parmi mes semblables? Ai-je si mal recueilli le fruit de mes travaux, que je sois incapable de dire un mot sans être taxé d’ignorance? Suis-je donc un si tiède adepte, que l’on suspecte ma conviction? N’eussé-je que cela, j’existe au moins par le dévouement à la sainte cause du peuple.

– Monsieur, répliqua Balsamo, c’est parce que le principe du bien lutte encore en vous contre celui du mal, qui me paraît devoir l’emporter un jour, que je tenterai de vous corriger de ces défauts. Si je dois y réussir, si l’orgueil ne l’a pas déjà emporté en vous sur tout autre sentiment, j’y réussirai en une heure.

– En une heure? dit Marat.

Перейти на страницу:

Похожие книги

Аламут (ЛП)
Аламут (ЛП)

"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

Владимир Бартол

Проза / Историческая проза