Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

– Vous avez entendu, dit-il d’une voix ferme, ce que mon chancelier vous a fait savoir de mes volontés. Songez donc à les exécuter, car telles sont mes intentions et je ne changerai jamais!

Louis XV laissa tomber ces derniers mots avec le fracas et la vigueur de la foudre.

Aussi toute l’assemblée fut-elle littéralement foudroyée.

Un frisson passa sur tous les parlementaires, frisson de terreur qui se communiqua immédiatement à la foule, comme l’étincelle électrique court rapide au bout du cordon. Ce même frisson effleura aussi les partisans du roi. La surprise et l’admiration étaient sur tous les fronts, dans tous les cœurs.

La dauphine remercia involontairement le roi par un éclair parti de ses beaux yeux.

Madame du Barry, électrisée, ne put s’empêcher de se lever, et elle eût battu des mains, sans la crainte bien naturelle qu’elle eut d’être lapidée en sortant ou de recevoir le lendemain cent couplets plus odieux les uns que les autres.

Louis XV put jouir dès ce moment de son triomphe.

Les parlementaires inclinèrent leurs fronts toujours avec le même ensemble.

Le roi se souleva sur ses coussins fleurdelisés.

Aussitôt le capitaine des gardes, le commandant de la maison militaire et tous les gentilshommes se levèrent.

Le tambour battit, les trompettes sonnèrent au dehors. Ce frémissement presque silencieux du peuple à l’arrivée se changea en un mugissement qui s’éteignait au lointain, refoulé par les soldats et les archers.

Le roi traversa fièrement la salle, sans voir autre chose sur son passage que des fronts humiliés.

M. d’Aiguillon continua de précéder Sa Majesté sans abuser de son triomphe.

Le chancelier, arrivé à la porte de la salle, vit au loin tout ce peuple, s’effraya de tous ces éclairs, qui, malgré la distance, arrivaient jusqu’à lui; il dit aux archers:

– Serrez-moi.

M. de Richelieu, que saluait profondément le duc d’Aiguillon, dit à son neveu:

– Voilà des fronts bien bas, duc; il faudra, un jour ou l’autre, qu’ils se relèvent diablement haut. Prenez garde!

Madame du Barry passait en ce moment par le couloir avec son frère, la maréchale de Mirepoix et plusieurs dames. Elle entendit le propos du vieux maréchal et, comme elle avait plus de repartie que de rancune:

– Oh! dit-elle, il n’y a rien à craindre, maréchal: n’avez-vous pas entendu les paroles de Sa Majesté? Le roi a dit, ce me semble, qu’il ne changerait jamais.

– Paroles terribles, en effet, madame, répondit le vieux duc avec un sourire; mais ces pauvres parlementaires n’ont pas vu, heureusement pour nous, qu’en disant qu’il ne changerait jamais le roi vous regardait.

Et il termina ce madrigal par une de ces inimitables révérences qu’on ne sait plus même faire aujourd’hui sur le théâtre.

Madame du Barry était femme et nullement politique. Elle ne vit que le compliment là où M. d’Aiguillon sentit parfaitement l’épigramme et la menace.

Aussi fut-ce par un sourire qu’elle répondit, tandis que son allié se mordit les lèvres et pâlit de voir durer ce ressentiment du maréchal.

L’effet du lit de justice fut immédiatement favorable à la cause royale. Mais souvent un grand coup ne fait qu’étourdir, et il est à remarquer que, après les étourdissements, le sang circule avec plus de vigueur et de pureté.

Telle fut du moins la réflexion que fit, en voyant partir le roi avec son pompeux cortège, un petit groupe de gens vêtus simplement et posés en observateurs au coin du quai aux Fleurs et de la rue de la Barillerie.

Ces hommes étaient trois… Le hasard les avait assemblés à cet angle et, de là, ils paraissaient avoir suivi avec intérêt les impressions de la foule; et, sans se connaître, une fois mis en rapport par quelques mots échangés, ils s’étaient rendu compte de la séance avant même qu’elle fût terminée.

– Voilà les passions bien mûries, dit l’un d’eux, vieillard aux yeux brillants, à la figure douce et honnête. Un lit de justice est une grande œuvre.

– Oui, répondit en souriant avec amertume un jeune homme, oui, si l’œuvre réalisait exactement les mots.

– Monsieur, répliqua le vieillard en se retournant, il me semble que je vous connais… Je vous ai vu déjà, je crois?

– Dans la nuit du 31 mai. Vous ne vous trompez pas, monsieur Rousseau.

– Ah! vous êtes ce jeune chirurgien, mon compatriote, M. Marat?

– Oui, monsieur, pour vous servir.

Les deux hommes échangèrent une révérence.

Le troisième n’avait pas encore pris la parole. C’était un homme jeune aussi et d’une noble figure, qui, durant toute la cérémonie, n’avait fait qu’observer l’attitude de la foule.

Le jeune chirurgien partit le premier, se hasardant au milieu du peuple, qui, moins reconnaissant que Rousseau, l’avait déjà oublié, mais à la mémoire duquel il comptait bien se rappeler un jour.

L’autre jeune homme attendit qu’il fût parti, et, s’adressant alors à Rousseau:

– Vous ne partez pas, monsieur? dit-il.

– Oh! je suis trop vieux pour me risquer dans cette cohue.

– En ce cas, dit l’inconnu en baissant la voix, à ce soir, rue Plâtrière, monsieur Rousseau… N’y manquez pas!

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