Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome III полностью

Gilbert reconnut Balsamo, couvert de sueur et de poussière; Balsamo, qui, à l’aide de quelque mystérieuse intelligence, avait pénétré dans Trianon; Balsamo enfin qui attirait Andrée à lui, aussi invinciblement, aussi fatalement que le serpent attire l’oiseau.

À deux pas de lui, Andrée s’arrêta.

Il lui prit la main. Andrée tressaillit de tout son corps.

– Voyez-vous? dit-il.

– Oui, répondit Andrée; mais, en m’appelant ainsi, vous avez failli me tuer.

– Pardon, pardon, répondit Balsamo; mais c’est que j’ai la tête perdue, c’est que je ne m’appartiens plus, c’est que je deviens fou, c’est que je me meurs.

– En effet, vous souffrez, dit Andrée, avertie de la souffrance de Balsamo par le contact de sa main.

– Oui, oui, je souffre, et je viens chercher la consolation près de vous. Vous seule pouvez me sauver.

– Interrogez-moi.

– Une seconde fois, voyez-vous?

– Oh! parfaitement.

– Voulez-vous me suivre chez moi, le pouvez-vous?

– Je le puis, si vous voulez me conduire par la pensée.

– Venez.

– Ah! dit Andrée, nous entrons dans Paris, nous suivons le boulevard, nous nous enfonçons dans une rue qui n’est éclairée que par une seule lanterne.

– C’est cela: entrons, entrons.

– Nous sommes dans une antichambre. Il y a un escalier à droite; mais vous m’entraînez vers le mur: le mur s’ouvre; des degrés se présentent…

– Montez! montez! s’écria Balsamo, c’est notre chemin.

– Ah! nous voici dans une chambre; il y a des peaux de lion, des armes. Tiens, la plaque de la cheminée s’ouvre.

– Passons; où êtes-vous?

– Dans une chambre singulière, dans une chambre sans issues, dont les fenêtres sont grillées; oh! comme tout est en désordre dans cette chambre!

– Mais, vide, vide, n’est-ce pas?

– Vide.

– Pouvez-vous voir la personne qui l’habitait?

– Oui, si l’on me donne un objet qui l’ait touchée, qui vienne d’elle ou qui lui appartienne.

– Tenez; voici de ses cheveux.

Andrée prit les cheveux et les approcha de sa personne.

– Oh! je la reconnais, dit-elle, j’ai déjà vu cette femme; elle fuyait vers Paris.

– C’est cela, c’est cela; pouvez-vous me dire ce qu’elle a fait depuis deux heures et comment elle s’est enfuie?

– Attendez, attendez; oui: elle est couchée sur un sofa; elle a la poitrine à moitié nue, avec une blessure au-dessous du sein.

– Voyez, Andrée, voyez, ne la quittez plus.

– Elle était endormie; elle se réveille; elle cherche autour d’elle; elle tire un mouchoir; elle monte sur une chaise; elle attache le mouchoir aux barreaux de sa fenêtre. Oh! mon Dieu!

– Elle veut donc mourir réellement?

– Oh! oui, elle est décidée. Mais cette mort l’épouvante. Elle laisse le mouchoir attaché aux barreaux. Descends, ah! pauvre femme!

– Quoi?

– Oh! comme elle pleure! Comme elle souffre! Comme elle se tord les bras; elle cherche un angle de muraille où se briser le front.

– Oh! mon Dieu! mon Dieu! murmura Balsamo.

– Oh! elle s’élance contre la cheminée. La cheminée représente deux lions de marbre; elle va se briser le front contre la tête du lion.

– Après?… après?… Voyez, Andrée, voyez, je le veux!

– Elle s’arrête.

Balsamo respira.

– Elle regarde.

– Que regarde-t-elle? demanda Balsamo.

– Elle a aperçu du sang sur l’œil du lion.

– Mon Dieu! mon Dieu! murmura Balsamo.

– Oui, du sang, et cependant elle ne s’est pas frappée. Oh! c’est étrange! ce sang n’est pas le sien, c’est le vôtre.

– Ce sang est le mien! s’écria Balsamo, ivre d’égarement.

– Oui, le vôtre, le vôtre! Vous vous êtes coupé les doigts avec un couteau, avec un poignard, et vous avez appuyé votre doigt ensanglanté sur l’œil du lion. Je vous vois.

– C’est vrai, c’est vrai… Mais comment s’enfuit-elle?

– Attendez, attendez, je la vois examiner ce sang, réfléchir, puis appuyer son doigt où vous avez appuyé le vôtre. Ah! l’œil du lion cède, un ressort agit. La plaque de la cheminée s’ouvre.

– Imprudent! s’écrie Balsamo; malheureux imprudent! malheureux fou que je suis! Je me suis trahi moi-même… Et elle sort? continua Balsamo, elle fuit?

– Oh! il faut lui pardonner, à la pauvre femme; elle était bien malheureuse.

– Où est-elle? Où va-t-elle? Suivez-la, Andrée, je le veux!

– Attendez, elle s’arrête un instant dans la chambre aux armes et aux fourrures; une armoire est ouverte; une cassette ordinairement enfermée dans cette armoire est posée sur une table. Elle reconnaît la cassette et la prend.

– Que contient cette cassette?

– Vos papiers, je crois.

– Comment est-elle?

– Recouverte de velours bleu avec des clous d’argent, des fermoirs d’argent, une serrure d’argent.

– Oh! dit Balsamo frappant du pied avec colère, c’est donc elle qui a pris cette cassette?

– Oui, oui, c’est elle. Elle descend l’escalier qui donne dans l’antichambre, elle ouvre la porte, elle tire la chaîne qui fait ouvrir la porte de la rue, elle sort.

– Est-il bien tard?

– Il doit être tard, car il fait nuit.

– Tant mieux! elle sera partie peu de temps avant mon retour, et j’aurai le temps de la rejoindre peut-être; suivez-la, suivez-la, Andrée.

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