Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Oh! ne vous fâchez pas, comtesse, dit Louis XV. Mon seulement vous ne serez pas abandonnée, mais encore vous serez défendue, et si bien…

– Si bien?

– Si bien, qu’il en coûtera cher à l’agresseur de ce pauvre Jean.

– Oui, c’est cela, on brisera l’instrument et on serrera la main.

– N’est-ce pas juste de s’en prendre à celui qui a fait le coup, à ce M. Taverney?

– Sans doute, c’est juste, mais ce n’est que juste; ce que vous faites pour moi, vous le feriez pour le premier marchand de la rue Saint-Honoré qu’un soldat battrait au spectacle. Je vous en préviens, je ne veux pas être traitée comme tout le monde. Si vous ne faites pas plus pour ceux que vous aimez que pour les indifférents, j’aime mieux l’isolement et l’obscurité de ces derniers; ils n’ont pas d’ennemis qui les assassinent, au moins.

– Ah! comtesse, comtesse, dit tristement Louis XV, moi qui me suis par hasard levé si gai, si heureux, si content, comme vous me gâtez ma charmante matinée!

– Voilà qui est adorable, par exemple! Elle est donc jolie, ma matinée à moi, à moi dont on massacre la famille?

Le roi, malgré la crainte intérieure que lui inspirait l’orage grondant autour de lui, ne put s’empêcher de sourire au mot massacre.

La comtesse se leva furieuse.

– Ah! voilà comme vous me plaignez? dit-elle.

– Eh! là, là, ne vous fâchez pas.

– Mais je veux me fâcher moi.

– Vous avez tort; vous êtes ravissante quand vous souriez, tandis que la colère vous enlaidit.

– Que m’importe à moi? ai-je besoin d’être belle, puisque la beauté ne m’empêche pas d’être sacrifiée à des intrigues?

– Voyons, comtesse.

– Non, choisissez, de moi ou de votre Choiseul.

– Chère belle, impossible de choisir: vous m’êtes nécessaires tous deux.

– Alors je me retire.

– Vous?

– Oui, je laisse le champ libre à mes ennemis. Oh! j’en mourrai de chagrin; mais M. de Choiseul sera satisfait et cela vous consolera.

– Eh bien! moi, je vous jure, comtesse, qu’il ne vous en veut pas le moins du monde, et qu’il vous porte dans son cœur. C’est un galant homme après tout, ajouta le roi en ayant soin que M. de Sartine entendit bien ces dernières paroles.

– Un galant homme! Vous m’exaspérez, sire. Un galant homme qui fait assassiner les gens!

– Oh! dit le roi, nous ne savons pas encore.

– Et puis, se hasarda de dire le lieutenant de police, une querelle entre gens d’épée est si piquante, si naturelle!

– Ah! ah! répliqua la comtesse; et vous aussi, monsieur de Sartine!

Le lieutenant comprit la valeur de ce tu quoque, et il recula devant la colère de la comtesse.

Il y eut un moment de silence sourd et menaçant.

– Vous voyez, Chon, dit le roi au milieu de cette consternation générale, vous voyez, voilà votre ouvrage.

Chon baissa les yeux avec une tristesse hypocrite.

– Le roi pardonnera, dit-elle, si la douleur de la sœur l’a emporté sur la force d’âme de la sujette.

– Bonne pièce! murmura le roi. Voyons, comtesse, pas de rancune.

– Oh! non, sire, je n’en ai pas… Seulement, je vais à Luciennes, et de Luciennes à Boulogne.

– Sur mer? demanda le roi.

– Oui, sire, je quitte un pays où le ministre fait peur au roi.

– Madame! dit Louis XV offensé.

– Eh bien! sire, permettez que, pour ne pas manquer plus longtemps de respect à Votre Majesté, je me retire.

La comtesse se leva, observant du coin de l’œil l’effet que produisait son mouvement.

Louis XV poussa son soupir de lassitude, soupir qui signifiait:

– Je m’ennuie considérablement ici.

Chon devina le sens du soupir et comprit qu’il serait dangereux pour sa sœur de pousser plus loin la querelle.

Elle arrêta sa sœur par sa robe, et, allant au roi:

– Sire, dit-elle, l’amour que ma sœur porte au pauvre vicomte l’a entraînée trop loin… C’est moi qui ai commis la faute, c’est à moi de la réparer… Je me mets au rang de la plus humble sujette de Sa Majesté; je lui demande justice pour mon frère; je n’accuse personne: la sagesse du roi saura bien distinguer.

– Eh! mon Dieu! c’est tout ce que je demande, moi, la justice; oui, mais que ce soit la justice juste. Si un homme n’a pas commis un crime, qu’on ne lui reproche pas ce crime; s’il l’a commis, qu’on le châtie.

Et Louis XV regardait la comtesse en disant ces paroles, essayant de rattraper, s’il était possible, les bribes de la joyeuse matinée qu’il s’était promise, et qui finissait d’une si lugubre façon.

La comtesse était si bonne, qu’elle eut pitié de ce désœuvrement du roi qui le faisait triste et ennuyé partout, excepté près d’elle.

Elle se retourna à moitié, car déjà elle avait commencé de marcher vers la porte.

– Est-ce que je demande autre chose, moi? dit-elle avec une adorable résignation. Mais qu’on ne repousse pas mes soupçons, quand je les manifeste.

– Vos soupçons, ils me sont sacrés, comtesse, s’écria le roi; et qu’ils se changent un peu en certitude, vous verrez. Mais j’y songe, un moyen bien simple.

– Lequel, sire?

– Que l’on mande ici M. de Choiseul.

– Oh! Votre Majesté sait bien qu’il n’y vient jamais. Il dédaigne d’entrer dans l’appartement de l’amie du roi. Sa sœur n’est pas comme lui; elle ne demanderait pas mieux, elle.

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