Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– En vérité! dit la jeune femme en souriant; mais c’est donc une aventure. Y aurait-il de l’amour là-dessous?

Gilbert n’était pas encore assez maître de lui-même pour ne point rougir.

– Et quelle voiture était-ce, mon petit Caton?

– Une voiture de la suite de la dauphine.

– Comment! que dites-vous? s’écria la jeune femme; la dauphine est donc devant nous?

– Sans doute.

– Je la croyais derrière, à Nancy à peine. Ne lui rend-on donc point d’honneurs sur la route?

– Si fait, madame; mais il paraît que Son Altesse est pressée.

– Pressée, la dauphine? qui vous a dit cela?

– Je le présume.

– Vous le présumez?

– Oui.

– Et d’où vous vient cette présomption?

– De ce qu’elle avait dit d’abord qu’elle se reposerait deux ou trois heures au château de Taverney.

– Eh bien! après?

– Elle y est restée trois quarts d’heure à peine.

– Savez-vous s’il lui serait arrivé quelque lettre de Paris?

– J’ai vu entrer, tenant une lettre à la main, un monsieur dont l’habit était couvert de broderies.

– A-t-on nommé ce monsieur devant vous?

– Non; je sais seulement que c’est le gouverneur de Strasbourg.

– M. de Stainville, le beau-frère de M. de Choiseul! Pécaïre! plus vite, postillon, plus vite!

Un vigoureux coup de fouet répondit à cette recommandation, et Gilbert sentit que la voiture, quoique déjà lancée au galop, gagnait encore en vélocité.

– Ainsi, reprit la jeune dame, la dauphine est devant nous?

– Oui, madame.

– Mais elle s’arrêtera pour déjeuner, fit la dame comme se parlant à elle-même, et alors nous la dépasserons, à moins que cette nuit… S’est-elle arrêtée cette nuit?

– Oui, à Saint-Dizier.

– Quelle heure était-il?

– Onze heures, à peu près.

– C’était pour souper. Bon, il faudra qu’elle déjeune! Postillon, quelle est la première ville un peu importante que nous trouvons sur notre chemin?

– Vitry, madame.

– Et à combien sommes-nous de Vitry?

– À trois lieues.

– Où relayons-nous?

– À Vauclère.

– Bien. Allez, et si vous voyez une file de voitures sur la route, prévenez moi.

Pendant ces quelques paroles échangées entre la dame de la voiture et le postillon, Gilbert était presque retombé en faiblesse. En se rasseyant, la voyageuse le vit pâle et les yeux fermés.

– Ah! pauvre enfant, le voilà qui va se trouver mal encore! s’écria-t-elle. C’est ma faute aussi, moi qui le fais parler quand il meurt de faim et de soif, au lieu de lui donner de quoi boire et de quoi manger.

Et d’abord, pour réparer le temps perdu, la dame tira de la poche de la voiture un flacon ciselé, au goulot duquel pendait à une chaîne d’or un petit gobelet de vermeil.

– Buvez d’abord une larme de cette eau de la Côte, dit-elle en emplissant le verre et en le présentant à Gilbert.

Gilbert ne se fit pas prier cette fois. Était-ce l’influence de la jolie main qui lui présentait le gobelet? était-ce que le besoin fût plus pressant qu’à Saint Dizier?

– Là! dit la dame, maintenant mangez un biscuit; dans une heure ou deux, je vous ferai déjeuner plus solidement.

– Merci, madame, dit Gilbert.

Et il mangea le biscuit comme il avait bu le vin.

– Bon! maintenant que vous voilà un peu restauré, reprit la dame, dites-moi, si toutefois vous voulez de moi pour confidente, dites-moi quel intérêt vous aviez à suivre cette voiture, qui fait, m’avez-vous dit, partie de la suite de madame la dauphine?

– Voici la vérité en deux mots, madame, dit Gilbert. Je demeurais chez M. le baron de Taverney quand Son Altesse y est venue, car elle a commandé à M. de Taverney de la suivre à Paris. Il a obéi. Comme je suis orphelin, personne n’a songé à moi, et l’on m’a abandonné sans argent, sans provisions. Alors j’ai juré que, puisque tout le monde allait à Versailles avec le secours de bons chevaux et de beaux carrosses, moi aussi, j’irais à Versailles, mais à pied, avec mes jambes de dix-huit ans, et qu’avec mes jambes de dix-huit ans, j’arriverais aussi vite qu’eux avec leurs chevaux et leurs voitures. Malheureusement mes forces m’ont trahi, ou plutôt la fatalité a pris parti contre moi. Si je n’avais pas perdu mon argent, j’eusse pu manger; et si j’eusse mangé cette nuit, j’eusse pu ce matin rattraper les chevaux.

– À la bonne heure, voilà du courage! s’écria la dame, et je vous en félicite, mon ami. Mais il me semble qu’il y a une chose que vous ne savez pas…

– Laquelle?

– C’est qu’à Versailles on ne vit pas de courage.

– J’irai à Paris.

– Paris, à ce point de vue, ressemble fort à Versailles.

– Si l’on ne vit point de courage, on vit de travail, madame.

– Bien répondu, mon enfant. Mais de quel travail? Vos mains ne sont pas celles d’un manouvrier ou d’un portefaix?

– J’étudierai, madame.

– Vous me paraissez déjà très savant.

– Oui, car je sais que je ne sais rien, répondit sentencieusement Gilbert se rappelant le mot de Socrate.

– Et sans être indiscrète, puis-je vous demander quelle science vous étudierez de préférence, mon petit ami?

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