Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Ah! au fait, dit le postillon, il y a ici à droite la route de Marolle, qui tourne autour de Vitry et va rejoindre le grand chemin à La Chaussée.

– Bravo! s’écria la jeune femme; c’est cela!

– Mais, dit le postillon, madame sait qu’en faisant ce détour je double la poste.

– Deux louis pour vous, si vous êtes à La Chaussée avant la dauphine.

– Madame ne craint pas de casser sa chaise?

– Je ne crains rien. Si la chaise casse, je continuerai ma route à cheval.

Et la voiture, tournant sur la droite, quitta la grand route, entra dans un chemin de traverse aux ornières profondes, et suivit une petite rivière aux eaux pâles qui va se jeter dans la Marne, entre La Chaussée et Mutigny. Le postillon tint parole; il fit tout ce qu’il était humainement possible pour briser la chaise, mais aussi pour arriver.

Vingt fois Gilbert fut jeté sur sa compagne, qui vingt fois aussi tomba dans les bras de Gilbert.

Celui-ci sut être poli sans être gênant. Il sut commander à sa bouche de ne pas sourire quand ses yeux cependant disaient à la jeune femme qu’elle était bien belle.

L’intimité naît promptement des cahots et de la solitude; au bout de deux heures de route de traverse, il semblait à Gilbert qu’il connaissait sa compagne depuis dix ans, et, de son côté, la jeune femme eût juré qu’elle connaissait Gilbert depuis sa naissance.

Vers onze heures, on rejoignit la grand-route de Vitry à Châlons. Un courrier que l’on interrogea annonça que non seulement la dauphine déjeunait à Vitry, mais encore qu’elle s’était trouvée si fatiguée, qu’elle y prendrait un repos de deux heures.

Il ajouta qu’il était dépêché au prochain relais pour inviter les officiers d’attelage à se tenir prêts vers trois ou quatre heures de l’après-midi.

Cette nouvelle combla de joie la voyageuse.

Elle donna au postillon les deux louis promis, et se tournant vers Gilbert:

– Ah! par ma foi, dit-elle, nous aussi, nous allons dîner au prochain relais.

Mais il était décidé que Gilbert ne dînerait pas encore à ce relais-là.

<p id="_Toc103004304">Chapitre XXI Où l’on fait connaissance avec un nouveau personnage</p>

Au haut de la montée que la chaise de poste était en train de gravir, on apercevait le village de La Chaussée, où l’on devait relayer.

C’était un charmant fouillis de maisons couvertes en chaume, et placées, selon le caprice des habitants, au milieu du chemin, au coin d’un massif de bois, à la portée d’une source, et suivant le plus souvent la pente du grand ruisseau dont nous avons parlé, ruisseau sur lequel des ponts ou des planches étaient jetés devant chaque maison.

Mais, pour le moment, la chose la plus remarquable de ce joli petit village était un homme qui, en aval du ruisseau, planté au milieu du chemin comme s’il eût reçu quelque consigne d’une puissance supérieure, passait son temps, tantôt à convoiter des yeux la grand-route, tantôt à explorer du regard un charmant cheval gris à longs crins qui, attaché au contrevent d’une chaumière, ébranlait les ais de coups de tête, en exprimant une impatience, que semblait devoir faire excuse la selle qu’il portait sur le dos, laquelle annonçait qu’il attendait son maître.

De temps en temps l’étranger, fatigué, comme nous l’avons dit, d’explorer inutilement la route, s’approchait du cheval et l’examinait en connaisseur, se hasardant à passer une main exercée sur sa croupe charnue, ou à pincer du bout des doigts ses jambes grêles. Puis, lorsqu’il avait évité le coup de pied qu’à chaque tentative de ce genre détachait l’animal impatient, il revenait à son observatoire et interrogeait la route toujours déserte.

Enfin, ne voyant rien venir, il finit par heurter au contrevent.

– Holà! quelqu’un! s’écria-t-il.

– Qui frappe? demanda une voix d’homme.

Et le contrevent s’ouvrit.

– Monsieur, dit l’étranger, si votre cheval est à vendre, l’acheteur est tout trouvé.

– Vous voyez bien qu’il n’a pas de bouchon de paille à la queue, dit, en refermant le contrevent qu’il avait ouvert, une manière de paysan.

Cette réponse ne parut point satisfaire l’étranger, car il heurta une seconde fois.

C’était un homme d’une quarantaine d’années, grand et robuste, au teint rouge, à la barbe bleue, à la main noueuse sous une large manchette de dentelles. Il portait un chapeau galonné posé de travers, à la mode des officiers de province qui veulent effaroucher les Parisiens.

Il frappa une troisième fois. Puis, s’impatientant:

– Savez-vous que vous n’êtes point poli, mon cher, dit-il, et que, si vous n’ouvrez pas votre volet, je vais l’enfoncer tout à l’heure!

Le volet se rouvrit à cette menace, et le même visage reparut.

– Mais quand on vous dit que le cheval n’est point à vendre, répondit pour la seconde fois le paysan. Que diable! cela doit vous suffire!

– Et moi, quand je vous dis que j’ai besoin d’un coureur.

– Si vous avez besoin d’un coureur, allez en prendre un à la poste. Il y en a là soixante qui sortent des écuries de Sa Majesté, et vous aurez de quoi choisir. Mais laissez son cheval à la personne qui n’en a qu’un.

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