Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Balsamo la regardait avec une attention qu’il n’avait sans doute pas voulu lui accorder au souper.

– Étrange ressemblance! murmura-t-il.

En ce moment la lumière de la mansarde s’éteignit, quoique celle qui l’habitait ne fût point couchée.

Balsamo demeura appuyé à la muraille.

Le clavecin retentissait toujours.

Le baron parut écouter si aucun autre bruit ne se mêlait à celui de l’instrument… Puis, lorsqu’il se fut bien assuré que l’harmonie veillait seule au milieu du silence général, il rouvrit sa porte, fermée par La Brie, descendit l’escalier avec précaution, et poussa doucement la porte du salon, qui tourna sans bruit sur ses gonds usés.

Andrée n’entendit rien.

Elle promenait ses belles mains, d’un blanc mat, sur l’ivoire jauni de l’instrument; en face d’elle était une glace incrustée dans un parquet sculpté dont la dorure écaillée avait disparu sous une couche de couleur grise.

L’air que jouait la jeune fille était mélancolique. Au reste, c’étaient plutôt de simples accords qu’un air. Elle improvisait sans doute, et repassait sur le clavecin les souvenirs de sa pensée ou les rêves de son imagination. Peut-être son esprit, si attristé par le séjour de Taverney, quittait-il momentanément le château pour aller se perdre dans les immenses et nombreux jardins de l’Annonciade de Nancy, tout peuplés de joyeuses pensionnaires. Quoi qu’il en fût, pour le moment, son regard vague et à demi voilé se perdait dans le sombre miroir place devant elle, et qui reflétait les ténèbres que ne pouvait aller combattre au fond de cette grande pièce la lumière de la seule bougie qui, placée sur le clavecin, éclairait la musicienne.

Parfois elle s’arrêtait tout à coup. C’est qu’alors elle se rappelait l’étrange vision de la soirée et les impressions inconnues qui en avaient été la suite. Or, avant que sa pensée eût rien précisé à cet égard, le cœur avait déjà battu, et le frisson avait parcouru ses membres. Elle tressaillait comme si, tout isolée qu’elle était alors, le contact d’un être animé fût venu l’effleurer et la troubler en l’effleurant.

Tout à coup, comme elle cherchait à se rendre compte de ces impressions bizarres, elle les éprouva de nouveau. Toute sa personne frissonna comme secouée d’une commotion électrique. Ses regards prirent de la netteté, sa pensée se solidifia pour ainsi dire, et elle aperçut comme un mouvement dans la glace.

C’était la porte du salon qui s’ouvrait sans bruit.

Derrière cette porte apparut une ombre.

Andrée frémit, ses doigts s’égarèrent sur les touches.

Rien n’était plus naturel cependant que cette apparition.

Cette ombre, qu’il était impossible de reconnaître, encore plongée dans les ténèbres qu’elle était, ne pouvait-elle être celle de M. de Taverney ou celle de Nicole? La Brie, avant de se coucher, n’avait-il pas à rôder par les appartements et à entrer au salon pour quelque besogne? La chose lui arrivait fréquemment, et, dans ces sortes de tournées, le discret et fidèle serviteur ne faisait jamais de bruit.

Mais la jeune fille voyait avec les yeux de l’âme que ce n’était ni l’une ni l’autre de ces trois personnes.

L’ombre s’approcha d’un pas muet, se faisant de plus en plus distincte au milieu des ténèbres. Lorsque l’apparition fut entrée dans le cercle qu’embrassait la lumière, Andrée reconnut l’étranger, si effrayant, avec son visage pâle et sa redingote de velours noir.

Il avait, sans doute pour quelque mystérieux motif, quitté l’habit de soie qu’il portait.

Elle voulut se retourner, crier.

Mais Balsamo étendit ses bras en avant, et elle ne bougea plus.

Elle fit un effort.

– Monsieur, dit-elle, monsieur!… au nom du ciel, que voulez-vous?

Balsamo sourit, la glace répéta cette expression de sa physionomie, et Andrée l’absorba avidement.

Mais il ne répondit pas.

Andrée tenta encore une fois de se lever, mais elle ne put y parvenir: une force invincible, un engourdissement qui n’était point sans charme la clouèrent sur son fauteuil, tandis que son regard restait rivé sur le miroir magique.

Cette sensation nouvelle l’épouvanta, car elle se sentait entièrement à la discrétion de cet homme, et cet homme était un inconnu.

Elle fit pour appeler au secours un effort surhumain: sa bouche s’ouvrit, mais Balsamo étendit ses deux mains au-dessus de la tête de la jeune fille, et aucun son ne sortit de sa bouche.

Andrée resta muette; sa poitrine s’emplit d’une sorte de chaleur stupéfiante qui monta lentement jusqu’à son cerveau, se déroulant comme une vapeur aux tourbillons envahissants.

La jeune fille n’avait plus ni force ni volonté; elle laissa retomber sa tête sur son épaule.

En ce moment, il sembla à Balsamo entendre un léger bruit du côté de la fenêtre: il se retourna vivement et crut voir extérieurement s’éloigner de la vitre le visage d’un homme.

Il fronça le sourcil; et, chose étrange, la même impression sembla se refléter sur le visage de la jeune fille.

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