Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

Mais les voyageurs n’avaient évité un danger que pour tomber dans un autre. Le nuage électrique qui planait sur la vallée avait des ailes et se précipitait aussi rapide que les chevaux. De temps en temps le voyageur levait la tête; c’était surtout lorsqu’un éclair déchirait la nuée, et à la lueur de cet éclair, on pouvait distinguer sur son visage un sentiment d’inquiétude qu’il ne cherchait pas à dissimuler; car personne, excepté Dieu, n’était là pour le surprendre. Tout à coup, au moment où la voiture atteignait le bas de la pente, et continuait, emportée par son élan, de rouler sur un terrain égal, le brusque déplacement de l’air combina les deux électricités, la nuée se déchira avec un fracas terrible pour laisser passer ensemble éclair et tonnerre. Un feu, violet d’abord, puis verdâtre, puis blanc, enveloppa les chevaux; ceux de derrière se cabrèrent en battant l’air chargé de soufre; ceux de devant s’abattirent comme si la terre eût manqué sous leurs pieds; mais presque aussitôt celui que montait le postillon se releva, et, sentant ses traits brisés par la secousse, il emporta son maître, qui disparut dans les ténèbres, tandis que la voiture, après avoir roulé dix pas encore, s’arrêtait en heurtant le cadavre du cheval foudroyé.

Tout cet épisode avait été accompagné de cris déchirants poussés par la femme de la voiture.

Il y eut un moment de confusion singulière pendant laquelle aucun ne sut s’il était mort ou vivant. Le voyageur lui-même se tâta pour constater son identité.

Il était sain et sauf, mais sa femme était évanouie.

Quoique le voyageur se doutât de ce qui venait d’arriver, car le silence le plus profond avait succédé tout à coup aux cris qui s’échappaient du cabriolet, ce ne fut point à la femme éplorée qu’il porta ses premiers soins.

À peine eut-il touché le sol, au contraire, qu’il courut à l’arrière-train de la voiture.

C’est là que le beau cheval arabe dont nous avons parlé se tenait épouvanté, raidi, hérissé, dressant chacun de ses crins, comme s’il eût été vivant, et secouant la porte, à la poignée de laquelle il était attaché, en tendant violemment sa longe. Enfin, l’œil fixe, la bouche écumante, le fier animal, après d’inutiles efforts pour briser ses liens, était resté fasciné par l’horreur de la tempête, et lorsque son maître, tout en le sifflant selon son habitude, lui passa pour le caresser sa main sur la croupe, il fit un bond et poussa un hennissement comme s’il ne l’avait pas reconnu.

– Allons, encore ce cheval endiablé, murmura une voix cassée dans l’intérieur de la voiture; maudit soit l’animal qui ébranle mon mur!

Puis cette voix, doublant de volume, cria en arabe avec l’accent de l’impatience et de la menace:

– Nhe goullac hogoud shaked, haffrit! [1]

– Ne vous fâchez point contre Djérid, maître, dit le voyageur en détachant le cheval, qu’il alla attacher à la roue de derrière de la voiture; il a eu peur, voilà tout, et, en vérité, on aurait peur à moins.

Et, en disant ces mots, le voyageur ouvrit la portière, abaissa le marchepied et entra dans la voiture dont il referma la porte derrière lui.

<p id="_Toc103004285">Chapitre II Althotas</p>

Le voyageur se trouva alors en face d’un vieillard aux yeux gris, au nez crochu, aux mains tremblantes mais actives, qui, enseveli dans un grand fauteuil, compulsait de la main droite un gros manuscrit de parchemin, intitulé la Chivre del Gabinetto, et tenait de la main gauche une écumoire d’argent.

Cette attitude, cette occupation, ce visage aux rides immobiles, et dont les yeux et la bouche seuls semblaient vivre, ce tout, enfin, qui paraîtra sans doute étrange au lecteur, était certainement bien familier à l’étranger, car il ne jeta pas même un regard autour de lui, quoique l’ameublement de cette partie du coche en valût bien la peine.

Trois murailles, – le vieillard, on se le rappelle, nommait ainsi les parois de la voiture, – trois murailles, chargées de casiers qui eux-mêmes étaient pleins de livres, enfermaient le fauteuil, siège ordinaire et sans rival de ce personnage bizarre, en faveur duquel on avait ménagé, au-dessus des livres, des tablettes où l’on pouvait placer bon nombre de fioles, de bocaux et de boîtes enchâssées dans des étuis de bois, comme on fait de la vaisselle et des verreries dans un navire; à chacun de ces casiers ou de ces étuis, le vieillard, qui paraissait avoir l’habitude de se servir tout seul, pouvait atteindre en roulant son fauteuil, que arrivé à destination, il haussait ou abaissait à l’aide d’un cric attaché aux flancs du siège, et qu’il faisait jouer lui-même.

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