Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– Quand elle arrivera, sire, j’aurai l’honneur de faire prévenir Votre Majesté, dit la comtesse en froissant le billet dans le fond de la poche de son peignoir.

– Vous m’abandonnez donc, comtesse? dit le roi avec un soupir mélancolique.

– Sire, c’est aujourd’hui dimanche; les signatures, les signatures!…

Et elle vint tendre au roi ses joues fraîches, sur chacune desquelles il appliqua un gros baiser, après quoi elle sortit de l’appartement.

– Au diable les signatures, dit le roi, et ceux qui viennent les chercher! Qui donc a inventé les ministres, les portefeuilles et le papier tellière?

Le roi avait à peine achevé cette malédiction que le ministre et le portefeuille entraient par la porte opposée à celle qui avait donné sortie à la comtesse.

Le roi poussa un second soupir, plus mélancolique encore que le premier.

– Ah! vous voilà, Sartine, dit-il; comme vous êtes exact!

La chose était dite avec un tel accent, qu’il était impossible de savoir si c’était un éloge ou un reproche.

M. de Sartine ouvrit le portefeuille et s’apprêta à en tirer le travail.

On entendit alors crier les roues d’une voiture sur le sable de l’avenue.

– Attendez, Sartine, dit le roi.

Et il courut à la croisée.

– Quoi! dit-il, c’est la comtesse qui sort?

– Elle-même, sire, dit le ministre.

– Mais elle n’attend donc pas madame la comtesse de Béarn?

– Sire, je suis tenté de croire qu’elle s’est lassée de l’attendre et qu’elle va la chercher.

– Cependant, puisque la dame devait venir ce matin…

– Sire, je suis à peu près certain qu’elle ne viendra pas.

– Comment! vous savez cela, Sartine?

– Sire, il faut bien que je sache un peu tout, afin que Votre Majesté soit contente de moi.

– Qu’est-il donc arrivé? Dites-moi cela, Sartine.

– À la vieille comtesse, sire?

– Oui.

– Ce qui arrive en toutes choses, sire: des difficultés.

– Mais enfin viendra-t-elle, cette comtesse de Béarn?

– Hum! hum! sire, c’était plus sûr hier au soir que ce matin.

– Pauvre comtesse! dit le roi, ne pouvant s’empêcher de laisser briller dans ses yeux un rayon de joie.

– Ah! sire, la quadruple alliance et le pacte de famille étaient bien peu de chose auprès de l’affaire de la présentation.

– Pauvre comtesse! répéta le roi en secouant la tête, elle n’arrivera jamais à ses fins.

– Je le crains, sire, à moins que Votre Majesté ne se fâche.

– Elle croyait être si sûre de son fait!

– Ce qu’il y a de pis pour elle, dit M. de Sartine, c’est que si elle n’est pas présentée avant l’arrivée de madame la dauphine, il est probable qu’elle ne le sera jamais.

– Plus que probable, Sartine, vous avez raison. On la dit fort sévère, fort dévote, fort prude, ma bru. Pauvre comtesse!

– Certainement, reprit M. de Sartine, ce sera un chagrin très grand pour madame du Barry de n’être point présentée, mais aussi cela épargnera bien des soucis à Votre Majesté.

– Vous croyez, Sartine?

– Mais sans doute; il y aura de moins les envieux, les médisants, les chansonniers, les flatteurs, les gazettes. Si madame du Barry était présentée sire, cela nous coûterait cent mille francs de police extraordinaire.

– En vérité! Pauvre comtesse! Elle le désire cependant bien!

– Alors, que Votre Majesté ordonne, et les désirs de la comtesse s’accompliront.

– Que dites-vous là, Sartine? s’écria le roi. En bonne foi, est-ce que je puis me mêler de tout cela? est-ce que je puis signer l’ordre d’être gracieux envers madame du Barry? est-ce vous, Sartine vous, un homme d’esprit, qui me conseilleriez de faire un coup d’État pour satisfaire le caprice de la comtesse?

– Oh! non pas, sire. Je me contenterai de dire comme Votre Majesté: «Pauvre comtesse!»

– D’ailleurs, dit le roi, sa position n’est pas si désespérée. Vous voyez tout de la couleur de votre habit, vous, Sartine. Qui nous dit que madame de Béarn ne se ravisera point? Qui nous assure que madame la dauphine arrivera si tôt? Nous avons quatre jours encore avant qu’elle touche Compiègne; en quatre jours on fait bien des choses. Voyons travaillerons nous ce matin, Sartine?

– Oh! Votre Majesté, trois signatures seulement.

Et le lieutenant de police tira un premier papier du portefeuille.

– Oh! oh! fit le roi, une lettre de cachet?

– Oui, sire.

– Et contre qui?

– Votre Majesté peut voir.

– Contre le sieur Rousseau. Qu’est-ce que ce Rousseau-là, Sartine, et qu’a t-il fait?

– Dame! le Contrat social, sire.

– Ah! ah! c’est contre Jean-Jacques? Vous voulez donc l’embastiller?

– Sire, il fait scandale.

– Que diable voulez-vous qu’il fasse?

– D’ailleurs, je ne propose pas de l’embastiller.

– À quoi bon la lettre, alors?

– Sire, pour avoir l’arme toute prête.

– Ce n’est pas que j’y tienne, au moins, à tous vos philosophes! dit le roi.

– Et Votre Majesté a bien raison de n’y pas tenir, fit Sartine.

– Mais on crierait, voyez-vous; d’ailleurs, je croyais qu’on avait autorisé sa présence à Paris.

– Toléré, sire, mais à la condition qu’il ne se montrerait pas.

– Et il se montre?

– Il ne fait que cela.

– Dans son costume arménien?

– Oh! non, sire; nous lui avons fait signifier de le quitter.

– Et il a obéi?

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"При самом близоруком прочтении "Аламута", - пишет переводчик Майкл Биггинс в своем послесловии к этому изданию, - могут укрепиться некоторые стереотипные представления о Ближнем Востоке как об исключительном доме фанатиков и беспрекословных фундаменталистов... Но внимательные читатели должны уходить от "Аламута" совсем с другим ощущением".   Публикуя эту книгу, мы стремимся разрушить ненавистные стереотипы, а не укрепить их. Что мы отмечаем в "Аламуте", так это то, как автор показывает, что любой идеологией может манипулировать харизматичный лидер и превращать индивидуальные убеждения в фанатизм. Аламут можно рассматривать как аргумент против систем верований, которые лишают человека способности действовать и мыслить нравственно. Основные выводы из истории Хасана ибн Саббаха заключаются не в том, что ислам или религия по своей сути предрасполагают к терроризму, а в том, что любая идеология, будь то религиозная, националистическая или иная, может быть использована в драматических и опасных целях. Действительно, "Аламут" был написан в ответ на европейский политический климат 1938 года, когда на континенте набирали силу тоталитарные силы.   Мы надеемся, что мысли, убеждения и мотивы этих персонажей не воспринимаются как представление ислама или как доказательство того, что ислам потворствует насилию или террористам-самоубийцам. Доктрины, представленные в этой книге, включая высший девиз исмаилитов "Ничто не истинно, все дозволено", не соответствуют убеждениям большинства мусульман на протяжении веков, а скорее относительно небольшой секты.   Именно в таком духе мы предлагаем вам наше издание этой книги. Мы надеемся, что вы прочтете и оцените ее по достоинству.    

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