Читаем JOSEPH BALSAMO Mémoires d’un médecin Tome I полностью

– C’est-à-dire qu’il a reçu un coup d’épée dans l’avant-bras. Je venais parler de cet événement à Votre Majesté.

– Oui, je comprends, vous préveniez le bruit.

– J’allais au-devant des commentaires, sire.

– Vous connaissez donc cette affaire, monsieur? demanda le roi d’un air significatif.

– Parfaitement.

– Ah! fit le roi, c’est ce que l’on m’a déjà dit en bon lieu.

M. de Choiseul resta impassible.

Le dauphin continuait de visser son écrou de cuivre; mais, la tête baissée, il écoutait, ne perdant pas un mot de la conversation.

– Maintenant je vais vous dire comment la chose s’est passée, dit le roi.

– Votre Majesté se croit-elle bien renseignée? demanda M. de Choiseul.

– Oh! quant à cela…

– Nous écoutons, sire.

– Nous écoutons? répéta le roi.

– Sans doute, monseigneur le dauphin et moi.

– Monseigneur le dauphin? répéta le roi, dont les yeux allèrent de Choiseul respectueux à Louis Auguste attentif; et qu’a de commun M. le dauphin avec cette échauffourée?

– Elle touche monseigneur, continua M. de Choiseul avec un salut à l’adresse du jeune prince, en ce que madame la dauphine est en cause.

– Madame la dauphine en cause? s’écria le roi frissonnant.

– Sans doute; ignoriez-vous cela, sire? En ce cas, Votre Majesté était mal renseignée.

– Madame la dauphine et Jean du Barry, dit le roi, cela va être curieux. Allons, allons, expliquez-vous, monsieur de Choiseul, et surtout ne me cachez rien, fût-ce la dauphine qui ait donné le coup d’épée à du Barry.

– Sire, ce n’est point madame la dauphine, fit Choiseul toujours calme, mais c’est un de ses officiers d’escorte.

– Ah! fit le roi redevenu sérieux, un officier que vous connaissez, n’est-ce pas, monsieur de Choiseul?

– Non, sire, mais un officier que Votre Majesté doit connaître, si Votre Majesté se souvient de tous ses bons serviteurs; un officier dont le nom, dans la personne de son père, a retenti à Philippsburg, à Fontenoy, à Mahon, un Taverney-Maison-Rouge.

Le dauphin sembla respirer ce nom avec l’air de la salle pour le mieux conserver dans sa mémoire.

– Un Maison-Rouge? dit Louis XV. Mais certainement que je connais cela. Et pourquoi s’est-il battu contre Jean que j’aime? Parce que je l’aime, peut-être… Des jalousies absurdes, des commencements de mécontentement, des séditions partielles!

– Sire, Votre Majesté daignera-t-elle écouter? dit M. de Choiseul.

Louis XV comprit qu’il n’avait plus d’autre moyen de se tirer d’affaire que de s’emporter.

– Je vous dis, monsieur, que je vois là un germe de conspiration contre ma tranquillité, une persécution organisée contre ma famille.

– Ah! sire, dit M. Choiseul, est-ce en défendant madame la dauphine, bru de Votre Majesté, qu’un brave jeune homme mérite ce reproche?

Le dauphin se redressa et croisa les bras.

– Moi, dit-il, j’avoue que je suis reconnaissant à ce jeune homme d’avoir exposé sa vie pour une princesse qui dans quinze jours sera ma femme.

– Exposé sa vie, exposé sa vie! balbutia le roi, à quel propos? Faut-il encore le savoir, à quel propos.

– À propos, reprit M. de Choiseul, de ce que M. le vicomte Jean du Barry, qui voyageait fort vite, a imaginé de prendre les chevaux de madame la dauphine au relais qu’elle allait atteindre, et cela pour aller sans doute plus vite encore.

Le roi se mordit les lèvres et changea de couleur; il entrevoyait comme un fantôme menaçant l’analogie qui l’inquiétait naguère.

– Il n’est pas possible; je sais l’affaire: vous êtes mal renseigné, duc, murmura Louis XV pour gagner du temps.

– Non, sire, je ne suis pas mal renseigné, et ce que j’ai l’honneur de dire à Votre Majesté est la vérité pure. Oui, M. le vicomte Jean du Barry a fait cette insulte à madame la dauphine de prendre pour lui les chevaux destinés à son service, et déjà il les emmenait de force, après avoir maltraité le maître de poste, quand M. le chevalier Philippe de Taverney est arrivé, expédié par Son Altesse royale, et après plusieurs sommations civiles et conciliantes…

– Oh! oh! grommela le roi.

– Et après plusieurs sommations civiles et conciliantes, je le répète, sire…

– Oui, et moi, j’en suis garant, dit le dauphin.

– Vous savez cela aussi, vous? dit le roi saisi d’étonnement.

– Parfaitement, sire.

M. de Choiseul, radieux, s’inclina.

– Son Altesse veut-elle continuer? dit-il. Sa Majesté aura sans doute plus de foi dans la parole de son auguste fils que dans la mienne.

– Oui, sire, continua le dauphin sans manifester cependant pour la chaleur que M. de Choiseul avait mise à défendre l’archiduchesse toute la reconnaissance que le ministre avait le droit d’en attendre; oui, sire, je savais cela, et j’étais venu pour instruire Votre Majesté que non seulement M. du Barry a insulté madame la dauphine en gênant son service, mais encore en s’opposant violemment à un officier de mon régiment qui faisait son devoir en le reprenant de ce manque de convenance.

Le roi secoua la tête.

– Il faut savoir, il faut savoir, dit-il.

– Je sais, sire, ajouta doucement le dauphin, et pour moi il n’y a plus aucun doute: M. du Barry a mis l’épée à la main.

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