– Oh, nom d’une gargouille, dit Lee Jordan en se plaquant une main contre la bouche. C’est moi qui ai mis les Niffleurs. Fred et George m’en avaient laissé deux. Je les ai fait léviter par la fenêtre.
– De toute façon, elle l’aurait renvoyé, assura Dean. Il était trop proche de Dumbledore.
– C’est vrai, approuva Harry qui s’enfonça dans un fauteuil à côté d’Hermione.
– J’espère que le professeur McGonagall ne va pas trop mal, dit Lavande, les larmes aux yeux.
– Ils l’ont ramenée au château, on a vu ça par la fenêtre du dortoir, raconta Colin Crivey. Elle n’avait pas l’air en bon état.
– Madame Pomfresh arrivera sûrement à la remettre sur pied, assura Alicia Spinnet. Elle réussit toujours à guérir tout le monde.
Il était près de quatre heures du matin lorsque la salle commune se vida enfin. Harry se sentait parfaitement éveillé. L’image de Hagrid s’enfuyant dans la nuit le hantait. Il éprouvait à l’égard d’Ombrage une telle fureur qu’il ne pouvait imaginer de châtiment assez féroce contre elle, bien que la suggestion de Ron de la livrer à une bande de Scroutts à pétard affamés ne lui parût pas sans mérites. Il finit par s’endormir en envisageant les plus atroces vengeances et se leva trois heures plus tard, avec l’impression de ne pas s’être reposé du tout.
Leur dernier examen, histoire de la magie, n’avait lieu que l’après-midi. Harry se serait volontiers recouché après avoir pris son petit déjeuner mais il avait prévu de passer la matinée à des révisions de dernière minute. Il alla donc s’installer près d’une fenêtre de la salle commune et, la tête dans les mains, essaya de toutes ses forces de ne pas somnoler en lisant quelques notes extraites de la pile de parchemins d’au moins un mètre de hauteur qu’Hermione lui avait prêtée.
Les cinquième année entrèrent dans la Grande Salle à deux heures de l’après-midi et s’installèrent à leurs tables sur lesquelles les questionnaires d’examen étaient retournés pour qu’on ne puisse pas voir les sujets. Harry se sentait épuisé. Il avait envie d’en finir au plus vite pour pouvoir dormir. Le lendemain, Ron et lui iraient faire un tour sur le terrain de Quidditch – Harry volerait un peu sur le balai de Ron – et savoureraient enfin la liberté de ne plus avoir à réviser quoi que ce soit.
– Retournez vos questionnaires, dit le professeur Marchebank au bout de la salle en faisant pivoter le sablier géant. Vous pouvez commencer.
Harry regarda fixement la première question. Il lui fallut quelques secondes pour se rendre compte qu’il n’en avait pas compris un mot. Une guêpe qui bourdonnait contre l’une des hautes fenêtres l’empêchait de se concentrer. Enfin, lentement et avec bien des détours, il commença à écrire une réponse.
Il avait beaucoup de mal à se rappeler les noms et confondait sans cesse les dates. Il décida de sauter la quatrième question (« À votre avis, la législation sur les baguettes magiques a-t-elle favorisé les émeutes de gobelins au XVIIIe siècle ou, au contraire, a-t-elle permis de mieux les contrôler ? ») en se disant qu’il y reviendrait peut-être à la fin, s’il avait le temps. Il essaya de répondre à la cinquième question (« Comment le Code du secret fut-il violé en 1749 et quelles mesures furent prises pour éviter que cette situation ne se reproduise ? »), mais eut l’impression persistante d’avoir omis plusieurs points importants. Il lui semblait vaguement que les vampires avaient eu un rôle à jouer dans l’histoire à un certain moment.
Il chercha une question à laquelle il était sûr de pouvoir répondre et tomba sur la numéro dix : « Décrivez les circonstances qui ont mené à la fondation de la Confédération internationale des sorciers et expliquez pourquoi les sorciers du Liechtenstein refusèrent d’y adhérer. »
« Ça, je le sais », songea Harry, bien que son cerveau lui parût ramolli et cotonneux. Il revoyait dans sa tête un titre écrit par Hermione : « La fondation de la Confédération internationale des sorciers… » Il avait lu ces notes le matin même.
Il commença à écrire en jetant de temps en temps un regard à l’énorme sablier posé sur le bureau, à côté du professeur Marchebank. Il était assis juste derrière Parvati Patil dont les longs cheveux bruns tombaient plus bas que le dossier de sa chaise. Une ou deux fois, il se surprit à contempler les minuscules éclats d’or qui brillaient dans sa chevelure lorsqu’elle remuait légèrement la tête et dut secouer un peu la sienne pour s’éclaircir les idées.
« … Le premier Manitou suprême de la Confédération internationale des sorciers fut Pierre Bonaccord mais la communauté des mages du Liechtenstein contesta sa nomination en raison… »